Emplois d'avenir : quand le PS utilise ses vieilles recettes pour construire une nouvelle politique sociale<!-- --> | Atlantico.fr
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"Pour esquisser les contours d’une nouvelle politique sociale, le gouvernement va puiser en fait dans l’arsenal des vieilles recettes."
"Pour esquisser les contours d’une nouvelle politique sociale, le gouvernement va puiser en fait dans l’arsenal des vieilles recettes."
©Reuters

Editorial

Pour tenter d'enrayer la montée du chômage des jeunes en France, le gouvernement va mettre en place les contrats d'avenir, mesure phare de la campagne de François Hollande.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’imagination n’est toujours pas au pouvoir. « Les contrats d’avenir » qui vont être lancés à grands renforts de médias usurpent totalement leur nom. Pour esquisser les contours d’une nouvelle politique sociale, le gouvernement va puiser en fait dans l’arsenal des vieilles recettes, faute de faire preuve  de la créativité qu’on attendrait de ceux qui ont décidé que « le changement c’est maintenant ». Pour tenter d’enrayer la montée du chômage qui frappe un jeune sur deux sans diplôme et éviter de franchir la barre des trois millions jugée catastrophique pour sa crédibilité, le gouvernement va recourir à la technique bien connue de la subvention, avec une prise en charge en grande partie par l’Etat de 150 000 emplois réservés aux jeunes non qualifiés. Un procédé éculé auquel ont eu recours aussi bien la droite que la gauche depuis trente ans, et qui apparaît comme un pis aller, uniquement justifié par le souci de faire baisser les statistiques du chômage à court terme. Une fois de plus la France se singularise alors que ses principaux partenaires tournent le dos à un tel dispositif en raison de son coût prohibitif pour des résultats décevants.

Au demeurant, la Cour des comptes condamne depuis longtemps un système dont l’efficacité s’est révélée très médiocre dans le passé. Il ne favorise pas l’insertion professionnelle, faute d’accompagnement d’une formation suffisante, de sorte que la moitié au moins de ses bénéficiaires restent sur le sable, lorsque la durée du contrat est achevée. On ne crée pas impunément un nombre élevé d’emplois pour un personnel non  qualifié sans un minimum de préparation. Talonnée par l’urgence, la distribution des aides risque de se faire à l’emporte-pièce, dans un climat où le clientélisme politique ne sera pas absent, ce qui ajoutera un effet pervers de plus.

Le secteur public sera naturellement au centre du dispositif, car il est le plus perméable aux sollicitations de l’Etat. Mais le gouvernement  a voulu ouvrir les contrats d’avenir au secteur privé pour répondre à certaines critiques de l’opposition, mais sans se faire trop d’illusions sur les débouchés qu’il pourrait trouver auprès des entreprises. En fait, celles qui répondront positivement pourraient faire avaliser le label à des embauches qu’elles auraient réalisé de toute manière en profitant d’un certain flou concernant la définition des secteurs en difficulté. C’est ce que la Cour des comptes qualifie d’ « effet d’aubaine» et qui va à l’encontre de l’objectif recherché.

L’ensemble du programme coûtera un milliard et demi d’euros en année pleine selon les estimations officielles. Une nouvelle source de dépenses publiques qui n’était pas prévue au départ. Par ailleurs, il  va encore compliquer la tâche des directeurs du personnel par de nouvelles dispositions qui seront introduites dans le code du travail, qui s’alourdit d’année en année. Et son accueil ne suscite aucun enthousiasme dans les milieux professionnels, ni chez les patrons ni parmi les syndicats, qui y voient seulement des mesures à courte vue. Personne n’est dupe : une véritable politique de l’emploi reste à inventer.

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