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L’emploi jetable : finissons-en !
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Précarité de l'emploi

Alors que les chiffres rendus public le 24 mars par la Direction des études et des statistiques (Darès) montrent une légère baisse de la proportion de salariés à temps partiel, 16,1 %, un an plus tôt contre 15,7 % au dernier trimestre 2010, Gilles Lecointre s'indigne contre cette situation et propose de mettre en place une "sociale-économie".

Gilles Lecointre

Gilles Lecointre

Statisticien-économiste de formation, Gilles Lecointre est  chargé de cours à l'ESSEC et chercheur au CNRS. préférant l’action à la recherche pure, il se dirige vers le secteur privé afin d'y exercer des fonctions marketing et commerciales.

Son dernier ouvrage, Pour en finir avec l'emploi jetable, vient de paraître.

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Le principe de réalité envahit notre société : on ne peut  plus agir ou même penser, sans se référer à ce concept contestable de l’intérêt immédiat. C’est particulièrement vrai en économie. Incapables de prévoir l’avenir, on affirme qu’on ne peut aller contre les lois « complexes » du marché. Lois aux limites pourtant avérées aujourd’hui. Il est donc temps de reposer le problème. L’économie est-elle une fin ou un moyen ? Doit-on y consacrer toutes nos forces? Existe-t-il un monde possible où on choisirait la vie plutôt que la bourse ?

La réponse se trouve dans l’observation du mal actuel de notre société : l’horloge économique a pris le contrôle de l’horloge sociale, le temps de l’avoir et de la compétition domine le temps de l’être et de l’association. Nous sommes dans un monde où produire de l’argent est devenu l’ultime priorité, peu importe les moyens et tant pis s’il n’y a pas d’objectif. Nous sommes devenus les esclaves d’une machine qui nous impose un rythme et un mode de vie où l’instabilité, l’insécurité, la violence, la défiance, la frustration et finalement le repli sur soi s’imposent à nous.

Il faut donc changer. L’activité économique n’a d’ « intérêt » que si on lui donne un sens social et si elle génère un surcroît net de bien être collectif. Le rôle de l’économie est de définir et mettre en œuvre les moyens optimums, rien de plus.

Socialement bénéfique

Tel serait le principe d’une « sociale-économie » responsable. Quelques contre exemples récents peuvent illustrer cette pratique. Le bouclier fiscal ? Un coût  financier sans rapport avec le bénéfice collectif. La TVA réduite pour les restaurateurs ? Une demande sociale catégorielle, sans transfert économique pour les consommateurs. Les 35 heures ? Une idée généreuse ne répondant à aucune demande sociale préalable et qui a déréglé l’organisation des entreprises; résultat : effet social faible (blocage des salaires), impact économique contestable (affaiblissement de la compétitivité), perte de repère par rapport à la valeur travail.

Autre sujet majeur pour lequel il conviendrait d’avoir un regard et une politique différents, l’emploi. Il ne faut rien attendre du Dieu Economie à cet égard : inexorablement il choisira de privilégier le profit et considérera le travail comme une simple variable d’ajustement. C’est donc à la politique qu’il appartient de changer le cours des choses.

Politique d'action

Comment ? Au plan macro-économique, il convient de faire reconnaître l’énergie humaine comme une ressource rare à protéger et une variable stratégique d’investissement à long terme. Les politiques publiques devraient en tenir compte (le Grand Emprunt en est une bonne illustration). Au plan micro-économique, il faut passer d’une pratique de louage de compétences jetables à celle de l’intégration des personnes.

 Deux applications concrètes sont possibles dans l’entreprise : l’instauration d’un nouveau contrat d’emploi à long terme, le CELTE ; l’inscription dans le bilan des sociétés du « capital humain », avec en contrepartie l’actionnariat des employés. De Gaulle verrait ainsi ses idées enfin triompher : la morale sociale rejoindrait l’efficacité économique. Plus une entreprise investirait dans l’ « humain », meilleur serait son bilan financier.

Tout ceci n’est pas une utopie ! En 2010, le puissant syndicat allemand IG METAL a signé avec le groupe SIEMENS un accord visant à interdire tout licenciement jusqu’en 2013 de ses 128.000 salariés ; cet accord est renouvelable par tacite reconduction. DAIMLER et VOLKSWAGEN ont adopté ensuite la même logique de l’emploi « à vie ». Belle exemple de courage, d’intelligence et de… sociale-économie.

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