Pourquoi la multiplication des blocages de prix revient à bloquer l'économie du pays<!-- --> | Atlantico.fr
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Un blocage temporaire au niveau du consommateur est un véritable casse-tête : à quel niveau le situer ? Qui payera le manque à gagner si l’on revend le carburant à perte ?
Un blocage temporaire au niveau du consommateur est un véritable casse-tête : à quel niveau le situer ? Qui payera le manque à gagner si l’on revend le carburant à perte ?
©Reuters

Editorial

Après l'encadrement des loyers, le gouvernement souhaite bloquer les prix de l'essence. Une politique périlleuse qui ne fera que décourager les initiatives en relançant l’économie administrée.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Cruel dilemme pour le gouvernement : peut-il bloquer les prix du pétrole pour ratifier une promesse faite par François Hollande en janvier dernier en pleine campagne électorale, alors que la France ne maîtrise pas un marché entièrement dépendant des importations ? Tous les sondages le prouvent : la mesure serait très populaire. Car les prix de l’or noir ont pratiquement retrouvé à la pompe, à quelques centimes près par litre, les niveaux records du printemps dernier, qui avaient été suivis d’une baisse de quelques semaines. Et la première victime est le pouvoir d’achat.

Une décision sera prise d’ici la fin du mois vient d’affirmer le ministre de l’Economie dans un contexte délicat : alors que l’économie mondiale connaît une décélération marquée, les cours du brut restent fermes : la demande ne faiblit pas, tirée par les besoins des pays émergents, tandis que l’aggravation de la tension au Moyen-Orient fait naître une prime de risque qui gonfle artificiellement les prix.

Un blocage temporaire au niveau du consommateur est un véritable casse-tête : à quel niveau le situer ? Avec des produits qui n’évoluent pas au même rythme, selon qu’on considère le gazole ou le sans plomb. Qui payera le manque à gagner si l’on revend le carburant à perte ? Les pétroliers assurent qu’ils ne peuvent réduire leurs marges déjà au plus bas ; et l’Etat ne peut envisager une diminution des abondantes recettes qu’il perçoit sur le pétrole, compte tenu de la situation des finances publiques.

Il s’agit en fait d’un véritable pari sur un retour de la baisse des cours. Mais que se passerait-il si au moment de la sortie éventuelle d’une période de gel, les prix de l’or noir avaient continué à grimper ? Le choc serait alors redoutable au niveau de l’opinion.

Dans ce contexte, le gouvernement ne pourra sans doute pas assurer la totalité de ses engagements, mais se cantonnera à quelques mesures catégorielles qui laisseront de nombreux insatisfaits. Malgré tout, il n’est pas disposé à renoncer à cette orientation, car il y voit un des rares moyens dont il dispose, dès lors qu’il se refuse toujours à porter le fer sur les dépenses publiques, pour tenter de favoriser un pouvoir d’achat laminé par la crise et les augmentations d’impôts.

Déjà le gouvernement a lancé un encadrement des loyers, qui représente un quasi-blocage. D’autres voix s’élèvent pour réclamer des mesures pour freiner l’emballement des matières premières, comme le blé, en soulignant que la France, gros exportateur, pourrait contribuer à  une maîtrise des prix afin de soulager les consommateurs et favoriser en particulier l’agriculture pour l’alimentation du bétail.

Mais s’engager dans la multiplication des blocages serait une voie périlleuse. Car elle redonnerait de la voix au chœur de tous ceux qui s'opposent aux réformes indispensables du pays. Elle renforcerait le rôle de la bureaucratie administrative. Elle découragerait les initiatives en relançant l’économie administrée. En clair, elle accroitrait les rigidités dont souffre le pays qui aurait surtout besoin qu’on lui donne de l’air. En définitive, de blocage partiel en encadrement, on finirait par bloquer une économie qui est déjà au niveau de la croissance zéro.

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