Nucléaire : l’heure du débat n’est pas venue<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Nucléaire : 
l’heure du débat n’est pas venue
©

Alerte nucléaire

Fukushima. Ce nom, inconnu du plus grand nombre jusqu’au 11 mars 2011, s’apprête-il à rejoindre la cohorte notoire des accidents majeurs du nucléaire civil que sont Three Mile Island et Tchernobyl ?

Anthony Hamelle

Anthony Hamelle

Anthony Hamelle est un communicant curieux.

Chargé de cours au Celsa (Université Paris IV Sorbonne), il s'intéresse aux sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, droit, sciences politiques,... ).

Il est responsable de la communication numérique "Villepin 2012".

Voir la bio »

Il aura suffi de quelques sombres heures pour que cette ville-préfecture de 300.000 habitants sorte de son paisible anonymat pour devenir le centre d’attention d’une grande partie de la planète. Au-delà des ravages qu’ils ont provoqués, le séisme du 11 mars et le tsunami qui l’a accompagné ont gravement endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, mettant à mal l’ensemble des infrastructures et procédures de sécurité de la Tokyo Electric Power Company (TEPC), l’opérateur de la centrale.

Quelques jours après le drame, les employés de TEPC, aidés des autorités japonaises et des experts de l’agence internationale de l’énergie atomique, tentent d’éviter que les cœurs de 3 des 6 réacteurs de la centrale ne fondent et ne détruisent leurs enceintes de confinement, ce qui rapprocherait Fukushima de Tchernobyl quant aux possibles effets d’une telle fuite.

Aux heures où ces lignes sont écrites la situation reste cependant plus proche de Three Misle Island où un cœur de réacteur avait commencé à fondre sans pour autant percer son enceinte de confinement, entraînant ainsi le rejet de faibles quantités de particules radioactives dans l’atmosphère et n’occasionnant que peu de dégâts en-dehors de la centrale.

Vers un débat sur le nucléaire ?

Une fois que l’incendie sera éteint, que tout aura été fait pour confiner les effets d’une réaction nucléaire non maîtrisée ou, dans le pire des cas, de limiter l’ampleur d’une fuite importante de particules radioactives, alors nous pourrons et devrons tirer tous les enseignements de cet épisode – dont il faut admettre qu’il constitue sans doute un scénario extrême soumettant consécutivement une centrale nucléaire à un séisme d’une ampleur rare et à un tsunami venant endommager ses systèmes de refroidissement.

Certains proposeront de moderniser l’ensemble des centrales de deuxième génération pour les mettre au niveau de celles de troisième génération quant aux standards de sureté exigés. D’autres diront qu’il faudra aller encore plus loin pour s’approcher du risque zéro. D’aucuns ne manqueront pas d’appeler à l’abandon du nucléaire au profit d’autres sources d’énergie. Ce débat aura lieu, et cela sera sain. Mais son heure n’est pas venue.

Un appel à la transparence

Imaginez un instant des villages enserrés dans des forêts sans respecter des normes d’espacement avec les arbres alentours. Imaginez toujours que cette forêt s’embrase en raison d’un climat particulièrement sec. Supposez alors que les pompiers sont à pied d’œuvre, aux côtés des habitants, pour combattre les flammes et tenter d’éteindre l’incendie. Que feriez-vous ? Profiteriez-vous de l’instant pour clamer haut et fort que tous les villages de forêt doivent être rasés ? Attendriez-vous que l’incendie soit éteint pour y voir plus clair, mieux comprendre les causes et en tirer tous les enseignements ?

L’opportunisme (et je n’ignore pas le rôle qu’il joue dans l’espace médiatique) conduirait à tirer profit de l’événement pour se faire entendre. La décence et le bon sens imposeraient d’attendre que l’incendie soit éteint, par respect pour les pompiers, pour discerner aussi clairement que possible les causes, responsabilités et solutions. De nombreuses voix, parmi les associations environnementales et les élus écologistes, appellent à une transparence aussi forte que possible de la part de l’exploitant de la centrale et des autorités de sureté nucléaire ; on ne peut qu’y souscrire. Certaines de ces voix n’attendent même pas que l’eau se soit retirée, que tous aient été secourus et que tout ait été entrepris pour contenir les effets de cœurs nucléaires en fusion ; elles naviguent à vue sur des eaux presque indécentes à l’égard des victimes…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !