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Traité budgétaire européen : Hollande est-il en train de perdre le contrôle de sa majorité ?
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Mayday

Alors qu'une trentaine de voix du PS s'est abstenue ou a voté contre le Traité budgétaire européen, François Hollande a néanmoins salué le fait que la majorité de la Gauche se soit prononcée pour.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Avec 282 voix sur les 477 « oui » au texte, la Gauche a majoritairement voté « Oui » au Traité européen. Sur 547 suffrages exprimés, la majorité absolue requise était de 274 voix ; autrement dit le texte a été adopté mardi par une majorité de Gauche. Et c’est ce qui importait à François Hollande qui saluait dès hier soir le fait « que la Gauche s'est réunie pour voter ce traité et qu'elle n'aurait pas eu besoin des voix de la droite pour le faire adopter … ».Il faut rappeler que la Droite y était, elle, majoritairement acquise au nom de la cohérence .

Le Président de la République n’a pas relevé qu’il manquait une trentaine de voix du PS : 20 députés socialistes ont voté contre, et neuf d’entre eux se sont abstenus, ce qui représente un dixième du groupe. Les heures de débats internes pour « décanter » le sujet auront été vaines, les adversaires du Traité, issus de la Gauche du parti, pour la plupart nouveaux élus (-à l’exception notable de Henri Emmanuelli qui reste fidèle à ses convictions ), ont campé sur leurs positions en votant contre le texte ,ou en s’abstenant . Ils sont restés sourds à la lettre sous forme de rappel à l’ordre du président du groupe, Bruno Le Roux .Ils n’ont pas été sensibles aux arguments avancés par Jean-Marc Ayrault et le Ministre des Affaires européennes Bernard Cazeneuve, (lui-même partisan du «Non » en 2005 ), qui ont mis en avant « la réorientation de la politique européenne » obtenue par François Hollande (-réorientation encore peu perceptible ) .Ces jeunes députés, trentenaires pour la plupart ,pensent à leur avenir et veulent consolider leur position au prochain congrès du PS où les convictions européennes ont souvent fluctué.

Seuls trois députés écologistes ont dit oui au Traité, et douze ont voté contre, conformément au vote du Conseil Fédéral Europe Ecologie les Verts, décision qui a provoqué une crise interne dans le Parti , et un malaise au Gouvernement, les deux Ministres écologistes restant muets sur le sujet. D’ailleurs, dans l’opposition, on n’a pas manqué de railler ceux qui pourfendaient le texte , et qui sont aujourd’hui « obligés de mettre un pistolet sur la tempe » à leurs troupes .

Dans son explication de vote Roger Gérard Schwartzenberg, le président du groupe RRDP (Radical Républicain, Démocrate et Progressiste ), a déclaré que lui-même et ses amis votaient « Oui » en raison du contexte (de crise), plutôt que « Oui » au texte proprement dit ; il a bien résumé l’état d’esprit des députés de Gauche qui ont apporté leur voix avec un enthousiasme des plus modérés à ce TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’union économique et monétaire), qui prescrit une réduction drastique des déficits structurels . Mais une voix reste une voix et ce n’est pas la ferveur qui était ici comptabilisée. Les députés de Gauche avaient de quoi hésiter : ce Traité avait été négocié par Nicolas Sarkozy, et ils l’avaient combattu avant la présidentielle, François Hollande se faisant fort de le « renégocier » s’il était élu. Le nouveau locataire de l’Elysée s’y est bien essayé, mais face à l’inflexibilité d’Angela Merkel , et d’autres dirigeants européens, il a dû renoncer à son projet et l’« adopter » en l’état, au nom de la parole (de la France) donnée .

En contrepartie, il peut se targuer d’avoir obtenu une réorientation de la politique européenne, avec l’adoption du Pacte de Croissance, un rôle accru pour la BCE, la future taxe sur les transactions financières ; cette dernière est également revendiquée par les « héritiers » de Nicolas Sarkozy , qui contestent que François Hollande ait obtenu des crédits nouveaux pour le Pacte de croissance. Pour les adversaires de Gauche à ce Traité, « le texte n’est pas à la hauteur de la crise ». Ils redoutent que la politique de réduction massive des déficits mène la France à une récession comparable à celle que connaissent actuellement les pays du Sud, alors que les tenants de la social- démocratie croient au contraire aux vertus des « réformes », comme l’ensemble de la Droite. Par delà cette querelle c’est bien toute la politique économique qui était soumise à l’approbation des députés, avant de passer devant le Sénat. Le débat est récurent. la Loi organique de Programmation et Gouvernance des Finances Publiques , qui sera soumise au vote aujourd’hui , sera , elle largement approuvée car il s’agit « de l’application souple de ce traité, qui laisse une marge de manœuvre au gouvernement », Barbara Pompili, la co-présidente du groupe Ecolo disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas . Autrement dit, le Traité ne sera de toutes façons pas appliqué à la lettre .D’ailleurs entrera-t-il jamais en vigueur ? Angela Merkel a déjà réclamé un nouveau Traité. Mais il fallait en passer par là ! Ainsi va la politique européenne !Obscure mais irréversible .

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