Vote des étrangers : Jean-Marc Ayrault parviendra-t-il à trouver les voix qui lui manquent chez les centristes ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Pour modifier la Constitution et y inscrire le droit de vote des étrangers, le Premier ministre a besoin de 3/5 des voix au Parlement.
Pour modifier la Constitution et y inscrire le droit de vote des étrangers, le Premier ministre a besoin de 3/5 des voix au Parlement.
©Reuters

Indépendance

Le Premier ministre doit trouver 32 députés et sénateurs pour obtenir les 3/5 au Parlement et ainsi inscrire le droit de vote des étrangers dans la Constitution. Son travail de conviction devrait se concentrer vers les centristes.

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella est le directeur de l’agence de presse LesNouveauxMondes.org qui est spécialisée sur les questions internationales et, plus particulièrement sur la mondialisation, les pays émergents et les Etats-Unis.

Il est également le directeur du CREC (Centre de recherche et d’étude sur le Centrisme). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont Santé et économie, Le Capitalisme vert, Le dictionnaires des idées reçues en économie, Le Centrisme du Juste Equilibre, De l’Obamania à l’Obamisme).

Voir la bio »

Lors de la création de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), le 18 septembre, Jean-Louis Borloo a réaffirmé que la nouvelle formation centriste pratiquerait une opposition constructive et non systématique, qu’elle ne serait donc pas dans la confrontation permanente vis-à-vis du gouvernement.

Elle pourrait ainsi apporter ses voix au Parlement à certains textes présentés par la gauche.

Voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, en l’occurrence le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui aura besoin des centristes pour faire passer sa loi constitutionnelle sur le vote des étrangers (hors de l’Union européenne) aux élections locales lors de la réunion du Parlement en congrès et ce afin d’éviter un référendum des plus délicats sur le sujet.

« Pour arriver aux trois-cinquièmes (ndlr: pourcentage nécessaire pour faire modifier la Constitution), il faudra aller voir les centristes », a ainsi déclaré M. Ayrault.

On sait que les élus du Centre sont divisés sur le sujet. Certains y sont favorables sous conditions (les élus du Mouvement démocrate), d’autres y sont totalement opposés (Hervé Morin et ses élus du Nouveau centre), d’autres n’ont pas de position définitive (Jean-Louis Borloo, par exemple).

Sachant que les groupes centristes à l’Assemblée nationale et au Sénat, l’UDI et l’UCR (Union des centristes et républicains) totalisent à eux deux 61 élus (trente députés et trente-et-un sénateurs), le gouvernement devrait en convaincre la moitié afin d’éviter le recours au peuple pour valider sa promesse électorale qui date maintenant de soixante ans et que jamais les socialistes, quand ils ont été au pouvoir jusqu’à présent, n’ont finalement fait voter.

Quelle sera donc la position des centristes?

Elle peut s’étudier sur deux plans : le fond et la stratégie politique.

Sur le fond, le vote en lui-même des étrangers, on voit mal plus d’une dizaine au maximum de centristes se laisser convaincre d’apporter leur soutien au texte, ce qui est nettement insuffisant.

Et cette estimation est sans doute optimiste pour le gouvernement, car un Jean-Louis Borloo qui s’était déclaré favorable à cette mesure est désormais plutôt contre.

Au niveau de la stratégie politique, les centristes pourraient profiter de cette occasion pour se distinguer de la droite dont tous les élus sont opposés à cette loi et démontrer leur «indépendance», un mot que Jean-Louis Borloo a utilisé à maintes reprises dans son discours de mardi dernier pour qualifier le positionnement de l’UDI.

Néanmoins, ils pourraient aussi marquer, dans un domaine hautement politique, leur proximité avec cette même droite ; d’autant que le gouvernement voudrait présenter sa loi courant 2013, soit un an avant les élections municipales de 2014 qui seraient alors les premières à permettre aux étrangers de voter si la loi était adoptée.

Des élections où l’UDI fera cause commune avec la droite, puisque le parti centriste - qui se définit comme de centre-droit - n’envisage qu’une alliance avec l’UMP, mais aussi des élections qui pourraient être alors plus favorables à la gauche puisqu’une majorité d’étrangers vivant en France voteraient plutôt pour elle (d’autant que ce serait elle qui leur aurait permis d’être des électeurs…).

Et puis, il ne faut surtout pas oublier le retournement des Français sur le sujet, comme l’a montré le sondage réalisé par l’Ifop pour Atlantico, ceux-ci se déclarant désormais opposés au vote des étrangers à 61%.

Une raison de plus pour les centristes de ne pas se mouiller inutilement pour une mesure devenue impopulaire.

Si on met tout cela sur la balance, l’UDI a plus à perdre qu’à gagner en soutenant le gouvernement sur le sujet.

On peut, dès lors, penser raisonnablement que les centristes ne feront pas un tel cadeau à la gauche.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !