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Au lieu de chercher à ressusciter les espèces disparues, ne vaut-il pas mieux préserver celles qui sont en danger ?
Au lieu de chercher à ressusciter les espèces disparues, ne vaut-il pas mieux préserver celles qui sont en danger ?
©Reuters

Auroch

Certains scientifiques affirment que le clonage des mammouths sera bientôt possible. Mais n'y a-t-il pas d'autres priorités ? Troisième volet de notre série consacrée au clonage des espèces disparues.

Bertrand Roussel

Bertrand Roussel

Bertrand Roussel est docteur en Préhistoire et responsable des collections au musée d'archéologie de Terra Amata, à Nice.

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Atlantico : Des scientifiques russes affirment avoir découvert, avec des collègues sud-coréens, des cellules de mammouth qui pourraient peut-être permettre le clonage du pachyderme. Concrètement, serait-il possible selon vous de ressusciter ce pachyderme, ou des dinosaures ?

Bertrand Roussel : C'est envisageable pour les mammouths, car ils sont proches dans le temps de notre ère. On dispose de son ADN, à partir duquel on peut travailler pour arriver à cette résurrection. Une question se pose néanmoins, et je n'ai pas la réponse : puisqu'il faudra mettre l'embryon de mammouth dans l'utérus d'une éléphante, alors qu'ils ne sont clairement pas de la même espèce, y-aura-t-il compatibilité ? Cela peut poser un réel problème technique... Mais on ne pourra pas le savoir sans avoir testé.

Quant au clonage de dinosaures, cela semble plus difficile car ils appartiennent à l'Ère secondaire (qui s'étend de − 251 à − 65,5 millions d'années). On dispose donc de moins de matières biologiques. On a en notre possession des ossements, mais dont l'âge extrêmement avancé rend difficile l'extraction d'un ADN. C’est la même problématique pour les végétaux que l’on a en fossile, mais dont l’ADN n’est pas utilisable a priori

Sans matières biologiques, il semble donc difficile de pouvoir cloner des dinosaures.

La résurrection de ces espèces serait-elle danger ou une chance pour le monde scientifique ?

Je ne pense pas que cela puisse être un danger. Une chance, c'est à débattre. N'est-il pas plus important aujourd'hui de conserver les espèces existantes plutôt que de chercher à en recréer d'autres qui ont disparu ? Il est malheureux que la communauté scientifique s'intéresse à cela alors qu'elle ne s'occupe pas d'animaux disparus récemment, comme l'aurochs.

L’être humain a fait disparaitre certains mammifères, comme l’aurochs, qui était quand même l'ancêtre du taureau et de la vache (ndlr : le dernier aurochs sauvage et libre connu a été tué dans la forêt de Jaktorów, en Pologne, en 1627).

Aujourd'hui, la vraie question, c'est : comment faire en sorte que les espèces actuelles ne disparaissent pas ? C'est cela, le défi du 21e siècle.

La chaîne alimentaire pourrait-elle être bouleversée si les scientifiques parvenaient à redonner vie aux Tyrannosaurus rex ou aux vélociraptor ?

Il en faudrait quand même beaucoup pour en arriver là ! Vous imaginez bien que si on clone un mammouth ou un dinosaure, on le gardera pour nous, mais on ne le mettra pas dans la nature. Sinon, ça serait une catastrophe ! De toute façon, une idée comme Jurassic Park me parait totalement impossible. Et si un jour nous clonons un mammouth, on ne le mettra pas dans un milieu qui n’est pas le sien. Déjà, quand on fait ça aujourd’hui avec des espèces qui existent (c’est le cas des écureuils), c’est un désastre écologique.

Que pourriez-vous apprendre de plus sur ces espèces en clonant un dinosaure ou un mammouth ?

Il serait intéressant de voir un mammouth en vrai, mais on dispose déjà de beaucoup d'informations, depuis la découverte d'une carcasse congelée en Siberie. On en sait plus sur sa physiologie et sur son anatomie. Après, c’est le comportement que l’on pourrait découvrir, ainsi que ses réactions. Mais encore une fois, si on le met avec des éléphants, il va réagir comme un éléphant et non comme un mammouth.  Et puis, il faut casser certaines idées reçues : un mammouth n’est pas plus grand qu’un éléphant d’Afrique.

Au contraire, si on commençait à les cloner, de nouvelles maladies pourraient-elles apparaitre ?

Les bactéries ou des virus d'aujourd’hui  pourraient à la rigueur s’attaquer au clone, mais pas l’inverse. Le seul danger serait de décongeler une espèce congelée et porteuse de maladies de l’époque.

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