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Le Top 5 des croyances absurdes sur la dette et les déficits
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Le nettoyeur

Cette semaine, Pascal Emmanuel Gobry donne quelques vérités sur les déficits et la dette qui en surprendront plus d'un...

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Chaque matin, j'écoute les actualités économiques à la radio et je lis Twitter, et à chaque fois, je rencontre les mêmes poncifs, les mêmes idées fausses sur ces sujets qui soudain intéressent tout le monde : les déficits et la dette.

Donc, voici quelques vérités sur les déficits et la dette qui en surprendront plus d'un :

  • Le ratio dette / PIB n'a aucun intérêt. Souvenez-vous de l'école primaire : après les additions, on vous apprend "qu'on ne peut pas additionner les choux et les carottes.” Et c'est vrai ! Ca n'a pas de sens ! Diviser les choux par les carottes non plus. Et donc quand on parle de ratio dette / PIB, c'est pareil. Le PIB est un flux : c'est (en gros) la somme des dépenses de tous les acteurs économiques sur une année. La dette publique est un stock. Diviser un stock par un flux c'est comme diviser des choux par des carottes. Le ratio dette / PIB peut avoir un intérêt quand on fait des comparaisons internationales, puisqu'il permet de comparer plusieurs pays, mais même là c'est périlleux. Lorsque quelqu'un vous parle de ratio de dette / PIB, vous pouvez être à peu près sûr qu'il ne sait pas de quoi il parle.

  • Avoir beaucoup de dette publique n'est pas, en soi, grave. Bon, mais tout le monde est d'accord pour dire que la dette, c'est mal, non ? Non. Regardez le Japon : sa dette est gigantesque, et pourtant ses taux d'intérêts sont au plus bas. Si le Japon essayait de réduire sa dette, on aurait une spirale déflationniste. Idem avec les Etats-Unis, plus endettés que nous et aux taux pourtant très faibles. On peut être un grand pays avec beaucoup de dette et ne pas avoir de problème.

  • Les déficits publics, c'est bien. C'est peut être le plus difficile à avaler, mais pourtant c'est évident si on réfléchit à la manière dont une économie fonctionne. Dans une économie, les revenus sont égaux à la dépense. C'est logique : ce qui est une dépense pour moi est un revenu pour celui à qui j'achète. Mais ce que ça veut dire est que si un secteur de l'économie épargne, un autre secteur de l'économie doit s'endetter ou dépenser son épargne pour compenser. Autrement dit, si un Etat crée un surplus budgétaire, non seulement il confisque plus d'argent qu'il n'en a besoin (ce qui est déjà bête), mais il pousse le secteur privé à désépargner et à se surendetter. Contrairement à un Etat, un ménage ne peut pas s'endetter indéfiniment. Par contre, les déficits publics correspondent à l'épargne privée qui les financent et favorisent l'épargne. Une économie saine est donc une économie avec des déficits publics.

  • On ne remboursera jamais la dette, et c'est normal. Vous vous souvenez forcément, dans vos livres d'histoire, de la grande Fête de la dette organisée dans les années 1950 lorsque la France a fini de rembourser sa dette de la Seconde Guerre mondiale, et du discours prononcé par René Coty à l'époque. Non ? C'est normal : ça n'a jamais eu lieu. La France n'a jamais remboursé sa dette de la Guerre. Ni aucun autre pays d'ailleurs. Parce qu'un Etat ne rembourse pas ses dettes. Il les échange à intervalles réguliers contre de la nouvelle dette. Qu'est-ce qui est arrivé à la dette de la Guerre, alors ? Elle a progressivement disparu du fait de la croissance des Trente glorieuses et de l'inflation qui allait avec. C'est pour ça que l'obsession sur le stock de la dette est une erreur : ce stock de dette, nous n'aurons jamais à le rembourser.

  • Lorsque la situation économique est mauvaise, il faut augmenter les déficits, pas les baisser. Le gouvernement actuel entreprend une politique de réduction des déficits. C'est ce que l'Europe préconise partout. C'est aussi suicidaire. Ca fait 70 ans que Keynes l'a montré : dans une récession, il faut faire une relance fiscale (baisse des impôts et/ou augmentation de la dépense) pour relancer l'activité économique. Lorsqu'on fait l'inverse, qu'on augmente les impôts et qu'on baisse la dépense, on fait porter des chaussures de plomb à une économie déjà exsangue. Et ça tombe bien : lorsque la situation économique est mauvaise, les épargnants cherchent des actifs sûrs, c'est à dire des obligations d'Etat, et donc les taux sont bas, et il est parfaitement possible d'accroître ses déficits pour relancer. 

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