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Emplois d'avenir : la réponse n'est pas dans le reclassement à 90% des jeunes de banlieue dans les associations
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Voie de garage

Les députés doivent se prononcer mardi sur le texte de loi sur les emplois d'avenir. Une solution provisoire au chômage des jeunes de banlieue, qui ne leur permettra pas de se s'armer pour se confronter aux réalités du monde du travail.

Jérôme de Rocquigny

Jérôme de Rocquigny

Jérôme de Rocquigny est vice-président en charge de l’emploi et de la formation professionnelle au sein d'une association patronale, le Cerf

Il travaille également avec des représentants des autorités chinoises pour des projets de formation professionnelle. 

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Depuis la nuit des temps les migrations ont existé, il fallait se rapprocher d'un point d'eau, d'un endroit où il était plus facile de trouver à manger, un travail, la sécurité, de trouver une organisation qui permettait une prise en charge de l'individu, de sa  famille et de son clan.

Il n'est donc pas aujourd'hui question de connaître les causes profondes du malaise, du mal-être des banlieues, il n'est plus question de savoir qui est responsable des dérives d'un système à bout de souffle.

Il n'est plus question de savoir pourquoi et comment des centaines de milliers de jeunes pour la grande partie issus de l'immigration se trouvent en danger, parce que sans avenir et sans espoir. Une génération sacrifiée pour beaucoup parce que souvent sans diplôme, sans formation, sans qualification donc sans projet à long terme, digne et stable.

Une génération qui a comme seul repère les règles internes à la cité, au quartier, à la banlieue, sans éléments de comparaisons. On ne connaît pas l'autre, avec ses différences, avec son métier, sa vie,
ses références différentes à la sienne.

En 2005 le monde s'était étonné de ce qu'il se passait dans les banlieues françaises (j'étais en Chine, et je me rappelle des images très sélectionnées qui ressemblaient à des images de guerres civiles
qui passaient en boucle sur les télé du monde entier).

Stupeur et tremblements, certes la situation avait été maîtrisée, mais les causes des maux n'avaient que très légèrement été analysées et les solutions imaginées jamais véritablement mises en œuvre. Pas de réflexion profonde sur les vraies raisons...

Cela fait plus de 10 ans que les gouvernements successifs aidés des partenaires sociaux (qui pour l'occasion ne portent que le nom de social) ont supprimé ou mis à mal un à un les dispositifs qui permettaient au public le plus en difficulté d'espérer pouvoir sortir de l'impasse, voire et comprendre autre chose que ce qu'il se passe en bas de sa tour...

Aujourd'hui encore au lieu de s'attaquer au mal par la racine, on imagine du provisoire, de l'éphémère. A l'heure ou ces jeunes en grande difficulté de repères et surtout de règles et de cadre auraient  besoin de de comprendre le vrai monde, la vraie vie, la vraie économie de marché, une fois encore on va les replonger dans de fausses vérités, loin des réalités du monde du travail.

Oui ! Encore une fois oui, on se cache et on va vers la facilité au lieu d'imaginer un parcours avec une adaptation à la réalité économique. On va de nouveau refuser la réalité de la nouvelle économie mondiale.

Offrir comme solution d'avenir la seule référence d'un emploi aidé dans une association ou dans une administration c'est encore commettre l'erreur de l'isolement, de la marginalisation économique d'unecertaine population, c'est encore conforter l'idée qu'il n'y a pas de vision universel avec toute l'ouverture d'esprit que cela confère, avec une compréhension globale nécessaire à sa propre évolution. Non une fois encore la solution du contrat d'avenir tel que l'on nous le vend aujourd'hui est réductrice et  dangereuse à terme, on ne sème pas les valeurs du travail de l'économie réelle (pas de procès
d'intention, les hommes et les femmes dans les association et des administration travaillent). On espérait une révolution d'idée, d'audace qui aurait attaqué le mal à la racine, qui aurait restauré les valeurs, les références et  la pratique.

Former, qualifier, comprendre, s'adapter, s'intégrer non pour quelques mois ou quelques années mais pour une vie complète avec un vrai projet professionnel, avec un vrai projet d'avenir. Courage et détermination, voilà ce que ces jeunes espèrent ; courage et détermination pour mettre tout à plat et chercher avec tous les acteurs du monde économique, de vraies et bonnes solutions. Un contrat pour une voie d'avenir : oui ! Pour une voie de garage non !

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