Nous sommes tous des sinistrés japonais <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Nous sommes
tous des sinistrés japonais
©

EDITORIAL

Le drame qui frappe les Japonais, suivi en direct de toute la planète, nous masque la dure réalité du XXIe siècle : L’homme moderne, où qu’il soit, est loin d’être invulnérable, contrairement à ce que l’imaginaire cinématographique et littéraire laisse penser.

« C’est 2012 en direct à la télé ! ». Les héros-qui-ne-meurent-jamais en moins.

Au Japon, troisième puissance économique mondiale – distancée depuis peu par la Chine trente fois plus grande et dix fois plus peuplée- des hommes et des femmes en costume ou en tailleur vendredi matin sont aujourd’hui pieds nus, un jerrycan d’eau à la main, ne possédant plus rien.

Les voici sur un pied d’égalité, pour un temps au moins, avec leurs frères dans l’humanité haïtiens, et pour d’autres raisons en ce moment, libyens, ivoiriens ou... somaliens. Si si, on meurt en ce moment en Somalie, de faim ou sous le feu des armes, mais il n’y a pas de caméras pour témoigner en « direct live », et d’ailleurs il n’y a pas d’images dignes des « breaking news » non plus.


Mais en fait, nous sommes tous des sinistrés japonais-haïtiens-libyens-ivoiriens-somaliens sans le savoir, le tremblement de terre et le tsunami en moins.

D’Attila à Xinthia, les mêmes drames, les mêmes souffrances

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, un genre littéraire et cinématographique s’est développé au détriment de tous les autres : celui des super héros invulnérables.  Genre que l’on retrouve à l’identique dans les jeux vidéos et les bandes dessinées, forme de sous-culture pourtant diablement structurante pour une large partie de la population, à son insu. Tant et si bien que le malheur qui frappe le Japon, un pays dont le confort de vie dans les zones aujourd’hui dévastées était en tout point identique au nôtre, nous paraît étranger. Tout simplement impossible.


Et pourtant, le 28 février 2010, une vaguelette submergeait des pavillons cossus et du même coup les vies bien rangées de milliers de maricharentais, faisant plus d’une cinquantaine de morts. Eux aussi, du jour au lendemain sont passés du soleil à l’ombre, de la joie aux larmes. Beaucoup pleurent encore un père, une mère un enfant ou un ami disparu. Ils sont des millions dans ce cas au Japon, et donc, à Haïti, en Libye, en Côte d’Ivoire, en Somalie…

L’an I de l’Humanité, c’est aujourd’hui

Ne nous leurrons pas. L’Humanité n’en est - du moins je l’espère, si nous ne faisons pas de trop grosses bêtises - qu’à ses balbutiements.  Le mythe de son omniscience ou de son omnipotence, nous aveugle sur notre capacité à affronter les éléments – la Nature – ou les drames dont nous sommes nous mêmes responsables – les guerres et les catastrophes industrielles.

Regarder les images à la télévision en se lamentant ne fait pas avancer les choses.

A défaut de pouvoir venir en aide aux japonais, aux haïtiens,  aux libyens -  je m’interroge : qui pouvons nous aider près de nous à traverser une épreuve ? C’est le principal enseignement du drame japonais. Près de nous, proche de nous, bien des drames silencieux se jouent. Nous feignons trop souvent de les ignorer. Corolaire : Comment pouvons-nous nous préparer à affronter des drames prévisibles – ou non ? L’homo citadinus modernus ne sait plus rien faire de ses dix doigts. Sans assistance extérieure, lui et sa famille sont condamnés en cas de crise majeure. A méditer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !