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Les fonctionnaires contre l'État ?
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Réforme de l'État

C'est un véritable pavé dans la mare que lance L'IFRAP, la fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques. Réputée pour son travail pointilleux d'audit des dépenses de l'Etat, travail régulièrement relayé par l'ensemble des médias, la fondation affirme aujourd'hui dans un brûlot signé par sa présidente, Agnès Verdier-Molinié, que la fonction publique ne travaille plus au service des citoyens... mais d'elle-même.

Agnès Verdier-Molinié et l'équipe de l'iFRAP

Agnès Verdier-Molinié et l'équipe de l'iFRAP

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation IFRAP(Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Son dernier ouvrage est : 60 milliards d'économies !, paru aux éditions Albin Michel en mars 2013
 

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On parle toujours de la puissance du lobby pharmaceutique. Mais le plus puissant lobby de France est de loin le lobby public. Ce lobby bloque au quotidien les réformes dont la France a besoin. Soit en les orientant à son profit, soit en les sabotant purement et simplement. Les fonctionnaires se retournent ainsi contre l’intérêt général et contre l’Etat. Il est vrai que tous les fonctionnaires ne sont pas responsables de cet état de fait et qu’un certain nombre garde l’intérêt général chevillé au corps. Mais, ceux-là n’ont a priori pas besoin d’emploi à vie et de surprotection pour bien faire leur travail.

Couvert par une alliance objective entre la haute fonction publique qui veut notamment pouvoir continuer à faire de la politique à l’abri du parachute public et les syndicats ultra-subventionnés par la public, le lobby public passe toute son énergie à défendre ses acquis. Résultats : nous avons en France  un système qui, avec le plus fort taux de dépenses publiques (55 % du PIB)  produit des services publics chers et pas toujours performants et aussi, paradoxalement,  "beaucoup de mal être chez ses agents" comme ils me le disent eux-mêmes.

Les limites du système public français

La rigidité de notre système public français a atteint ses limites. D’ailleurs, tous les autres grands pays d’Europe ont réussi à réduire leur nombre de fonctionnaires et à réformer leur statut. Sur l’ensemble de notre produit intérieur brut, 13 % est utilisé en France aux dépenses de personnel. Dans les pays comparables, c’est plutôt 9 %. En France, nous avons 30 % de fonctionnaires en plus que l’Allemagne.  Au plus fort de la crise des dettes publiques en Europe, nombre de pays ont gelé les salaires publics, voire les ont baissés.

Le lobby public a encore obtenu de très bons résultats puisque, en juillet dernier, en pleine crise de la dette, la France a été le seul pays à augmenter, pour 1 milliard d’euros, ses dépenses de personnel, augmentant le point d’indice d’un demi-point... La révision générale des politiques publiques a été par exemple détournée de son objectif initial qui était de faire des économies sur les dépenses publiques. On supprime des postes mais on dépense de plus en plus en salaires et primes. La réforme des retraites a été aussi réduite à un simple ajustement grâce aux grèves et manifestations très  actives des salariés du secteur public.

Quels contre-pouvoirs ?

A l’heure actuelle, il n’y a pas, en France, de véritable contre pouvoir au lobby public. La Cour des Comptes, qui fait un travail remarquable, n’a malheureusement que peu d’impact sur les politiques publiques et il semble que, quand on essaie d’aborder sans tabou la question de l’emploi à vie par exemple, cela soit considéré comme un crime de lèse majesté… Pourquoi ne pourrait-on pas dire qu’un service public peut aussi être rendu hors de tout statut ou monopole public ? C’est d’ailleurs déjà le cas puisque cliniques privées ou écoles privées délivrent des services publics sans avoir d’emploi à vie des personnels.

La première proposition de mon livre consiste à doter enfin les fonctionnaires qui ne sont pas dans la justice, la défense, la police… d’un contrat de travail classique comme les autres salariés. La seconde proposition est que tout agent public qui souhaite entrer en politique, dans un cabinet ministériel,  ou travailler dans une entreprise publique ou privée, démissionne.

La troisième serait de sevrer les syndicats français de leur trop grande addiction à la manne publique. A court terme évidemment, comme le propose d’ailleurs la Cour des comptes, il faut geler les salaires des agents publics et trouver un moyen de juguler les embauches de manière plus efficace notamment dans les collectivités locales. Mais pour tout cela il faudra surmonter bien des tabous !

A LIRE AUSSI : Service publique(ment vôtre) la réponse à Agnès Verdier-Moligné d'Eric Verhaeghe ancien président de l'APEC

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