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Les obsessions sexuelles de Kadhafi
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Célibataires, mariées ou mineures, le dictateur libyen n'avait aucun scrupule. La femme était une chair à consommer, à harceler, à violer. Annick Cojean rapporte les propos des femmes qui ont été la cible du dictateur. Extrait de "Les proies" (2/2).

Annick  Cojean

Annick Cojean

Annick Cojean est grand reporter au journal Le Monde. Elle est l'auteur de plusieurs livres dont FM, la folle histoire des radios libres, écrit avec Eskenazi et Retour sur images, publié chez Grasset.

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Tous les lieux fréquentés par les femmes pouvaient être sources d’approvisionnement pour le Guide, y compris les prisons où l’on a vu une de ses gardes du corps venir faire des photos de jolies détenues. Les salons de coiffure et de beauté étaient une source privilégiée, visités assidûment par ses rabatteuses. Les fêtes de mariage en étaient une autre. Il adorait se rendre à ces festivités où les femmes revêtaient leurs plus beaux atours. S’il ne pouvait s’y rendre lui-même, il y dépêchait ses émissaires et passait un temps fou à visionner photos et vidéos prises à cette occasion.

Un photographe du centre de Tripoli me l’a confirmé, qui trouvait toujours mille prétextes pour ne pas remettre à Bab al-Azizia les copies des reportages de mariage qui lui étaient demandées. Des jeunes filles me confirmeront avoir renoncé d’elles-mêmes à se rendre à certaines de ces fêtes organisées dans de grands hôtels de Tripoli par peur d’être ainsi filmées et repérées plus tard pour le Guide ou sa clique. D’autres parents vivront dans cette angoisse, interdisant à leurs filles, déjà privées de rencontres sociales, de s’attarder aux fêtes et défilés, a fortiori lorsqu’ils avaient lieu dans l’enceinte de Bab al-Azizia.

[…]

Ses employés, chauffeurs, gardes, soldats étaient souvent sollicités pour lui faire parvenir les photos et films de leur mariage. Certains, au départ, étaient plutôt touchés de l’intérêt du Guide. Mais tous ont déchanté. Si une invitée, sœur, cousine, avait l’heur de lui plaire, ils étaient chargés de provoquer une rencontre. Et advienne que pourra. Mais si c’était la jeune mariée qui tapait dans l’œil du maître, ils ne l’apprendraient que lorsqu’il serait trop tard. Le Colonel se débrouillerait pour les éloigner de leur foyer, au prétexte d’une mission, et en profiterait pour convoquer leur épouse ou lui rendre visite. Une visite non courtoise qui, si la femme résistait, conduisait à un viol.

[...]

Infirmières, institutrices, puéricultrices étaient également ciblées. La directrice d’une crèche de Tripoli m’a notamment raconté comment l’une de ses jolies employées a reçu un jour la visite de trois amazones venues lui demander de se joindre à une équipe de jeunes femmes choisies pour accueillir à l’aéroport, avec des fleurs, une délégation d’Afrique du Sud. « Surtout, faites-vous belle ! » Quelques jours plus tard, elles passaient la chercher dans un minibus qui, soudain, quitta la route de l’aéroport et obliqua vers Bab al-Azizia.

[...]

Kadhafi réapparut alors, et il ne souriait plus. Ses intentions étaient très claires. La fille a paniqué : « Je vous en prie, ne me touchez pas. Je suis de la montagne. Et j’ai un fiancé ! — Je te donne le choix, a répondu le Guide : ou bien je le tue, ou bien je te laisse l’épouser, je t’offre une maison et tu nous appartiendras à tous les deux. »

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Extrait de "Les proies", Grasset (12 septembre 2012)

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