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Fair play financier : Platini est-il en train de tuer l’économie du football européen... ou de mettre un coup d'épée dans l'eau ?
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Le fair-play financier, qui obligera les clubs européens de football à présenter des comptes à l'équilibre, sera instauré lors de la saison 2014-15. Reste à voir si cela changera les pratiques.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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"Nous ne reviendrons jamais en arrière, PSG ou pas PSG". Ainsi parla Michel Platini en marge de la finale de la Supercoupe d’Europe vendredi à Monaco au sujet du fameux « Fair play financier » qui doit entrer en vigueur en 2013-2014. A partir de cette date les clubs européens n’auront plus le droit de dépenser plus qu’ils ne gagnent et seront tenus de présenter à l’UEFA des comptes à l’équilibre, au risque de subir de lourdes sanctions allant jusqu’à l’exclusion des coupes d’Europe à compter de la saison 2014-2015.

Le vœu est pieux et Dieu sait si les clubs français n’auraient pas été si défavorisés par rapport à leurs concurrents des autres pays européens si le fair play financier était entré en vigueur en même temps que l’arrêt Bosman ou si une DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion) avait été mise en place au niveau européen. Il faut en effet rappeler que seuls les clubs français et allemands ont une autorité de tutelle au dessus d’eux, chargée de vérifier les comptes et de sanctionner les clubs dont les déficits sont trop importants. Les sanctions sont parfois doubles, comme ce fût le cas pour Toulouse en 2001 lorsque le club passa directement de la Ligue 1 au National suite à une double rétrogradation sportive et administrative.

Dans le même temps, les clubs espagnols, anglais et, dans une moindre mesure depuis quelques années, italiens, ont pu faire d’un point de vue financier absolument tout…et n’importe quoi. Ainsi, l’endettement net de l’ensemble des clubs européens atteint aujourd’hui la somme pharamineuse de 6.9 milliards d’euros !

En Espagne, la dette des clubs a été gérée pour partie par…l’état, celui-ci annulant régulièrement leurs dettes fiscales et sociales. Avec la crise, et malgré la passion des espagnols pour le football, le gouvernement a décidé de changer son fusil d’épaule et d’exiger des clubs qu’ils payent enfin leur dû qui dépasse aujourd’hui les 750 millions d’euros. La somme est logiquement énorme puisque outre- Pyrénées les impôts des joueurs sont, théoriquement, prélevés à la source. Il est cependant logique que les clubs n’arrivent pas à payer ces dettes, l’endettement cumulé des deux cadors de la Liga (le Barça et le Real), dépassant le milliard d’euros tandis que la situation financière des clubs moins côtés est elle aussi catastrophique (six clubs de la Liga sur 20 sont en redressement judiciaire).

En Angleterre, les pertes sont épongées par de riches mécènes comme Roman Abramovitch à Chelsea. Le magnat russe a en effet mis de sa poche 2 milliards d’euros depuis 2003. A Manchester United, le mécène est américain et s’appelle Malcolm Glazer tandis que Manchester City suit le même destin depuis son rachat par des fonds venus du Golfe Persique. Inutile de dire qu’on comprend mieux les baisses de résultats d’Arsenal quand on sait que ce club affiche un résultat d’exploitation positif, faisant figure d’ovni dans la Premier League.

En Italie, la folie des grandeurs des années 90 qui se résumait à une guerre entre Berlusconi (Milan AC), Moratti (Inter) et Agnelli (Juventus) est passée de mode, les actionnaires en ayant certainement assez de mettre la main à la poche à la fin de chaque saison. Cette baisse de moyens des tenors du Calcio explique d’ailleurs la baisse de performance des clubs italiens dans les compétitions européennes.

Alors, devant cet aperçu du paysage footballistique européen, on peut logiquement se demander à quoi va servir le fair play financier. Assurément pas à grand-chose, rien n’empêchant le mécène d’un club (comme QSI au Paris Saint Germain) de se transformer en très généreux sponsor maillot pour équilibrer les comptes.

Le football étant un sport mondialisé soumis à la loi du marché il n’y a aucune raison que les choses changent.

Le footballeur Michel Platini envoyait régulièrement ses coup-francs dans la lucarne des buts.

Le fair play financier du  Président de l’UEFA Michel Platini risque inéluctablement de s’écraser dans le mur.

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