Pourquoi les mesures anti crise de Mario Draghi et le rachat de la dette ne permettront pas à l'Europe de sortir de la récession<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la BCE Mario Draghi a présenté jeudi le nouveau programme de rachat de titres de dette d'Etats de la zone euro.
Le président de la BCE Mario Draghi a présenté jeudi le nouveau programme de rachat de titres de dette d'Etats de la zone euro.
©Reuters

A la rescousse

Le président de la Banque centrale européenne a donné aujourd'hui une conférence de presse où il a annoncé le lancement d'un nouveau programme de rachat d'obligations d'Etat pour venir en aide aux pays les plus endettés.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Mario Draghi tenait aujourd’hui la conférence de presse la plus périlleuse depuis la création de la Banque centrale européenne. Malgré le probable refus de Jens Weidmann (président de la Bundesbank) d’apporter un vote favorable aux décisions prises, la BCE choisit aujourd’hui d’intervenir directement sur le marché de la dette.

Le programme dévoilé sous le nom de OMT (Outright Monetary Transactions) consiste à intervenir de façon illimitée sur le marché obligataire. Les pays concernés seront ceux ayant recours aux programmes EFSF/ESM (European Financial Stability Facility et European Stability Mechanism), ou ayant d’ores et déjà fait l’objet d’un plan de sauvetage. Les obligations concernées auront une maturité comprise entre 1 et 3 ans, et ces rachats seront « stérilisés » (la liquidité crée par le rachat sera « stérilisée » du marché par la Banque centrale européenne afin de ne pas créer de monnaie supplémentaire). Les pays ne respectant pas les termes leur étant imposés seront exclus. Il est à noter que le FMI sera associé à ces programmes.

En clair, il s’agit ici de pouvoir offrir un soutien monétaire aux pays ayant demandé un plan de sauvetage. Ce soutien sera apporté dès lors que le pays en question respectera à la lettre les plans de rigueur de la « Troika ». L’Espagne et L’Italie font ici figure de favoris. Le marché ayant d’ores et déjà racheté les dettes de ces deux Etats de façon massive depuis quelques jours, en anticipant l’annonce, la marge de manœuvre de la BCE n’est plus que minime. (L’Espagne est aujourd’hui parvenue à emprunter à un taux de 2.946 % sur une période de 3 ans, contre 4.5791 % en juin).

Ainsi,l’annonce de Mario Draghi offre une bouffée d’oxygène aux marchés européens. Il permet en effet d’offrir une mesure de soutien aux pays les plus en difficultés, mais sous de strictes conditions. Cependant, la mise en pratique elle-même n’aura que peu d’influence, étant donné la capacité d’anticipation du marché. L’évènement le plus important n’est pas la réalisation technique de l’opération, mais bien la décision de la BCE d’aller plus loin dans son action. La plus grande souplesse affichée par la BCE est l’évènement de la journée.

Malheureusement, Mario Draghi a également annoncé  au début de son intervention la révision à la baisse des prévisions de croissance de la zone Euro, et révisé à la hausse les anticipations d’inflation. La situation se détériore dans l’ensemble de la zone, et les prévisions d’une croissance comprise entre - 0.4% et + 1.4% pour l’année 2013 ne permettent pas d’entrevoir une fin de crise.

La BCE vient aujourd’hui au secours des Etats les plus en difficulté mais n’offre aucune perspective de croissance par son action dans la zone euro. Son intervention de la journée n’est qu’une mesure de défense contre l’éclatement de la zone, et non un plan d’action pour une sortie de crise. Le mandat de stabilité des prix, dogme de la BCE ne permettant pas d’agir plus avant.

Le 12 septembre, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe se prononcera sur la légalité des plans EFSF/ESM, laissant encore une menace planée sur le plan annoncé ce jour. Le 13 septembre prochain sera le jour de l’intervention de Ben Bernanke, président de la Réserve Fédérale Américaine, qui sera au moins aussi attendu que Mario Draghi aujourd’hui. Et ce, en raison de l’éventualité de la mise en place d’un nouveau plan d’assouplissement quantitatif, ou de toute autre mesure « non conventionnelle ».

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