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Mariage homosexuel, liberté de conscience et hypocrisie : François Hollande, ou l'art de donner raison au dernier interlocuteur reçu
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Va-et-vient

A l’heure en effet où Copé et Fillon se déchirent dans leur bac à sable, le président de la République se livre à l’un de ces exercices consensuels dont il raffole.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Pendant que la farce de l’UMP bat son plein, le pouvoir, en son sommet, peut se livrer à des jeux dont la morale s’esbaudit et dont les contradictions ne gênent pour le moment personne. A l’heure en effet où Copé et Fillon se déchirent dans leur bac à sable, le président de la République que le monde nous envie, se livre à l’un de ces exercices consensuels dont il raffole. Et il a raison de se le permettre : les socialistes tiennent l’Assemblée Nationale, un Sénat légèrement rebelle mais pourtant contrôlable, la majorité quasi-totale des régions, des départements et un bon nombre des grandes villes. Ils peuvent donc pratiquer la politique qu’ils souhaitent. Mais François Hollande aime à en rajouter dans le raffinement. Chacun sait qu’il préfère le consensus à l’affrontement et que la synthèse était son alpha et omega quand il dirigeait le Parti Socialiste. Aujourd’hui, l’opposition étant partie sans laisser d’adresse, il peut se permettre de plaisants va-et-vient entre le souhaitable et le possible, l’idéal et le réel, les promesses et les réalisations, les paroles et les actes, sport où il est passé maître. Ne revenons pas sur la TVA méprisée puis adoptée, le Traité européen contesté puis ratifié, la finance honnie puis acceptée.

Sa dialectique thèse-antithèse-prothèse, ne s’est jamais si magnifiquement illustrée que dans l’exemple tout récent du « mariage pour tous ». La loi n’est pas encore adoptée que les polémiques jaillissent, les manifestations se multiplient, ce qui après tout est la marque bienfaisante d’une démocratie vivace. Devant l’Association des Maires de France, François Hollande proclame que la loi sera appliquée, mais qu’un maire récalcitrant pourrait écouter sa conscience et déléguer  la célébration. Tollé des mouvements gays et lesbiens et de tous les partisans du mariage entre homosexuels sans restriction. Hollande reçoit donc, hier, deux représentants desdites associations et leur affirme qu’il n’est pas question de clause de conscience et que la loi s’appliquera partout et pour tous. Mais alors, de deux choses l’une : ou un maire devra être condamné s’il refuse de marier qui en fait la demande, surtout dans les villages et communes où les adjoints ne sont pas légion, et lesdits adjoints pourraient d’ailleurs refuser en raison justement de leur trouble de conscience, et donc être à leur tour sanctionnés ; ou le droit de refuser est acquis et l’on peut subodorer les incidents, troubles et autres affaires qui ne manqueraient pas de croître et de se multiplier.

Hypocrisie, quand tu nous tiens : de même que les ministres écologistes, s’ils avaient encore une once de fierté et de cohérence, devraient quitter le gouvernement dès lors que la détermination de construire le nouvel aéroport de la région nantaise est actée, de même, il faudrait en finir avec ce faux-culisme considéré comme un des beaux arts par un Hollande bourré de qualités mais qui ne se résigne pas à empoigner le taureau par les cornes, de peur qu’on les lui fasse porter. Les réformes, dès lors qu’elles deviennent lois, s’appliquent, en République, à tous. Il est tout de même navrant de donner, au sommet de l’Etat, l’impression que le dernier interlocuteur reçu est le plus convaincant. A l’heure de la dette abyssale et des communautarismes galopants, il est plus que jamais nécessaire d’afficher une volonté et un chemin, que de perdre son temps dans des allers-retours qui n’augurent rien de  bon quant à l’essentiel.

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