Solférinologie pour les nuls : le petit guide du congrès PS<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Solférinologie pour les nuls : le petit guide du congrès PS
©

Mode d'emploi

S'ouvre ce vendredi matin l'édition 2012 du congrès du Parti Socialiste. Cacophonie gouvernementale, Hollande-bashing, retour au pouvoir, les défis à relever pour Harlem Désir, nouveau capitaine du bateau PS, sont nombreux. Petit cours de Solférinologie pour les nuls afin de comprendre les enjeux de ce rassemblement.

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau est professeur des Universités à Sciences Po. Il est l'auteur de Cette France de gauche qui vote FN (Paris, Le Seuil, 2017), à paraître le 1er juin. 

Voir la bio »

Atlantico : Ce matin, s’est ouvert à Toulouse le congrès du Parti Socialiste qui durera jusqu’à dimanche 28 octobre. Retour au pouvoir, dissonances gouvernementales, cette édition 2012 ne ressemblera vraisemblablement à aucune autre. Petit cours de Solférinologie pour les nuls. Comment fonctionne un congrès du Parti socialiste et à quoi cela sert-il ?

Pascal Perrineau : Le congrès est un élément fondamental de la construction du projet socialiste. Il a pour objectif de déterminer un axe programmatique, il permet d’acter les motions votées et sert à fixer le cap du parti tout entier, la direction que prendra celui-ci autour de la personnalité d’Harlem Désir. Les négociations sont allées bon train avant le début de ce congrès car au-delà d’acter le cap politique, ce rassemblement va aussi définir l’équilibre des équipes dirigeantes du parti.

Comment procède-t-on à la répartition du pouvoir entre ces équipes ? 

Le système est basé sur un vote de motions qui sont toutes liées à des hommes et à des femmes. Une fois ces motions votées, les scores obtenus par les textes permettent de répartir le pouvoir de manière proportionnelle. Pour appréhender le fonctionnement du Parti socialiste, il faut comprendre que la proportionnelle fait partie intégrante de son histoire de la même façon qu’il a été construit sur la base de sensibilités multiples qui cohabitent. La motion majoritaire est, quant à elle, composée de plusieurs de ces sensibilités, les pro-Désir, les Hollandais historiques ou encore les Aubristes. Cela révèle un équilibre des pouvoirs encore plus raffiné qui conjugue ces courants. Ces principes anciens sont encore aujourd'hui l’essence du Parti socialiste (PS).

D’autre part, il y a les motions minoritaires qui témoignent des courants les moins représentatifs sur le plan du nombre mais qui sont aussi souvent les plus virulents, comme l’aile gauche du PS. Cela engendrera probablement un débat vigoureux qui doit avoir lieu au congrès car il ne peut pas se dérouler au sein du gouvernement. Au milieu de ces discussions, Harlem Désir est face à deux défis majeurs. Il doit se créer une légitimité en s’émancipant, en se débarrassant de cette "nomination par l’appareil". Ensuite, il doit faire vivre un Parti socialiste au pouvoir en faisant taire les dissensions internes pour éviter qu’elles ne viennent s’ajouter aux discordances du gouvernement dont nous avons déjà été témoins.

Ce congrès peut-il donc conduire au désordre entre le PS et la majorité ?Le PS peut-il être un contre-pouvoir face au gouvernement ?

Non, l’apparition d’un contre-pouvoir dans le Parti socialiste d’Harlem Désir me paraît tout à fait improbable car il représente une ligne de fidélité très claire. Le PS ne veut pas jouer avec le feu, il connaît déjà suffisamment de problèmes internes de fonctionnement et de divergences d’opinions. Il faut comprendre qu’un congrès du Parti socialiste au pouvoir n’est pas le même que celui d'un Parti socialiste dans l’opposition. Dans ce dernier cas, les motions sont nombreuses et les affrontements sont parfois féroces comme ce fut le cas à Reims entre Royal et Aubry. A l’inverse, on a constaté qu’en 1981, certains socialistes, tel Jean-Pierre Chevènement, défendaient la nécessité d’un parti socialiste "godillot", obéissant et discipliné, arguant qu’un godillot est une bonne et solide chaussure. D’autres sensibilités voulaient au contraire que ce pouvoir soit mis au profit d’une accélération des réformes de rupture, voire voulait "couper des têtes". Le PS est actuellement sujet au même genre de débats mais il est probable que les congressistes soient lucides et essaient de ne pas ajouter aux dysfonctionnements. Malgré tout, le PS reste un parti duquel s’élèvent de nombreuses voix qui sont parfois discordantes, Harlem Désir va devoir prouver son talent de leader en sachant les mettre toutes en musique.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !