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Insécurité ou sentiment d’insécurité : pourquoi une certaine gauche si proche des classes populaires n'ouvre-t-elle pas
les yeux sur leur quotidien ?
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Nous n'avons pas les mêmes valeurs

François Hollande a estimé que "L'armée n'a pas sa place pour contrôler les quartiers". Une réponse adressée à la sénatrice socialiste Samia Ghali qui proposait cette solution pour lutter contre les trafics de drogue à Marseille. Pourquoi la gauche ferme-t-elle les yeux sur l'insécurité qui touche pourtant les classes populaires, première cible électorale du PS ?

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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Certes, Manuel Valls a durci le ton du gouvernement socialiste, mais comme le montre le refus d’une intervention de l’armée à Marseille, les vraies mesures tardent. Signe que certains à gauche n’ont toujours rien compris aux problèmes d’insécurité.

Hausse de l’insécurité : une réalité et pas un sentiment

Un papier de Libération soutient que « La gauche a peur. Effrayée de passer pour angélique aux yeux du téléspectateur du 20 heures de TF1, elle apparaît comme tétanisée dès lors qu’il s’agit de sécurité (…) Revenue au pouvoir, il est plus que temps qu’elle s’arrache au piège idéologique tendu par la droite. (…) Qu’elle démontre clairement que le réalisme se situe du côté de ceux qui jamais ne cherchent à attiser les peurs en confondant, par exemple, insécurité et sentiment d’insécurité ».

Passons sur le mépris vis-à-vis d’un peuple, qui serait trop bête pour prendre du recul sur l’information : en 2005, il a démontré qu’il en était capable, à la grande colère du rédacteur en chef de ce même journal… La théorie selon laquelle les médias pourraient créer un sentiment d’insécurité totalement déconnecté de la situation réelle du terrain ne tient pas une secondeMême Lionel Jospin avait reconnu avoir été « naïf » face à la montée des violences lorsqu'il était à Matignon.

Le chiffre global de la délinquance a baissé de près de 20% depuis 2001. Mais ce mélange de choux et de carottes est trompeur. Car cette baisse vient notamment d’un recul des vols de voitures (- 61% de 2001 à 2011), du fait des progrès technologiques. En revanche, les coups et blessures ont augmenté de 67% de 2001 à 2011. Ce n’est pas le sentiment d’insécurité qui progresse, comme le soutiennent quelques belles âmes, mais bien l’insécurité, et sous sa forme la plus dure.

Pire, il faut savoir que cette violence touche notamment les classes populaires et les jeunes, les premières cibles électorales de cette même gauche. Selon l’enquête réalisée par l’INSEE pour l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, les 14-24 ans sont 2 fois et demi plus susceptibles d’être victimes d’un vol, d’une tentative de vol ou de violences physiques. En fait, le sentiment d’insécurité, mesuré par l’INSEE n’a progressé que marginalement sur la période.

Pourquoi un tel relativisme ?

Le retour de la gauche au pouvoir s’illustre par la montée d’un discours relativiste à l’égard de la violence. Christiane Taubira a annoncé la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs et a indiqué vouloir faire moins de répression. Les expulsions de Roms de terrains privés qu’ils occupent au mépris de la loi provoquent un cortège de réactions indignées alors qu’il est pourtant simplement normal d’expulser des personnes qui occupent illégalement une propriété privée.

Bref, même si Manuel Valls tient un discours qui tranche à gauche, il semble bien seul, et ce ne sont pas quelques déclarations et expulsions qui changeront grand chose, d’autant plus que le problème est souvent seulement déplacé et absolument pas réglé. Certaines associations demandent même que des solutions de relogement soient trouvées avant toute expulsion, donnant la priorité à des personnes qui occupent illégalement des terrains privées sur les droits des propriétaires !

Dans le Monde du 30 août, après le 14ème assassinat en huit mois à Marseille, Rokhaya Diallo affirme que « lutter contre les discriminations, restaurer la confiance des citoyens à l’égard de leur police, permettre aux policiers de travailler de manière plus efficace, voilà qui devrait être la priorité du ministre de l’intérieur ». Il est effarant de ne pas comprendre que la priorité est la restauration de l’ordre et de la sécurité pour tous les citoyens de la République, notamment dans la cité phocéenne.

Deux explications peuvent sans doute éclairer ce relativisme. Tout d’abord, l’influence toujours présente de l’idéologie libertaire et soixante-huitarde, pour laquelle il est « interdit d’interdire » et qui rejette toute notion d’ordre. Ensuite, on peut y voir l’interprétation classique mais caricaturale selon laquelle les déterminants sociaux auraient plus d’importance que les décisions individuelles, faisant des délinquants des victimes de la société, quite à oublier les vraies victimes dans l’affaire.

Finalement, ces papiers montrent la déconnexion totale d’une certaine gauche, qui préfère hurler à toute mesure ou déclaration un tant soit peu sécuritaire alors que la situation est dramatique. A Marseille, la population n’a pas besoin de reçu, mais d’une aide de l’armée, comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan.

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