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Nucléaire : réfléchir avant d'agir
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Editorial

Il faut une possible fuite radioactive pour relancer le débat sur le nucléaire, une éventuelle présence de Marine Le Pen au second tour pour que le parti socialiste s’interroge sur ses primaires, il avait fallu une canicule pour se soucier du problème de la dépendance. Nous voulons penser le monde de demain, et passons notre temps à réagir, instantanément, selon l’actualité d’hier.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Si nous souhaitons de plus en plus anticiper les risques et appliquer le principe de précaution, c’est dans la réaction que nous nous révélons les plus aptes à la prise de décision. Un G20 spécial serait déjà programmé pour un audit du parc nucléaire, la Suisse a déjà décidé de ne plus remplacer ses réacteurs (comme l’Italie avait stoppé son programme après Tchernobyl). C’est sans doute une vertu de l’actualité que de nous obliger à avancer plus rapidement sur certains sujets lorsque justement ceux-ci sont exposés, voire sur-exposés, dans nos journaux télévisés.

Un traitement médiatique sous un angle souvent dramatique et émotionnel, que l’on comprend bien certes, mais certainement peu propice à un débat sain et apaisé sur des enjeux aussi complexes. A une époque où l’on s’interroge, où l’on critique souvent, la capacité des médias à influencer l’opinion, on peut s’interroger sur la pertinence de l’appel au référendum 24h après les premières alertes aux possibles irradiations issues de la centrale de Fukushima. Si la question mérite certainement d’être posée, elle doit surtout l’être de façon reposée.

Tirer des enseignements, oui, mais avec quelles alternatives quand plus de 75% de notre électricité provient du nucléaire (15% au niveau mondial) et lorsque nous tardons à nous lancer franchement dans les énergies renouvelables. Avant de réagir de façon quasi opportuniste sur le sujet du nucléaire, la priorité est aujourd’hui d’abord de venir en aide aux populations qui se retrouvent dans un environnement totalement dévasté.

Situation financière critique

Du point de vue financier là aussi, si les marges de manœuvre sont toujours très limitées, nous trouvons encore des ressources pour nous adapter et tenter d’amortir les aléas. 200%, c’est le taux d’endettement du Japon ramené à son PIB, un record parmi les pays développés, avec un déficit budgétaire public qui s’établissait à hauteur de 9,1% du PIB pour l’année budgétaire 2010.

En janvier dernier, Standard and Poor’s abaissait la note de la dette à long terme du Japon à AA-. Une situation budgétaire qui n’empêche pas le déblocage annoncé de 130 milliards de dollars injectés par la banque du Japon pour faire face au traumatisme du tsunami.

Simultanément aux premières estimations du nombre de victimes frappées par le tsunami, le coût de 170 milliards de dollars est déjà chiffré et les conséquences économiques et financières annoncées : -10,55% à la bourse de Tokyo en clôture le 15 mars au matin, des usines Nissan arrêtées (soit 20% de la production de la marque), et si les secteurs du nucléaire, de la production d’uranium, de l’assurance et du luxe voient leurs cotations en baisse, c’est l’inverse pour le secteur du BTP (le groupe japonais Kajima Corp a progressé de plus de 30% et Obayashi Corp de 15% depuis le séisme) et pour les énergies renouvelables (EDF énergies nouvelles, avec +5%, signait la plus forte progression de la place de Paris hier).

Des évolutions qu’il serait préférable de choisir plutôt que de subir. En matière d’enjeux humanitaires, environnementaux, économiques et politiques, nous pouvons aussi nous inspirer de ce drame japonais pour, comme eux, réagir avec maîtrise et sang froid à une situation dramatique, surtout pour eux.

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