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Guerre LVMH - Libération : la présence d'une publicité Yves Saint Laurent en une n'était pas une provocation mais un pur hasard
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Coïncidence ?

Le fossé se creuse entre Bernard Arnault et Libération à la suite d'une plainte portée par le patron de LVMH à l'encontre du quotidien français.

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier est Global Client Lead chez Publicis Groupe.

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Atlantico : Le journal Libération publiait lundi en une la photo du milliardaire Bernard Arnaud, accolée du titre "casse-toi riche con !". Mardi et après la plainte du PDG du groupe LVMH, on pouvait lire en une du même journal "revient on annule tout". Le même jour, figurait également en première page une publicité de la marque Yves Saint Laurent appartenant au groupe PPR (Pinault). Peut-on croire à un hasard ? 

Jean Paul Brunier : Il s'agit à l'évidence d'un hasard, les délais imposés pour une insertion sont plus longs que le flux de l'actualité d'un quotidien.

Libération déclare-t-il la guerre à LVMH en insistant sur sa capacité à s'assurer d'autres recettes publicitaires des marques de luxe ?

La logique et l'éthique veulent que la question du contenu éditorial soit indépendante du placement publicitaire pour viser et convaincre une "cible". Il est dangereux de commencer à mélanger les genres, sur le plan des affaires comme sur le plan éthique. Il y a eu il y a quelques années un précédent qui a fait un certain bruit, un constructeur automobile avait été critique par un journal, le directeur  de la publicité trop zélé s’était senti obligé de supprimer le journal des plans du constructeur. À juste titre, le président à décide de sanctionner ce zèle... Je pense qu'il a eu raison.

Peut-on en déduire que le journal Libération assurera désormais ses recettes publicitaires sans LVMH ?

La encore je ne pense pas, enfin sûrement pas sur le long terme. Je veux croire à l'intelligence et l'éthique de tous. D'une part la liberté d'expression est indispensable. Les lecteurs et lecteurs potentiels en nombre et en opinion font ou défont les titres, c'est plutôt ce à quoi devrait réfléchir la rédaction de Libération. Les citoyens lecteurs trouvent ils juste de condamner un homme qui a créé tant d'emplois en France, jugent ils cela productif ou idéologique, pour vendre du papier sur quelques numéros ou bien pour défendre une posture et une idée.

Pourtant, on estime déjà à 500 000 euros les pertes de rentrées publicitaires de Libération suite à la décision par plusieurs annonceurs de suspendre ou d'annuler leurs campagnes...

Je pense que c'est une réaction humaine qui se comprend. Des patrons trouvent la politique éditoriale du site insupportable et décident que cela doit changer. Ce ne serait pas la première fois que des annonceurs quittent un journal. 

J'espère seulement que les patrons vont conserver une certaine distance entre la publicité et la ligne éditoriale. Il ne faut pas non plus raviver des tensions.

Le journal Libération ne s'est-il pas tiré une balle dans le pied quand on sait que le luxe fait partie des meilleurs annonceurs ?

Je pense que Libération a pris la un risque pesé et mesuré, le bruit médiatique doit avoir un effet sur les ventes, un boycott publicitaire serait mal ressenti, pas seulement par le lectorat de Libé.

Naturellement je ne me prononce pas la sur le fond de l'affaire et sur ce titre que je trouve choquant et presque "potache"... La question légitime que chaque lecteur "bobo" de Libe, dont moi même, peut se poser est de bon sens: mon journal qui crie "sus au riche" remplit ses pages avec des pubs pour des lecteurs... Clients de ses marques de luxe... Comment mettre notre lecture et notre comportement en cohérence?

Contactée par Atlantico, Yves Saint Laurent a confirmé que la présence du logo de la marque était un pur hasard. L'opération publicitaire a été décidé en juillet dernier. Yves Saint Laurent n'a pas souhaité commenter ni alimenter la polémique.


Propos recueillis par Charles Rassaert

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