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Chute historique de François Hollande dans les sondages : avant tout une crise sociale
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Pire que de Gaulle et Chirac

Selon un nouveau sondage Ifop publié pour le JDD dimanche, 43% des Français seulement se disent satisfaits de l'action du président de la République. François Hollande perd 11 points en un mois, la plus forte baisse pour un président de la République depuis 1958. Pourquoi déçoit-il autant ?

Frédéric Dabi

Frédéric Dabi

Frédéric Dabi est directeur général adjoint de l'Ifop et directeur du pôle Opinion et Stratégies d’entreprise.

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Atlantico : Selon un nouveau sondage Ifop publié pour le JDD dimanche, 43% des Français seulement se disent satisfaits de l'action du président de la République qui perd 11 points en un mois.Y a-t-il eu des précédents dans l'histoire de la Ve République ?

Frédéric Dabi : Le baromètre Ifop/JDD est le plus ancien baromètre de la Ve République. Sa particularité est d'être réalisé sur deux semaines. Ce laps de temps permet de lisser une forte hausse ou une forte baisse. Il est donc moins connecté sur l'actualité immédiate. S'il y a un évènement susceptible de faire baisser fortement un exécutif en une semaine, il est contrebalancé par la semaine suivante.

Lorsqu'on regarde l'historique du baromètre Ifop/JDD, c'est l'une des plus forte baisse jamais constatée. Le général de Gaulle avait perdu 12 points après les accords d'Evian et Jacques Chirac 12 points après l'échec du référendum du 29 mai 2005. Lorsqu'un président de la République perd plus de 10 points, c'est un tournant.

L'autre tournant, c'est que François Hollande passe pour la première fois sous la barre des 50% de satisfaction. Dans l'histoire de la Ve République, Jacques Chirac excepté en septembre 1995, ce n'était jamais arrivé aussi vite. Nicolas Sarkozy est tombé sous cette barre en janvier 2008. 

Comment expliquez-vous une telle chute ?

Il y a un vrai décalage entre l'opinion publique et l'opinion médiatique. Ce que les médias ont relayé sur l'exercice du pouvoir par François Hollande, la présidence normale, les éventuels couacs entre ministres, apparaît très peu dans les ressorts de l'insatisfaction. La crise de confiance actuelle à l'égard de François Hollande est avant tout une crise sociale. On est plus que jamais sur des motifs économiques et sociaux : emplois et surtout pouvoir d'achat. C'est assez traditionnel pour une rentrée de septembre : la feuille d'impôt arrive et les familles ont le sentiment que tout augmente.

Beaucoup de Français, pas seulement les catégorie populaires mais aussi les classes moyennes, sont dans une situation d'inquiétude très forte, d'angoisse sociale sur la question du pouvoir d'achat. L'intervention présidentielle du dimanche 7 septembre a cristallisé cette inquiétude, notamment sur la question fiscale. François Hollande n'a pas répondu à la question : "qui va payer les 30 milliards d'économies ?" Les Français ont retenu l'augmentation de la pression fiscale sans en comprendre la finalité.

François Hollande peut-il remonter la pente après une baisse aussi spectaculaire ?

Le général de Gaulle est remonté après les accords d'Evian. Mais, lui, n'a jamais eu un solde d'opinion négatif. François Mitterrand et Jacques Chirac sont remontés durant leur période de cohabitation respective.A l'inverse, après sa victoire aux législatives de 1997, Lionel Jospin a commencé doucement avant de connaître une très forte popularité jusqu'à l'année 2001.

On ne peut pas dire ce qui se passera dans les mois à venir. Ce qui est assez notable et qui peut-être va empêcher François Hollande de remonter significativement, c'est le très fort clivage autour de sa cote de popularité. C'est un clivage politique : il est victime d'une "bienveillance zéro" à droite. Les sympathisants de droite ne sont pas dans une situation d'attente par rapport à François Hollande, mais dans une situation de conflictualité post-présidentielle. Sa cote de satisfaction n'est que de 9% chez les sympathisants UMP alors qu'elle reste très forte à gauche. C'est assez classique, mais cela n'arrive habituellement pas aussi vite. Nicolas Sarkozy, en début de mandat, du fait de son volontarisme et sa politique d'ouverture, bénéficiait du soutien de 30% des sympathisants de gauche.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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