Non, la Toussaint n’est pas la fête des morts <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Non, la Toussaint n’est pas la fête des morts
©

Toussaint quoi ?

Plus que la fête des morts, la Toussaint est, comme son nom l'indique, la fête des Saints, ces "êtres étranges qui brisent l'ordre habituel du jeu égoïste des passions".

Coincée entre le nouvel Halloween et la fête des morts, la pauvre Toussaint qui pourtant continue de donner son nom aux vacances scolaires de l’automne a peu de chances d’alimenter le bavardage médiatique, dont la constance à rappeler aux Français que certains d’entre eux célèbrent tel jour tel Aïd ou tel calendrier lunaire n’est pas sans étonner par ailleurs. La Toussaint souffre de n’être pas une festivité spectaculaire, où ne circule nul bonhomme barbu, où aucun carnaval ne vient égayer le quotidien, enfin que nul rituel ne distingue.

Et puis, les saints, ces êtres désincarnés à qui l’on prête volontiers face de carême et pudibonderie outrée, quel intérêt ? Ce monde se prête d’autres héros, d’autres exemples, dont la célébrité se mesure généralement à l’aune de leur capacité destructive. Mais il oublie, prosterné devant ses idoles pixelisées, combien son existence doit à l’œuvre de ces innombrables personnages qui ensemencèrent une Europe barbare, un Orient cruel, enfin les contrées sauvages du globe entier, au mépris de leur intérêt, souvent au risque de leur vie.

Les saints du catholicisme sont légion, et cent calendriers ne suffiraient pas à les honorer tous. Il y en a pour tous les goûts, des violents, des doux, des géants de l’esprit et des humbles incultes, des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards, des Blancs, des Jaunes, des Noirs, des handicapés et des surhommes, des religieux et des laïcs, des boiteux et des ingambes. Le contemporain considère souvent avec mépris le long cortège de cette légende dorée et feint de voir dans la singularité de leur action, soit une reconstruction opérée par l’Eglise pour se glorifier, soit le résultat d’un dérangement psychiatrique. Car le saint, tel que l’honorent les chrétiens, est bien cet être étrange qui brise l’ordre habituel du jeu égoïste des passions. Et quoiqu’en dise la vulgate actuelle, il est difficile de trouver ailleurs que dans le champ chrétien une telle cohorte de personnages d’exception, que rien ne préparait souvent à révolutionner ainsi le monde, par des forces misérables.

Gandhi lui-même l’avait bien compris quand il parlait ainsi du Père Damien, prêtre du XIXè siècle enfermé volontaire avec les lépreux d’Hawaï, et succombant finalement à leur maladie : « Si l’assistance aux lépreux est tellement chère au cœur des missionnaires catholiques, c’est parce qu’aucune autre oeuvre n’exige comme elle un esprit de sacrifice. Celle-ci exige l’idéal le plus élevé, l’abnégation la plus parfaite. Le monde politique et journalistique ne connaît pas de héros dont il peut se glorifier et qui soit comparable au P. Damien de Molokaï. L’Eglise catholique compte parmi les siens des milliers d’hommes qui, à son exemple, ont sacrifié leur vie au service des lépreux. Il vaudrait la peine de rechercher à quelle source s’alimente un tel héroïsme. »

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !