Chacun son voile, chacun son chemin... Et si Diam’s était entrée au couvent ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Chacun son voile, chacun son chemin... Et si Diam’s était entrée au couvent ?
©

Génération niqab

A l'occasion de la sortie de son autobiographie, Diam's revient sur le devant de la scène après deux ans de silence. Voilée, maman et sereine, un bonheur apparent largement relayé par des médias aux anges, les mêmes qui la conspuaient lors de sa conversion à l'islam en 2009.

Elisabeth Lévy

Elisabeth Lévy

Elisabeth Lévy est une journaliste, polémiste et essayiste française. Elle est également directrice de la rédaction du magazine Causeur et auteur de plusieurs livres dont La gauche contre le réel aux Editions Fayard et Les Maîtres-censeurs aux Editions JC Lattès.

Voir la bio »

Atlantico : Critiquée en 2009 dans Paris Match et à ses concerts suite à sa conversion à l'islam, on a l'impression désormais que les médias la réhabilitent : pourquoi ce revirement et surtout dans quelle mesure les médias décident-ils de ce qui est bien ou mal ?

Elisabeth Lévy : Tout d'abord, je ne m'intéresse pas particulièrement à Diams et je n'ai aucune lumière sur une éventuelle polémique en cours. Cela dit, je me rappelle que tout le monde trouvait admirable sa chanson "Ma France à moi", dans laquelle figurent ces paroles: "Ma France à moi, elle parle du bled". Quand quelqu'un ose parler de son bled en Auvergne, c'est atroce, ultra-beauf et en un mot raciste: en clair il vaut mieux être bledouillard que franchouillard. Bref, la beauferie, c'est super quand c'est exotique. 

C'est ce que vous pensez ?

Non, moi je n'ai pas de problème avec le fait que les gens aiment leur patelin, même si je n'en ai pas vraiment. Mais le point de vue dominant dans les médias, c'est qu'il est tout à fait acceptable d'être de quelque part, à condition que ce quelque part soit de l'autre côté de la Méditerranée. Ce qui traduit, une fois de plus, le décalage énorme qui existe entre l'opinion médiatique et l'opinion générale. Le problème est que ce décalage nourrit le ressentiment : les "gens ordinaires", comme dit Michéa, ou les "vrais gens" comme on disait autrefois au Parti Communiste ont l'impression qu'une minorité de journalistes vivant à l'abri de frontières culturelles entend leur dire ce qu'ils doivent penser et s'ériger en arbitre des élégances morales. Heureusement, internet permet d'échapper au monopole des médias convenables. Même si économiquement cela reste difficile, les gens décrétés infréquentables peuvent s'exprimer….sinon, j'aurais dû changer de métier depuis longtemps !

Vous n'allez pas jouer les victimes, alors qu'on vous entend partout ?

Partout, vous trouvez ? Eh bien moi, j'observe que le pluralisme n'est pas vraiment de mise dans les médias, mais si vous jugez votre télé et votre radio publiques satisfaisantes, tant mieux pour vous….Je trouve pour ma part étonnant voire un brin agaçant que les opinions vaguement divergentes soient dénoncées comme fascistes. Regardez ce qui s'est passé avec l'affaire du "racisme anti-blanc". Il a été décidé que c'était un thème d'extrême droite et que Copé faisait du marketing, du coup, cela a dispensé tout le monde de se demander si cela existait ou pas. Or, c'est la seule question intéressante. Accessoirement, il me semble que ça existe et je n'ai pas l'impression d'être fasciste parce que je le vois. Je peux me tromper, mais ce n'est pas en poussant des criaillements indignés qu'on me le prouvera.

On voit que les médias "choisissent" là où la critique va s'axer: auraient-ils une réaction similaire face à Diam's si cette dernière était rentrée au couvent? A contrario, on l'impression que l'islam passe mieux, est-ce le cas?

Je suppose que si Diam's était entrée au couvent, les médias auraient trouvé ça moins chic que sa conversion à l'islam. Encore que ce n'est pas sûr : j'ai l'impression que la religiosité sous toutes ses formes a le vent en poupe. Cela dit, l'islam bénéficie d'une côte particulière, sans doute parce que c'est la religion des nouveaux damnés de la terre. Dans l'imaginaire de la gauche, l'immigré sans papier (qui se trouve être musulman) a remplacé le prolétaire et on a les plus grands égards pour la susceptibilité islamique alors que les cathos doivent accepter qu'on se paye la tête de Jésus et du pape sans sourciller. Du coup, Libération qui était autrefois le journal de toutes les dragues célèbre la "halal attitude", se félicite que la France fasse ramadan et qu'on puisse acheter des niqab en plein cœur de Paris. Les temps changent, comme disait l'autre. Et pas forcément pour le mieux.

Propos recueillis par Valérie Meret

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !