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Assurances : les femmes victimes de l'égalité !
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Femmes au volant

Le mot "égalité" est sur toutes les bouches, mais à quel prix ? Une décision européenne vient d'augmenter le coût des assurances pour les femmes. Une mesure pas si anodine que cela...

Les Trois Mousquetaires

Les Trois Mousquetaires

Comme les Trois Mousquetaires, ils sont quatre... Jeunes actifs: Pol Datausse, Ronan Datausse, Bertrand Mathieu et Vincent Mathieu. Il se mettent à nu dans un ouvrage commun où ils dissèquent leur pays: La France ?! Regards croisés de quatre jeunes sur leur pays.

 

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Les femmes peuvent remercier Bruxelles. À partir de fin 2012, elles vont payer 25% plus cher leur assurance auto en moyenne. Jusqu’à + 45% pour les femmes âgées de 17 à 29 ans d’après les analystes de l'agence Fitch.

La responsabilité en revient à une décision de la Cour européenne de Justice (CEJ), qui avait été saisie par l’association belge Test-Achats. Elle considère en effet dans son arrêt du 1er mars que « la prise en compte du sexe de l'assuré en tant que facteur de risques dans les contrats d'assurance constitue une discrimination ». A première vue, cette décision pourrait sembler logique. Mais à première vue seulement. Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, a ainsi pu affirmer que "c'est un grand jour pour l'égalité des genres dans l'Union européenne". Un avis idéologique, qui n’est partagé par aucun spécialiste. Au contraire.

Une décision qui n’a pas de sens

Cette décision remet en cause les fondements de l’assurance. Le cœur du métier de l'assurance repose en effet sur la segmentation et la mutualisation : déterminer des catégories homogènes d'assurés pour leur obtenir les meilleurs prix et les meilleures garanties. C’est ce que font tous les assureurs, à l’image de Groupama, MACIF, Axa ou Generali. Le calcul actuariel du tarif des primes d’assurance automobile se base ainsi sur des dizaines de critères (sexe, mais aussi âge, localisation, historique de sinistres, type de véhicule, etc.) permettant de segmenter le risque pour pouvoir ensuite le tarifer et le mutualiser. L’utilisation de ces paramètres étant encadrée par la loi. En ce qui concerne la voiture, c'est le nombre d'accidents plus fréquents statistiquement chez les hommes qui justifie les différences de tarifs chez les assureurs, avec une prime, une fois le permis obtenu, plus cher de 50 à 100% chez les hommes pour leur premier contrat.

Les femmes ont moins d’accidents de la route que les hommes, c’est un fait. Aujourd’hui, un jeune « mâle » comme nous a une probabilité plus importante d’avoir un accident dans l’année qui vient qu’une femme ayant le même profil. C’est une constatation, vérifiée sur le terrain tous les ans. Pas une idéologie. Cela ne veut bien-sûr pas dire que nous aurons nous-même personnellement un accident, mais en moyenne ces chiffrent se révèlent être justes. « Les femmes ont environ trois fois moins de risques d'être tuées et deux fois moins d'être blessées dans un accident de la route que les hommes », confirme ainsi le site du gouvernement sur la sécurité routière.

Cette décision de la CEJ pourrait d’ailleurs avoir comme impact une déresponsabilisation des comportements à risque, en incitant moins qu'auparavant les jeunes hommes à la prudence. La fédération française des sociétés d’assurance a averti que "cela va induire une moindre connaissance du risque et donc un travail plus difficile en matière de prévention".

La théorie du genre en question

Comment en est-on arrivé là ? Il serait facile de critiquer les technocrates de Bruxelles ou une CEJ ayant cherché à se donner bonne conscience dans un domaine dont elle ne comprend pas les aspects techniques. Nous ne tirerons pas ici sur l’ambulance.

En réalité, nous ne faisons pas face uniquement à de l’incompétence. Cette volonté de ne pas distinguer les sexes est un relent d’une idéologie obscurantiste : la théorie du genre, ou théorie du gender. Cette idéologie d’origine anglo-saxonne, qui a maintenant ses adeptes en France, considère le genre (ou le sexe) comme un construit et non comme un fait naturel : il n’y aurait aucune différence naturelle entre l’homme et la femme, la différence sexuelle ne résultant que de constructions culturelles de pouvoir.

Un prosélytisme actif cherche à imposer cette vision, de façon ouverte ou insidieuse selon les cas, dans de nombreux secteurs de la société, dont l’éducation, les médias et la politique. Et maintenant dans le secteur économique via les assurances, au mépris des faits.

A plus long terme, un risque d’atteinte aux libertés individuelles

Cette affaire révèle les dangers pour les libertés individuelles de la théorie du gender. En confondant équité et égalitarisme, en niant l’altérité sexuelle, en niant la complémentarité anthropologique homme-femme, en voulant faire de tous des citoyens radicalement « égaux », ils jouent aux apprentis sorciers avec des effets qui pourraient se révéler catastrophiques pour les générations à venir. Si nous n’y prenons pas garde, ce n’est là qu’un des signaux avant-coureurs de la déferlante idéologique obscurantiste qui risque de s’attaquer à l’ensemble des fondements de la société.

Revenons en effet au secteur de l’assurance. Sur sa lancée, le législateur souhaite maintenant s’attaquer aux autres paramètres « discriminants » dans l’élaboration d’un tarif d’assurance (âge, etc). Les assureurs n’auront alors plus d’autre choix que d’adapter leurs primes, non plus en fonction de critères comme le sexe ou l’âge, mais en fonction du profil et du mode de vie de chaque assuré, au moyen de questionnaires encore plus détaillés, ou d’analyse en temps réel du comportement au volant des assurés. C’est notamment le concept - déjà testé en Europe sur la base du volontariat - du « pay as you drive », une puce transmettant à l’assureur les données sur la conduite de l’automobiliste nécessaires à la définition d’un tarif personnalisé (localisation, distance, horaire, etc).

L’assureur ne raisonnera alors plus au niveau du groupe, forcément défini par des critères discriminants (pour distinguer qui appartient et qui n’appartient pas à un groupe), mais au niveau de l’individu.

En poussant ce raisonnement à l’extrême, le moindre comportement au volant d’une voiture sera systématiquement disséqué, analysé, pour identifier les risques pris par chaque personne de façon isolée. Et la loi s’appliquant à tous les secteurs de l’assurance (auto, mais aussi santé, retraite, etc) on ne s’arrêtera pas au comportement au volant, mais on en arrivera à la surveillance de tous les comportements pouvant impacter la santé ou l’espérance de vie à la retraite. Bref, la transparence absolue sur la vie privée, sur la vie intime. Un véritable cauchemar !

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