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François Hollande avait-il vraiment préparé l'alternance ?
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Bof !

Si François Hollande veut arriver à mettre en œuvre tout ce qu'il doit faire, il devra trahir l'idéologie du PS qui n'a pas évolué depuis des années ni préparé l'alternance.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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François Hollande ne veut pas renoncer à être "normal" et surtout à l’afficher, il plante le décor en se rendant dans les studios de TF1,  au lieu d’habiter les lieux et de recevoir les journalistes à l’Elysée, un choix réfléchi.

Le président de la République me fait penser à cette histoire d’un chef d’entreprise qui est au bord de déposer son bilan et  laisse son entreprise à un repreneur ; au moment de la passation de son mandat de PDG, il  remet à celui-ci trois enveloppes, en lui disant de les ouvrir lorsqu’il aura de grosses difficultés… ce qui bien sûr, devient rapidement le cas. Il ouvre alors la première enveloppe, le conseil est le suivant : "accusez votre prédécesseur". Les mois passent et la situation empire, c’est le moment d’ouvrir la deuxième enveloppe : "accusez la conjoncture", dit-elle. Mais rien ne s’arrange, au bout d’un an l’entreprise est presque en faillite, le nouveau président espère le conseil salvateur et se résout à ouvrir la dernière enveloppe qui est péremptoire : "c’est à votre tour de  préparer trois enveloppes".

Il faut que cesse cette référence permanente implicite ou explicite à Sarkozy. Globalement, la moitié des électeurs avait voté pour celui-ci et c’est en quelque sorte une façon d’expliquer à ces électeurs que tout est de leur faute ; ensuite, cette insistance laisse penser que ce soucis de faire absolument autrement tient lieu de programme et de personnalité au nouveau président qui ne se définit que par opposition . Le problème de la France n’est pas économique, il est politique, personne n’a le courage de dire la vérité, personne n’a le courage de l’entendre et personne n’a le courage de faire ce qu’il faut.

Comment donc ne pas avoir de compassion pour le président qui sait, et forcément il sait, que tout ce qu’il doit mettre en œuvre est contraire à ce que veut sa majorité. Sa prise de risque, celle qui en fera un vrai président, c'est de trahir l’idéologie du PS qui, à la stupéfaction générale n’a pas évolué depuis des années ni d’ailleurs sérieusement préparé une alternance. Le risque est terrible car imaginons qu’il soit Gaullien et veuille vraiment agir pour le bien des Français, quitte à être impopulaire (de toutes façons ne l’est il pas  déjà), sa majorité parlementaire ne le suivra probablement pas et ne votera  pas ce qu’il décide.

Gaullien, il a tenté de l’être avec application ce soir, essayant de donner à sa gestuelle la conviction que les mots n’arrivent pas à faire passer.  Mais pas facile d’être émerveillé par la perspective d'un "agenda du redressement", difficile de s’enthousiasmer pour des poncifs : qui peut être contre les PME, l’exportation, le partage des richesses ?

Quant à donner un cap, on pouvait rêver d'autre chose comme grande idée mobilisatrice que le "redressement de la France" ; ceux qui sont contre, levez- vous !

On danse d’un pied sur l’autre sans petite musique en espérant que Claire Chazal va faire sortir quelque chose d’inattendu…

Le président dimanche soir a-t-il  fait suffisamment le grand écart pour caresser des chefs d’entreprises démobilisés, rassurer l’extrême gauche, récupérer Bernard Arnault ? François Hollande est mal à l’aise sur le sujet tout de même, l’intéressé ayant reprécisé juste avant l’allocution de 20h qu’il payait et aller continuer de payer ses impôts en France. Franchement, Jean-Luc Mélenchon, Martine Aubry et les autres doivent se sentir gênés de l’avoir trainé dans la boue pendant 48h : un traitre, un fuyard, un type vautré dans le luxe, un riche méprisable... Voilà qui donne envie de créer en France le premier groupe mondial de luxe.

Pour le concret il faut encore attendre, tout ce que l’on apprend c’est la répartition des impôts, youpi : 10 milliards de prélèvements à multiplier par 3 : entreprises, Etat, particuliers ; ah bon.

On aurait aimé des propositions concrètes pour faciliter la vie des chefs d’entreprises. Tiens par exemple, est-ce favoriser la croissance de laisser trainer devant les tribunaux  la société Bricorama et de lui réclamer 20 millions d’amendes parce qu’il reste ouvert le dimanche à la grande satisfaction des bricoleurs… du dimanche et des 5000 employés menacés ? C’est pour Montebourg ?  Et les réformes ? L’oxygène ? L’enthousiasme ? C’est pour quand ?

"Croissance et sérieux budgétaire", quelle idée lumineuse et quelle fierté d’entendre que d’ailleurs "l’Europe s’y plie".

Un soupir désabusé, c’est un peu ce que l’on ressent après cette intervention.

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