Jeux paralympiques 2012 : La soif de médailles pousse certains athlètes à se mutiler<!-- --> | Atlantico.fr
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Près d'un tiers des athlètes touchés à la colonne vertébrale se mutileraient pour booster leur performances.
Près d'un tiers des athlètes touchés à la colonne vertébrale se mutileraient pour booster leur performances.
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Nouveau dopage ?

Se briser l’orteil, s’infliger des chocs électriques, ou encore s’enfoncer des punaises dans les testicules. Aux Jeux paralympiques aussi, les athlètes sont prêts à tout pour gagner…

S’auto-mutiler... Cette pratique du nom de "boosting" est bien connue des sportifs dont la colonne vertébrale a été endommagée. Contrairement aux valides, lorsque les personnes atteintes à la colonne vertébrale fournissent un effort, leur pression sanguine et leur rythme cardiaque ne s’accélèrent pas. Le problème ? Leurs muscles ne sont pas aussi bien oxygénés et cela affecte leur compétitivité. Mais grâce au boosting, qui permet de stimuler la pression sanguine et le rythme cardiaque, les performances de ces sportifs de haut niveau peuvent augmenter de 10 à 15 %.

Le phénomène est décrit par des chercheurs dans un article de la BBC comme un acte désespéré d’athlètes souhaitant concourir sur un pied d’égalité. Parce que même parmi les paralympiens, ne pas avoir une pression sanguine normale est un sérieux désavantage, selon le docteur Andrei Krassioukov, spécialisé sur les blessures de la colonne vertébrale. "D’abord ils se sentent mieux avec un pression sanguine plus élevée. Mais surtout, ils veulent gagner, ils veulent pouvoir concourir sur un pied d’égalité avec les autres athlètes paralympiques", explique le chercheur.

Plusieurs techniques sont utilisées par les sportifs, des plus softs au plus trashes. L’alpiniste Brad Zdanivsky, interviewé par la BBC a presque tout essayé. "Vous pouvez simplement vous retenir d’aller aux toilettes et laisser votre vessie faire le reste. Mais j’ai fini par monter d’un cran en envoyant des stimulations électriques sur mes jambes, mes orteils et même mes testicules", explique ce Canadien quadraplégique. Les athlètes sont-ils donc prêts à tout pour gagner ? Car cette technique n’est pas sans risque. Si elle permet d’améliorer les performances et augmentent les chances de victoire, le prix à payer peut être élevé. Une pression sanguine trop élevée provoquée par l'auto-mutilation augmente fortement les risques d’un accident vasculaire cérébral.

Selon un documentaire diffusé sur BBC World ce jeudi, le boosting serait répandu et près d’un tiers des athlètes blessés à la colonne le pratiqueraient. Selon une étude du Comité international paralympique, seuls 16,7% des athlètes interrogés avaient déclarés y avoir eu recours. Néanmoins, beaucoup pourraient s'être tu sur leurs pratiques.  

Le porte-parole du comité international paralympique a estimé que seule une centaine de sportifs pratiquait le boosting, interdit par le comité paralympique depuis 1994. Les contrôles cibleront particulièrement les courses de fauteuils roulants. Si la pression sanguine des sportifs contrôlés s’avère trop élevée, ils ne seront pas autorisé à participer à la compétition, aucune sanction de long terme n’étant prévue. Pour lutter contre cette forme de dopage dangereuse, Andrei Krassioukov propose d’intégrer la pression artérielle et la fréquence cardiaque des athlètes dans le système d’évaluation du handicap, afin de créer des compensations. Le Comité international paralympique, lui, refuse catégoriquement. Alors en attendant, l’équipe paralympique britannique suit un programme de sensibilisation aux dangers du boosting.

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