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Marine et Jean-Luc peuvent-ils booster la démocratie ?
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Zone franche

Un peu de pensée magique : plus Le Pen et Mélenchon progressent dans les sondages, plus le « cercle de la raison » s’élargit dans les urnes.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je me demande si ça ne va pas finir par être une bonne chose, cette remontée fantastique des extrêmes dans les sondages. Marine Le Pen à 24% et la gauche de la gauche (Mélenchon-Besancenot-Arthaud) à 14%, ça fait peur à tout le monde à l’intérieur du « cercle de la raison », ça fait chauffer les calculettes sur le thème d’un 21 avril-bis (« à l’envers » ou « à l’endroit ») et ça incite au regroupement des forces civilisées…

Enfin, quand je dis « une bonne chose », c’est du point de vue des gens qui, comme moi, rêvent d’une scène politique apaisée et rationnelle, avec un grand parti d’opposition et un grand parti majoritaire échangeant leurs fauteuils à intervalles réguliers sans tirer un coup de feu.

Je sais bien que la proportionnelle et la présence du plus grand nombre possible de formations au Parlement passent pour un Graal démocratique mais, lorsque je jette un coup d’œil à la Knesset ou que je m’informe des heurs et malheurs de notre propre Quatrième République, je hurle plutôt « vive le bipartisme ! ». Les couples stables Démocrates-Républicains, Labour-Tories, ça ne fait pas disparaître les fous furieux, bien sûr, mais ça les contient ; ça les empêche de nous amener là où même les gens qui votent pour eux n’ont aucune envie d’aller…

Car enfin, vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui rêvent vraiment d’habiter dans la tête de Le Pen ou de Mélenchon, dans cette petite France mesquine et réduite à un village gaulois fuyant les soubresauts du vaste monde ? Moi pas. J’en repère parfois de bonnes imitations au comptoir d’un bistrot ou au volant d’un taxi dans les embouteillages, mais de vrais de vrais, qui veulent expulser tous les non-conformes ou nationaliser jusqu’aux auto-entreprises de plomberie, non, franchement, j’en rencontre rarement.

Donc, pour en revenir à ces sondages et à cette progression (virtuelle) de la bêtise et des raisonnements binaires dans l’opinion, s’ils provoquent les retrouvailles de Sarkozy et de Villepin, c’est que tout est possible. Ces deux là se détestent cordialement, ce n’est un secret pour personne, mais commencent peut-être à se dire qu’il y a péril en la demeure et qu’une droite atomisée en 2012, ça n’est pas l’idée du (nouveau) siècle.

C’est comme chez les Royal-Hollande, tiens, qui se haïssent au moins autant mais auraient signé un pacte de non-agression à la demande générale

En route vers le 21 avril ultime ?

Mon secret espoir, à ce stade, c’est que la Marine et le Jean-Luc continuent de faire des étincelles sondagières dans les semaines qui viennent, qu’on nous les donne à 25, 28, 30%, the sky is the limit… Eh oui : plus ils grimpent, plus un DSK fédérateur s’impose à gauche pendant qu’un Sarkozy « faute de grives » se consolide à droite. Plus les rouges et les bruns se poussent du col, plus les abstentionnistes acceptent de remiser leurs cannes à pêche les jours de scrutin

Bon, jusqu’à présent, ça n’a pas empêché les « wannabes » présidents ― quadras pressés ou sexas frustrés ― de se multiplier comme les petits pains des Écritures :  rien qu’au PS, on recense déjà 9 candidats déclarés aux primaires hors trio Aubry-Hollande-DSK et ni Morin, ni Borloo, ni Boutin, ni Villepin n’ont encore raccroché les gants dans la galaxie conservatrice. Mais qu’à cela ne tienne : Harris Interactive n’a pas dit son dernier mot !

Notez que je suis peut-être totalement à côté de mes pompes. Que l'ascension fulgurante des deux binaires, si elle ne ressoude pas les blancs bonnets / bonnets blancs partisans d'un mix d'économie de marché et de justice sociale, si elle ne fait pas revenir les Français dans les bureaux de vote, est peut-être l’annonce d’une vraie catastrophe. C’est possible, mais jusqu’au 21 avril ultime ― un second tour Le Pen-Mélenchon ―, je vais rester optimiste.

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