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Accès aux soins : les mutuelles sont-elles à la hauteur des enjeux ?
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Santé publique

Le 40ème congrès de la mutualité française se tiendra jusqu'à la fin de la semaine à Nice. L'occasion de revenir sur le rôle que les mutuelles auront à jouer face aux nouveaux enjeux de la médecine en France.

Jean-Yves Nau

Jean-Yves Nau

Jean-Yves Nau est médecin et journaliste, chroniqueur sur Slate.fr. Il anime par ailleurs  le blog « Journalisme et santé publique » sur jeanyvesnau.com

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Atlantico : Conçues à l'origine pour financer l'accès aux soins pour la population, les mutuelles tiennent aujourd'hui un véritable rôle de complémentaire. Comment expliquer une telle évolution ? Sont-elles aujourd'hui si différentes des assurances privées ?

Jean-Yves Nau : Il existe un élément de confusion sur la question dans l'opinion qui réside dans le terme de mutuelle. Nous n'avons pas tous des mutuelles complémentaires et il ne faut pas oublier que la mutualité française ne réunit que certaines mutuelles. Dans l'opinion, pourtant, on a du mal à faire la différence, mais philosophiquement ce n'est pas du tout la même chose. Il y a ce que l'on peut appeler les "excroissances" du monde de l'assurance et les autres qui répondent plus au concept de la solidarité.

D'autant que les mutuelles assurantielles sont souvent celles qui font le plus de publicité en insistant sur le terme de mutuelle. En pratique, il n'y a pas vraiment de différence pour les gens entre celles qui renvoient dans le monde de l'assurance à la notion de profit et celles qui ne font que très peu de bénéfice et qui répondent à la définition du code de la mutualité.

Pour ce qui est de l'évolution, il suffit de voir l'évolution progressive de la part de la sécurité sociale et de la part des mutuelles dans le remboursement des frais de santé et on se rend compte que cela augmente régulièrement sans qu'on puisse imaginer que le phénomène puisse s'inverser. Cela prouve certainement que le système est assez souple car il n'y a pas de crise majeur et que les mutuelles continuent à exister et à pallier toutes les insuffisances de l'assurance maladie.

Comment les mutuelles peuvent-elles mieux s'adapter aux nouveaux besoins de la population et aux nouveaux risques sociaux ?

Si on s’intéresse plus particulièrement à la prise en charge de la correction de la fonction visuelle, la sécurité sociale ne rembourse qu'une somme infime. Se crée alors une concurrence entre les mutuelles pour faire en sorte que les personnes qui ont besoin de lunettes puisse les avoir à moindre coût. Elles répondent d'une certaine façon à un besoin de la société.

A l'inverse, sur un autre risque majeur qui ne peut que s'accroître dans le futur, à savoir la dépendance, on sent bien que les sommes et les besoins sont tellement considérables que les mutuelles s'en trouvent complètement dépassées. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la dépendance devaient devenir un chantier ouvert mais il a vite été refermé au regard de la difficulté du dossier. Aujourd'hui, dans la mesure où les pouvoirs publics étant frileux sur le sujet, les mutuelles se trouvent dans le flou et peuvent se demander quelle sera leur place, à quelle hauteur elles participeront, etc. Je ne les sens pas être des acteurs principaux, malgré la puissance que leur confère leur grand nombre d'adhérents.

Comment améliorer le fonctionnement de la mutuelle pour permettre d'améliorer l'accès au soin ?

Cela dépend de quels soins on parle. Il ne s'agit pas d'embellir le paysage, mais quand on voit comment ça se passe dans les pays étrangers, on se rend compte qu'on a un système qui fonctionne plutôt bien.

En outre, je ne pense pas que ce soit du ressort de la mutuelle. Notre système est assez baroque car les médecins sont libéraux mais ce sont les pouvoirs publics qui règlent le numerus clausus et qui influencent dans une certaine mesure le domaine des soins. On pourrait rationaliser le système pour faire changer les choses mais les mutuelles en tant que telles n'ont pas énormément de marges de manœuvres.

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