Le vote blanc soulignera-t-il que les "grands" partis ne représentent plus grand monde ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Le vote blanc soulignera-t-il que les "grands" partis ne représentent plus grand monde ?
©

Blanc

Le vote blanc a été reconnu par l'Assemblée nationale ce jeudi. Dorénavant, ces votes seront comptabilisés dans chaque élection mais pas pris en compte dans les suffrages exprimés.

Dominique Chagnollaud

Dominique Chagnollaud

Dominique Chagnollaud est juriste et professeur de Droit constitutionnel à l'Université Paris II Panthéon-Assas.

Il est l'auteur de Droit constitutionnel contemporain : Tome 2, L'héritage constitutionnel et politique de la France (1789-1958) paru en 2007 chez Dalloz.

Voir la bio »

Outre la solution du vote obligatoire pour favoriser la participation électorale, il a été proposé de permettre aux citoyens de "voter blanc" et que ce vote soit comptabilisé comme suffrage exprimé alors qu’il était jusqu'alors comptabilisé avec les votes nuls (bulletins biffés, surchargés, etc.) et considéré comme ne traduisant pas un choix électoral. En France, environ 8 % des électeurs qui devraient être inscrits sur les listes ne le sont pas. Si l’on ajoute à ce chiffre, celui des abstentions et les votes blancs et nuls, près de la moitié des citoyens peuvent lors de certaines consultations ne pas exprimer d’opinion. Pourtant, sauf à croire que l’abstention est un phénomène hexagonal, un seul pays européen reconnaît le vote blanc, la Suède. Ce type de vote n’est pas d’ailleurs très significatif en nombre. En Grèce, le vote blanc est reconnu mais il est ajouté au score du parti vainqueur de l’élection dans le cadre du scrutin majoritaire… Ailleurs, le vote blanc n’est permis qu’au… Pérou : il permet cette fois l’expression d’une contestation du système, particulièrement lors d'élections présidentielles.

La reconnaissance du vote blanc en France supposerait donc que les électeurs disposent dans les bureaux de vote de bulletins blancs mais aussi que ces bulletins soient considérés comme des suffrages exprimés. En admettant   la reconnaissance du vote blanc, on aurait probablement lors des premières consultations électorales, un taux de vote blanc "très significatif". C’est là que commencent les difficultés, assez sérieuses. En admettant en effet un score de 10 % voire moins, lors du second tour de la présidentielle, le président élu de façon serrée, pourrait ne l’être qu’à la majorité relative des suffrages exprimés : le cas se serait produit aux présidentielles de 1995.

Il faut donc en toute logique, si l’on veut reconnaître le vote blanc, commencer par réviser la Constitution en son article 7 ("Le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés"). Aux élections législatives, en cas de duel, un candidat pourrait donc être aussi élu à la majorité relative. Le vote blanc soulignerait donc un peu plus la faiblesse des grands mais sans forcément favoriser les "petits" : il faudrait alors probablement revoir les seuils institués pour les municipales et les régionales mais à la baisse… En effet, aux municipales, les listes qui dépassent le seuil de 5 % ont le droit de fusionner avec celles ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés (celles-ci pouvant se maintenir au second tour).

Qu’arriverait-il aux "petits partis" si le taux de vote blanc était important ? Mécaniquement, ils seraient mis en danger. Le problème serait identique pour les régionales et poserait plus largement celui du remboursement des frais de campagne, compte tenu du seuil de 5 %.

De façon générale, le vote blanc ou nul et l’abstention sont deux phénomènes liés : là où l’abstention est plus faible, le vote blanc et nul est plus important et réciproquement. Reconnaître le vote blanc permettrait donc d’exprimer, grandeur nature, le "rejet du système" de tous les partis, d’autant mieux que le vote serait obligatoire. Problématique.

La solution envisagée serait de comptabiliser le vote blanc, indépendamment des votes "nuls". Seraient donc considérés comme vote blanc, soit les électeurs qui ont mis une enveloppe vide dans l’urne, soit un papier blanc dans l’enveloppe.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !