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Universités d’été d’EELV : "le Parti peut-il être au gouvernement et dans l’opposition en même temps" ?
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Ubiquité

Rendez-vous à Poitiers pour les universités d'été d'Europe Ecologie-Les Verts à partir de mercredi. Alors qu'ils sont, pour la première fois, représentés au gouvernement, au Sénat et à l'Assemblée, les Verts cherchent toujours leur place à côté du géant socialiste.

Gabriel Cohn-Bendit

Gabriel Cohn-Bendit

Militant de l'éducation alternative.

Fondateur du Lycée expérimental de Saint-Nazaire.

Fondateur du Groupement des Retraités et Educateurs sans Frontières (GREF) et du Réseau Education Pour Tous en Afrique (REPTA).

Ancien militant du Parti Communiste Français et du Parti Social Unifié.

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Atlantico : Ce mercredi débutent les universités d'été d'Europe Ecologie les Verts. Le parti se divise sur la question de sa présence au sein du gouvernement. « La difficulté pour Europe Ecologie, c'est la tentation d'être au gouvernement et d'être dans l'opposition en même temps » affirme Daniel Cohn-Bendit. Partagez-vous ce point de vue ?

Gabriel Cohn Bendit : Oui, c'est le problème d'appartenir à une coalition car cela sous-entend que l'on a des accords avec le parti majoritaire mais que les divergences existent et qu'elles doivent continuer à se faire entendre. Les Verts ne peuvent pas constamment jouer au « oui non, non oui ». Toutefois, c'est la position de tout parti partenaire minoritaire d'une coalition politique.

Le fait d'entrer dans le gouvernement n'était pas une erreur, mais les Verts se trompent en essayant de continuer à jouer les opposants. Comme le disait parfaitement Chevènement « un ministre ça ferme sa gueule ou ça s'en va ».

Le risque n’est-il pas de se noyer dans les institutions et de perdre la mobilisation de la société civile ?

Les écologistes sont membres d'un petit parti qui a besoin de nouer des alliances pour gouverner. Leur principal problème est de penser qu'il y a une question prioritaire, en l’occurrence l'écologie, sur laquelle il existe un consensus ; et des positions divergentes sur toutes les autres questions, notamment sur l'Europe, sur les questions sociétales, sur les questions internationales...

Cela donne un parti qui en fin de compte se retrouve à l'extrême gauche sur l’échiquier politique car les positions qu'ils défendent sur les questions non écologiques reflètent plutôt cette sensibilité.

D’un autre côté, pour la première fois de leur histoire, les écologistes ont des représentants au gouvernement, au Sénat et à l'Assemblée. N’est-ce pas une victoire ? « On ne peut pas être à la fois dans la dénonciation de ce qui a été fait auparavant et en même temps ne pas se salir les mains quand on a l'opportunité de faire changer les choses » estime Pascal Durand…

C’est l’une des conséquences du succès d'Europe Ecologie en 2010 aux élections européennes. Grâce à elles, les écologistes ont pu passer des accords avec le PS aux régionales, aux sénatoriales et aux législatives. Ce n'est certainement pas le désastre de la présidentielle qui les a conduit au pouvoir !

Le principal problème, c'est que le parti vert a littéralement tué l'élan d'Europe Ecologie. D'où notamment la défaite cuisante d'Eva Joly.

Jean-Vincent Placé s’est rangé parmi les partisans d'un "non fédéraliste" au traité européen qui prévoit "la règle d'or" budgétaire. Partagez-vous sa position ?

Je ne partage pas son point de vue, mais il n'y a pas de raison qu'un écologiste défende la construction européenne, même si on peut penser que les problèmes liés à l'écologie, qui sont des problèmes à l'échelle mondiale, ont plus de chance d'être traité au niveau européen.

Les divergences sur la question européenne ont toujours existé et ce n'est pas l'écologie qui permettra de trancher la question.

Durant le mois de décembre, les écologistes de toutes les formations politiques, de Chantal Jouanno à José Bové en passant par André Chassaigne, vont se rencontrer pour trouver les points d'accords qui existent malgré les différences de sensibilité.

En 1997, la côte de popularité des écologistes avait progressé de 10 points dès leur entrée au gouvernement, alors qu'en juin dernier, les opinions favorables à EELV ont reculé de 3 points par rapport à mars. Comment l'expliquer ?

Ce n'est pas lié au fait qu'ils soient dans le gouvernement, leur côte de popularité est en baisse depuis bien avant la présidentielle. Le résultat favorable des législatives a simplement été dû aux accords passés avec le PS et pas par leur propre force.

L'image négative des Verts est certainement liée au fait qu'ils sont perçus comme faisant partie d'un petit monde d’apparatchiks assez opportunistes et atteints de « ministrites » aigus. Cette manière de courir après les postes déplaît fortement aux Français.

Le parti se dirige-t-il vers des échecs aux élections intermédiaires, qui lui sont pourtant traditionnellement  favorables ?

Oui, je pense que ce sera un échec cuisant. Le succès de 2010 s'explique par le fait que le parti était ouvert. En effet, la moitié des têtes de liste n'était pas verte. Ces élections européennes ont donné une image d'une force écologique politique qui était tout à fait différente de la petite secte verte. A l'époque, le parti était composé de près de 35 000 adhérents, aujourd'hui il n'en reste même pas 6 000.

Daniel Cohn Bendit a largement contribué au succès d’Europe Ecologie en 2010.Va-t-il se réengager dans la bataille des européennes à venir ?

Non, certainement pas ! Il interviendra sûrement pour donner sa position et sa vision des choses mais il ne sera plus une tête de liste à une quelconque élection.

En outre, je ne pense pas qu'il y ait actuellement la possibilité d'une émergence d'une tête forte capable de mener le parti à un nouveau succès électoral.

Propos recueillis par Célia Coste et Alexandre Devecchio

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