Hausse du prix des carburants : quelques conseils pour réduire votre facture <!-- --> | Atlantico.fr
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La moyenne des prix de l'essence en France le 20 août s’élevait à 1,66 euro pour le sans plomb 95, à quatre centimes de son record historique du 9 avril 2012.
La moyenne des prix de l'essence en France le 20 août s’élevait à 1,66 euro pour le sans plomb 95, à quatre centimes de son record historique du 9 avril 2012.
©Reuters

Lever le pied

Une station parisienne facture le litre de Sans plomb 95 à 2,05€ le litre depuis lundi. Il y a quelques années, les prix actuels du carburant auraient été perçus comme un seuil à partir duquel la voiture serait restée au garage. Un choix impossible pour beaucoup de Français... Mais il leur reste la possibilité de réduire leur facture.

Etienne Coyault

Etienne Coyault

Etienne Coyault est chargé d'études à l'association 40 millions d'automobilistes.

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Atlantico : La moyenne des prix de l'essence en France le 20 août s’élevait à 1,66 euro pour le sans plomb 95, à quatre centimes de son record historique du 9 avril 2012, à 1,682 pour le SP 98 et à 1,468 pour le gazole. Face à de tels niveaux, les automobilistes ont-ils modifié leur comportement ?

Etienne Coyault : Il y a peu de statistiques disponibles sur l'impact de l'augmentation du carburant sur le nombre de kilomètres parcourus par les automobilistes. L'Insee a néanmoins publié une étude intéressante : une hausse de 1% du prix du carburant entraîne une diminution de 0,26% de la consommation. Pour information, dans la semaine du 13 au 19 août, il y a eu une augmentation de 1,5% du prix du gazole et de plus de 2% pour l'essence.

On constate donc une diminution de la consommation de carburant. Or, pour nous, elle ne peut pas s'expliquer par un changement de véhicule ou par un report sur les transports en commun, dans la mesure où ces possibilités sont restreintes à court terme. Si on élimine ces deux hypothèses, il reste deux explications : la limitation des déplacements de loisir, et surtout un changement de comportement des conducteurs. L'association 40 millions d'automobilistes reçoit ainsi beaucoup d'appels de personnes qui souhaitent savoir comment moins consommer.

Quels sont ces conseils qui permettent de réduire sa consommation ?

La première chose qu'on conseille est d'opter, lors d'un changement de pneumatique, pour des pneus économiseurs d'énergie, également appelés pneus à faible résistance au roulement. Ce sont des pneus qui, lorsqu'ils chauffent, consomment moins d'énergie. Il faut en effet savoir que la pneumatique représente 20% de la consommation totale du véhicule. Cela fait un plein sur cinq. Des économies conséquentes peuvent donc être réalisées : de 120 à 150 euros sur la durée de vie des pneumatiques pour un véhicule roulant au sans plomb 95.

L'entretien compte aussi : une voiture bien entretenue consomme nettement moins.

Enfin, il faut adopter un style de conduite économe : ne pas appuyer sur la pédale d'accélérateur lors de la mise en route du véhicule, ne pas faire chauffer le moteur à l'arrêt, et passer les vitesses supérieures assez rapidement. Pour un véhicule à essence, cela doit se faire à 2500 tours/minute, et 2000 tours/minute pour un véhicule diesel. Il faut également utiliser le frein moteur, et le start & stop, de plus en plus présent sur les véhicules, qui coupe le moteur aux feux tricolores.

En adoptant ce type de comportement, on réduit sa facture de manière substantielle.

Les automobilistes adoptent l'éco-conduite, mais peuvent-ils réduire leurs déplacements ?

Sur le long terme, il peut y avoir une réflexion sur l'utilisation de la voiture. Mais en quelques mois, ce sont surtout les déplacements de loisir qui sont concernés. Les gens ont plus tendance à aller à pied acheter leur baguette de pain, par exemple. Sur les grands déplacements, il n'y a pas beaucoup de changements. La voiture reste en outre dans de nombreux cas le mode de transport le plus économe, et beaucoup de Français travaillent dans des lieux pas ou mal desservis par les transports en commun. Il n'y a donc pas de solution pour eux, à part d'adapter leur conduite et d'avoir un véhicule bien entretenu. C'est là qu'il y aura le plus grand gain.

Les pouvoirs publics devraient donc développer les réseaux de transport en commun, notamment en province ?

Effectivement. Mais il faut que l'alternative soit de qualité. Entre la voiture et un bus bondé où règne une chaleur insupportable, le choix est vite fait. Mais un automobiliste qui peut faire le même trajet en tramway ne s'embêtera pas à sortir sa voiture. Le report se fait naturellement lorsque l'offre alternative à la voiture est crédible.

Voyons par exemple les Zones d’actions prioritaires pour l’air (Zapa), qui consiste à interdire l'accès dans certains centre-villes des véhicules polluants. Dans beaucoup de villes, ce projet a mal tourné, car il n'y a pas eu d'étude assez poussée sur le développement des transports en commun. Avant de taxer, d'interdire l'automobile, réfléchissons à la raison pour laquelle les personnes prennent leur voiture : c'est parfois par envie, mais souvent par obligation.

Y-a-t-il un seuil limite du prix du carburant, au-delà duquel il n'est plus possible pour les automobilistes de payer ?

Il y a quinze ans, les prix actuels pouvaient apparaître comme un seuil au-delà duquel on ne prendrait plus son véhicule. Mais aujourd'hui, tout le monde râle, mais fait avec les prix, car ils n'ont pas le choix.

Par contre, on constate à long terme des changements de véhicules pour des modèles plus économes. On ne change donc pas sa façon d'utiliser la voiture, mais la technologie utilisée, en optant par exemple pour l'hybride. Néanmoins, les petites voitures économes sont souvent des citadines, donc ça ne règle pas tous les problèmes : si vous êtes une grande famille, vous ne partez pas en vacances en Clio.

Le développement de l'hybride nous paraît être une situation intéressante, car elle concerne tous les segments de véhicules, contrairement à l'électrique, réservé aux citadines. De plus, avec l'augmentation du bonus sur les véhicules hybrides et certains engagements de constructeurs qui doublent ce bonus, ils peuvent être rentables assez rapidement, sur 5-6 ans.

Le carburant va toujours augmenter : la pénurie sera toujours là, les contraintes géopolitiques aussi, la seule façon de faire baisser la facture est donc d'opter pour des véhicules économes et de conduire de manière écologique

Propos recueillis par Morgan Bourven

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