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Jean-François Copé s'est officiellement lancé dimanche dans la course à la présidence de l'UMP, élection qui promet un duel féroce avec François Fillon, favori des sondages.
Jean-François Copé s'est officiellement lancé dimanche dans la course à la présidence de l'UMP, élection qui promet un duel féroce avec François Fillon, favori des sondages.
©Reuters

L'héritier légitime ?

Jean-François Copé a officiellement annoncé sa candidature à la tête de l'UMP dimanche. Il a multiplié les références à Nicolas Sarkozy et s'est voulu le pourfendeur d'une droite décomplexée. Mais qu'est-ce que le copéisme ?

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Le Fillonnisme pour les nuls

Il n’existe pas à ce jour de définition communément admise du copéisme. Dans le contexte de l’élection du président de l’UMP, on serait au demeurant bien en peine d’identifier le copéisme par l’examen des copéistes. Ces derniers appartiennent en effet à toutes les sensibilités du parti, qu’il s’agisse du chiraquien rural Christian Jacob, de la sarkozyste Rachida Dati, du libéral Hervé Novelli, du centriste Jean-Pierre Raffarin, ou de la frange la plus proche du Front national, la Droite populaire, avec des personnalités telles que Lionnel Luca.

Cette situation, également observable autour de François Fillon, s’explique par la volonté de rassembler toutes les factions en vue du vote des adhérents. Nolens volens, la somme des soutiens de Jean-François Copé penche cependant plus à droite que son équivalent filloniste et les sarkozystes y sont davantage représentés. En outre, contrairement à François Fillon, leur chef de file n’a jamais manifesté de réticence à suivre la ligne d’identité nationale dont le paroxysme fut le discours de Grenoble.

Une définition nette du copéisme n’est pas non plus atteignable au travers des quatre livres politiques écrits par Jean-François Copé en une quinzaine d’années, le plus célèbre étant Promis. J’arrête la langue de bois, sorti en 2006. Tous traitent essentiellement de la méthode de gouvernement et de la communication publique politique, qu’il s’agisse d’une mairie ou d’un poste ministériel. En d’autres termes, l’actuel secrétaire général de l’UMP n’a pas publié à ce jour l’équivalent du livre-programme de François Fillon, La France peut supporter la vérité, sorti lui aussi en 2006.
En définitive, on est en droit de se demander si, plutôt qu’un corpus doctrinal, le copéisme ne serait pas un ensemble de méthodes. Deux exemples sont emblématiques. Premièrement, lorsqu’il est ministre du Budget pendant le second mandat de Jacques Chirac, son grand œuvre sera d’engager l’administration dans les premiers pas de la révision générale des politiques publiques. Ce faisant, il a d’ailleurs appliqué très précisément la méthode apprise aux Etats-Unis en complément de sa formation d’énarque : le New public management, c’est-à-dire la transposition des méthodes de management des grandes entreprises du secteur privé dans le secteur public, en postulant que cela suscitera en soi davantage d’efficacité et d’économies.
Deuxièmement, il applique systématiquement les mêmes stratagèmes de rhétorique que Nicolas Sarkozy, en particulier la généralisation des arguments adverses, l’enfermement de l’adversaire dans un faux choix entre capitulation et position indéfendable, et l’argument d’autorité (en particulier la référence à des pays étrangers par benchmarking implicite). En l’espèce, comme l’ancien président, il met en pratique l’intégralité des techniques expliquées par Schopenhauer dans l’Art d’avoir toujours raison, texte lui-même inspiré d’Aristote.
Ainsi, dans l’exercice du pouvoir comme dans la communication publique, ce qui transparaît chez Jean-François Copé, c’est la méthode. Significativement, lorsque ses soutiens à l’UMP sont interrogés sur lui, ils mettent d’ailleurs spontanément en avant son sens de l’organisation, et non telle ou telle idée. Certes, le New public management, qui nimbe d’ailleurs les propositions de son club de réflexion Génération France, est intrinsèquement libéral dans ses hypothèses d’efficience. Certes, la Commission trilatérale, réseau de personnalités influentes des États-Unis, d’Europe et du Japon dont il est membre, est atlantiste. Il n’en demeure pas moins que dans le ciel des idées, sa principale caractéristique reste d’avoir fondamentalement suivi et exprimé avec constance la ligne du gouvernement ou du parti, que ce soit comme porte-parole de l’un sous Jacques Chirac ou comme secrétaire général de l’autre sous Nicolas Sarkozy.

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