Profs maltraités : avant de penser à éduquer les enfants, faut-il rééduquer les parents ?<!-- --> | Atlantico.fr
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De plus en plus de professeurs se font agresser par leurs élèves.
De plus en plus de professeurs se font agresser par leurs élèves.
©Reuters

Violences scolaires

Une enseignante a été agressée mercredi par la mère d'un de ses élèves de 4e, à la suite d'une remarque dans le cahier de correspondance. Plutôt qu'une morale laïque, le gouvernement devrait-il songer à l'instauration d'une morale sociale ?

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

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Deux nouvelles viennent de tomber : un jeune marocain roue de coups son professeur ; une mère de famille se rend dans un lycée pour  gifler un professeur. Il est question, pour éviter que cela se reproduise, de rééduquer. Le mot est maladroit dans la forme, tant il rappelle les camps de rééducation du stalinisme et du maoïsme. Mais, au-delà, il invite à réfléchir. Comment faire pour parer à ce genre de violences inadmissibles ne se reproduisent pas ? Comme tout le monde, je n’ai pas la solution...

Tout d’abord, que le ministre de l’Education, Vincent Peillon, a eu la bonne réaction : faire intervenir la justice, poursuivre le jeune et la mère de famille. C’est bien évidemment ce qu’il fallait faire, les délinquants commençant à prendre conscience de leurs actes, quand ils se retrouvent derrière les barreaux. De ce point de vue, l’attitude du ministre de l’Education est courageuse. La culture de la gauche n’est pas une culture de la répression en disant qu’il vaut mieux éduquer que réprimer et prévenir que guérir. Dire qu’il faut réprimer est un acte de courage face à cette culture, en faisant remarquer que parfois réprimer c’est éduquer et c’est prévenir.

Les cours de démocratie, de civilisation française, de politesse et de morale ne pourront pas transformer les adultes qui viennent gifler les profs dans les lycées puissent changer quoi que ce soi à leur comportement. Ce dont ces parents ont besoin, c’est d’une assistante sociale qui les écoute et qui leur parle, d’un juge à qui ils doivent rendre des comptes, d’un commissariat également qui les encadre et qui les recadre régulièrement. Quand on sent que l’on doit rendre des comptes, on change son comportement. De ce point de vue, l’éducation des parents passe certainement par le renforcement de la police dite de proximité. 

En revanche, il faut le plus tôt possible enseigner à tous les enfants, non pas une morale laïque, mais une morale sociale. Nous vivons ensemble. Il faut apprendre à nous respecter les uns les autres et à nous respecter nous-mêmes.  Cela doit être dit et redit. Il faut parler aux jeunes de morale sociale, leur parler de morale sociale revenant à leur parler tout court. Il faut que la République, qui est le sens du bien commun, reparle du bien commun et que l’on ne parle pas tout le temps de la démocratie, qui est le sens de la liberté individuelle. Il faut que la République se défende et soit fière de ses valeurs.  Quand les jeunes ont l’impression qu’on ne leur parle plus, soit ils se tournent vers des sectes religieuses, soit ils jouent aux caïds en rentrant dans une bande se permettant tout, soit ils jouent aux victimes en se donnant le droit de se venger. Il faut que la France se réveille. Les jeunes et les mères de famille qui giflent des profs attendent qu’elle le fasse, leur violence n’étant pas autre chose qu’un appel à l’aide d’individus perdus ne sachant pas comment exister parce que personne ne leur à expliquer qui ils sont.

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