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De la convivialité en diplomatie
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EDITORIAL

Tunisie, Egypte, Libye, et demain Maroc ? Le mélange des genres que les scandales ont révélé ces dernières semaines nuit à la qualité des relations diplomatiques françaises....

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Dans le fracas de nos joutes politiques internes qui ont entrainé le remaniement gouvernemental de dimanche, on en aurait presque oublié l’essentiel. Les convulsions qui secouent actuellement le monde arabe nous ont beaucoup appris sur les mœurs de certains de nos dirigeants, notamment ceux qu’on croyait les plus intègres, en tous cas ceux qui semblaient les plus « professionnels ».

La révolution du Jasmin a révélé une Michelle Alliot-Marie imprudente, capable d’une proximité hasardeuse avec un homme d’affaires tunisien dont elle aurait dû se tenir à l’écart en sa qualité de ministre des Affaires étrangères ou, tout au moins, dont elle aurait dû refuser les aériennes largesses. Grâce au soulèvement populaire en Egypte, nous avons découvert que l’austère François Fillon à la raie sur le côté si soigneusement dessinée utilisait sans gêne apparente les avions de Moubarak pour ses séjours privés en Egypte. Et depuis la quasi guerre civile en Libye, nous savons que le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Ollier –compagnon de MAM à la ville, désormais surnommé “POM pourri”!- n’a jamais rechigné à monter au créneau pour défendre le régime corrompu et sanguinaire du colonel Kadhafi.

A ce rythme, je ne serais pas surpris que d’autres membres du gouvernement soient éclaboussés par ce printemps arabe bien hivernal s’il s’étendait au Maroc, autre destination touristique de prédilection de nos élites, ou au Qatar, où l’émir Al Thani et sa belle épouse, la Cheikha Moza, ont le carnet de chèques si facile…

Ainsi donc, la fameuse politique arabe de la France servirait de prétexte à des échanges intéressés entre quelques uns de nos responsables et des potentats bien plus généreux s’agissant de leur lobbying international que de la redistribution des richesses de leur pays. Quelle leçon la République irréprochable de Nicolas Sarkozy a-t-elle tiré de ce constat exécrable ? Que dorénavant, nos ministres devront passer leurs vacances dans l’hexagone ! Punis comme s’ils n’étaient que garnements inconséquents, dépourvus de la moindre éthique de comportement.

Il aurait été, à mon sens, plus digne de rappeler à tous quelques principes simples et notamment celui-ci : si, en effet, l’on se doit d’entretenir avec les pays membres des Nations Unies des relations diplomatiques et économiques, il paraîtrait tout aussi judicieux de ne plus témoigner de la convivialité à l’endroit de dictateurs affamant leur peuple sans vergogne.

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