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Le projet s’il vous plait !
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Édito

A l’heure des remaniements successifs et des révoltes des peuples arabes, plus que jamais, la quête est celle d’une double confiance : dans l’avenir, et dans les leaders politiques et économiques, qui doivent le rendre possible.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Nicolas Sarkozy a été un excellent candidat à l'élection présidentielle parce qu'il avait de l'énergie, certes, des idées, aussi, de la sincérité dans l'envie de faire et de faire mieux, sûrement, mais aussi, politiquement et médiatiquement, parce qu'il faisait l'agenda, parce qu'il lançait de nouveaux sujets lorsque les autres commentaient encore les précédents.

Nicolas Sarkozy avait toujours un temps d'avance, il a aujourd'hui souvent un temps de retard. Cette dernière réaction est intéressante et prometteuse avec un trio Juppé-Guéant-Longuet très expérimenté et reconnu, mais qui arrive en réaction quand il aurait été sans doute préférable de le proposer il y a 3 mois. Sur le fond, un des principaux reproches qui peut être fait en matière de politique gouvernementale, comme en matière de gestion d’entreprises, c’est le manque de vision, de projet stratégique.

Beaucoup d’initiatives certes, beaucoup de réformes, mais pour quelle convergence ? Le plan de relance en son temps s’enorgueillit d’avoir lancé 1000 projets, mais 1000 projets n’en font pas un.

Les temps nouveaux, et les nouveaux médias, s’imposent aux politiques.

Attention toutefois, la gauche ne devrait pas pour autant se réjouir aussi rapidement de ces aléas gouvernementaux. Rien n'est pire en effet que de dévaloriser l'action politique et ses représentants. Et de ce point de vue, la guerre des chefs que se livrent les partis de gauche depuis bien longtemps et qui resurgit avec les primaires socialistes n'est sans doute pas exempte de critiques tant les ego semblent primer sur les projets. Ensuite, les temps changent, et ont bien changé depuis le dernier exercice du pouvoir par la gauche. Estimer qu’aucun ministre de gauche ne serait bousculé demain par la sphère médiatico-facebookienne serait bien présomptueux. Quelles auraient été en 2011 les conséquences de l’affaire du sang contaminé ou des chaussures Berluti de Roland Dumas ?

Les générations spontanées de démocraties ne sont pas programmables.

Quant aux critiques sur la non-anticipation des révoltes des pays arabes, la diplomatie française a certainement commis quelques couacs ces dernières semaines, mais qui peut prédire le jour et l’heure de la révolte des peuples ? Quand elle se révèle, c’est le syndrome trivial pursuit : à l’énoncé de la réponse, tout le monde savait. On dit que les choses n'ont pas été anticipées, c'est formidable. Car enfin, de quoi se plaint-on ? À l'heure ou soi disant tout est contrôlé, manipulé, oui il y a des mouvements spontanés, et lorsqu’ils rentrent en phase, tels des tsunamis démocratiques, rien ne peut les contenir. Quel donneur de leçon aujourd’hui peut nous prédire le soulèvement des iraniens, de la classe ouvrière chinoise, des coréens du nord ou des ivoiriens face à leur deux présidents ?

La bonne nouvelle peut-être, c’est que les Français attachent encore beaucoup d’importance à l’image de la France et souhaitent – encore – des leaders politiques à hauteur de leurs attentes. Ces hommes perçus comme providentiels existent, ce fut le cas de Nicolas Sarkozy, de Barak Obama, peut-être aujourd’hui de Dominique Strauss-Kahn. Il faut souhaiter qu’ils le démontrent davantage en mandat qu’en campagne. S'il est de plus en plus difficile d'y croire, il serait dévastateur de s'habituer à ne plus y croire.

Une société désabusée, sans envie, sera désespérément une société sans projet.

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