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Cet aveuglement français qui précipite la prise de contrôle de nos entreprises par des étrangers
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Court-terme

PSA Peugeot Citroën a annoncé ce jeudi des négociations avec les chemins de fer russes RZD, pour leur céder 75% de sa filiale de logistique Gefco. Une nouvelle preuve de l'absence de vision à long terme de la classe politique, qui se refuse à libérer la compétitivité française.

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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La capacité d’anticipation des pouvoirs est, il faut oser le dire et le répéter, nulle. Ce n’est pas une critique, c’est un triste constat. Vous l’avez vérifié en lisant le rappel sur Jean-Claude Junker. Et pourtant, il s’agissait du président de l’Eurogroupe. Tout ce que ces gens font ou disent est marqué du coin du court termisme le plus flagrant, jamais de projection dans l’avenir, jamais d’examen des conséquences non voulues. Non, on se contente toujours de l’optimum bébête du moment. Après, on verra !

C’est un vice fondamental de la pensée politique et administrative qui tient :

  • À l’irresponsabilité originelle de leurs fonctions.
  • Au tiers payant, ils ne paient jamais leurs bêtises.
  • À leur mode de sélection déconnecté du réel.
  • À la formation donnée à l’ENA.
  • Au fait qu’ils se reproduisent et vivent en vase clos.
  • Au fait qu’en France les corps intermédiaires sont soit discrédités soit à la botte.


Nous avons, à l’ occasion de l’affaire Peugeot, attiré l’attention sur le fait que si vous faites rendre gorge aux capitalistes français, au capital national, il se passe des choses très désagréables et lourdes de conséquences.

Soit ils cessent d’investir, soit ils vendent à l’étranger.

Nous avons ajouté que, dans tous les cas, c’était une catastrophe concrète car la victime était l’emploi et les recettes fiscales.

Nous avions en son temps constaté cela à l’occasion des difficultés de la sidérurgie. L’industrie est passée en mains étrangères, qui, à juste titre, ont eu moins de scrupules à licencier et délocaliser, à sélectionner leurs sites, que le capital français. Le propriétaire étranger est moins sensible aux pressions, aux sentiments : il recherche donc le taux de profit moyen mondial avec plus d’âpreté.

Beaucoup de secteurs sont, en France passés sous contrôle étranger, même les plus insignifiants en apparence.

Nous expliquions il y a quelques années à un élu du douzième à Paris que la colonisation de son arrondissement était provoquée par un retrait du tout petit capital français, écrasé de taxes et de réglementations. À la faveur de ce retrait français, les Asiatiques raflaient tout le quartier. Pour y travailler en famille, donc sans cotisations, sans impôts. Pas de comptabilité, on paie en liasses de billets lors des contrôles fiscaux, etc.

Le bon sens ce n’est donc pas de limiter l’implantation asiatique, mais de voir ce que l’on peut faire pour garder au travail, et non au chômage, les Français. Bien sûr, rien n’a changé, la politique est ainsi faite, par des nuls.

Dans le cas présent, on étrangle la famille Peugeot pour faire le beau dans les meetings et les salons et dîners parisiens. Quoi qu’elle fasse, ce n’est jamais assez. D’accord, mais ce que l’on voit, c’est la vente d’un fleuron détenu par la famille, fleuron du transport aux russes, contents de l’aubaine. La rentabilité de Gefco est faible en raison de spécificités françaises. Croyez-moi, elle va s’améliorer très vite, hors comptabilité, sans scrupules, avec beaucoup de dérivations au détriment à la fois des salariés français et du fisc.

Ce billet a été initialement publié sur le blog A lupus

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