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Enquête chez les accros du sexe en ligne : quand virtualité ne rime pas avec passivité
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Jouissez, vous êtes filmés...

Le récit détaillé de l'univers de ceux qu'on appelle désormais les "sexcaminternautes"... (Partie 2)

Christine De Villiers

Christine De Villiers

Christine De Villiers est journaliste et reporter.

Elle dirige les Editions Gérard de Villiers depuis 1998.

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Partie 1 : Enquête chez les accros du sexe en ligne :les sexcams

Les amateurs de sexcam sont loin d’être tous aussi passifs et pondérés…

Certains se défoulent. Vivant alors une sexualité totalement débridée… Virtuelle. Qu’ils ne connaîtront jamais, sauf derrière leur écran…

En voici quelques-uns… Que j’ai « virtuellement » rencontrés…

22h. J’ai rendez-vous sur MSN avec Régis. 42 ans. Ex-handballeur professionnel, il s’est recyclé dans la branche immobilière d’une banque populaire. Bac plus 5, directeur d’un département de 50 personnes, Régis est beau gosse. Sportif, grand, cheveux clairs, yeux verts… Régis est très séduisant… Mais n’a que peu de temps à consacrer à sa vie privée. Divorcé, il vit seul dans son appartement de Neuilly sur Seine… Seul moyen pour lui de rencontrer de nouvelles femmes : le net… Inscrit sur plusieurs sites, il se contente pour l’instant du virtuel…

Et ajoute : « Tous ces profils bidons m’excèdent, les rares rencontres que j’ai faites étaient catastrophiques… Alors, pour l’instant, je reste chez moi, je privilégie la webcam. Pas de surprise. Et puis, parfois… » Parfois…  Je vais vite découvrir ce que signifie « PARFOIS »… Car Régis n’est guère différent de beaucoup d’autres hommes. D’ailleurs, lors de plusieurs contacts téléphoniques que j’ai eus avec lui, il ne s’en est pas caché. Ou plutôt, il a fait quelques allusions à ses préférences sexuelles. Régis a aussi des exigences et des goûts bien précis. Il fait partie de ces hommes qui ont réellement « un type de femme ». Fan de sous-vêtements, de talons aiguilles, de bas couture, il aime les femmes soignées, élégantes, sophistiquées… Mais surtout… sexy.

Sexy, maître mot dans la bouche de beaucoup d’hommes. « Ce n’est pas parce qu’une femme repassera bien mes chemises… Ou s’occupera du ménage, de la cuisine et sera la reine des tâches ménagères que je tomberai sous le charme… Je recherche ce que j’ai malheureusement perdu : une femme qui me donnait sans cesse envie de lui sauter dessus. Parfois, j’ai l’impression de rêver lorsque je parle avec certaines… Tout ça, c’est vieux comme le monde ! » Et en attendant… J’allume mon PC, Régis est connecté. Un bref hello, et il m’appelle en vidéo…

Surprise de taille : Régis est dans la pénombre, lunettes fluo sur les yeux, entièrement nu, avec une laisse de chien autour du cou… Je suis interloquée. Je n’étais pas prévenue… Régis est SM… Il aime dominer. Et, dans les préférences qu’il affiche, il ne le mentionne pas. Mais le laisse découvrir. Et je viens de le découvrir. Je reste de marbre, et lui demande ce qu’il attend de moi. « Que tu sois ma chienne… ». Là, impossible pour moi de jouer ce rôle… « Tant pis… Déshabille-toi… Je veux te voir nue dans la cam, entièrement nue, avec des bas, et des talons aiguilles… Je veux te voir te caresser devant moi, j’en ai tellement envie… Caresse -toi… Déshabille-toi… Mets un porte-jarretelles, des bas noirs, des escarpins… » Je tente une discussion sur cette habitude qu’il a prise d’utiliser la cam pour vivre sa sexualité. Il se ferme. Se renfrogne. « Je pensais que tu avais compris, que tu étais prête à jouer avec moi »… Non… Je réfléchis encore quelques secondes… Puis, je coupe la cam, et le retire de mes contacts…

Quelques jours pus tard, je reçois une demande d’ami sur Facebook… C’est encore lui. Là, je deviens plus ferme… Et refuse. Ce sera mon dernier contact avec lui.

Régis est addict à la sexcam. La partenaire « idéale », il ne la trouvera pas dans la réalité. Alors, il la cherche sur le net … Au même titre qu’on cherche sa nouvelle voiture.

« Dès l’instant où une personne en arrive là… Elle est déjà dans l’addiction… », explique le docteur Alain Meunier, psychiatre. « Elle a dépassé la zone rouge »… Mais le net a ceci de tentant : il respecte le côté « chasseur » de l’homme… Et les hommes, plus gros consommateurs de sexcam et de sexe immédiat sur le net, sont les meilleurs clients.

Voici Fabrice. 49 ans. Un sicilien macho. Il circule sur le net depuis un long moment. Fraîchement séparé de sa femme, il consomme… Et est un grand utilisateur de sexe sur la toile.

Fabrice vit à Cannes, où il exerce le métier de capitaine de yacht. Jusque là, Fabrice montre aux autres un visage d’homme protecteur…  Mais la réalité est toute autre. Cannes est une petite ville. Fabrice passe ses journées sur le net. A la recherche de l’âme sœur. Utilisant des procédés peu catholiques. Son ordinateur n'est pas équipé de webcam… Qu’à cela ne tienne : Fabrice emploie un autre procédé. Il envoie à des femmes qu’il contacte des photos de lui… Des photos à caractère clairement pornographique. Sauf que… ce n’est pas lui sur les photos. Cela n’a aucune importance : Fabrice contacte ces femmes qu’il ne rencontrera jamais. Donc…

Clarissa a été l'une de ses victimes. Elle y a cru. Après quelques échanges de photos, elle a joué le jeu…  Espérant le rencontrer un jour. Curieusement séduite par ses photos, celles d’un homme en pleine érection, il lui a laissé croire qu’elle était la cause de son excitation sexuelle… Clarissa, émoustillée par ce jeu, a commencé à s’intéresser à cet homme… Si mystérieux ! Elle est presque tombée amoureuse de photos… Durant plusieurs semaines, elle ne vivait plus qu’en attendant son appel sur MSN… Jusqu’au jour où elle a compris que Fabrice jouait. Il vivait sa vie sexuelle de cette manière, entre plusieurs femmes, toujours derrière son écran… Une mauvaise manipulation informatique l’a trahi… Clarissa s’est alors sentiment humiliée d’avoir envoyé des photos d’elle aussi intimes… Et « hot ».

Car hélas, elle était loin d’être la seule… Marylin, Elizabeth, Christine, autant de femmes à qui Fabrice promettait monts et merveilles…

Elle n’a plus répondu à Fabrice. Et, comme elle dit, « a laissé la place à celles que ça peut intéresser. »

« Sans regrets, ajoute-t-elle…  J’étais tombée sur un dingue »

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