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Enfants adoptés : comment leur expliquer
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Il était une fois la vie

Le docteur Daniel Rousseau donne quelques conseils pour expliquer à un enfant adopté d'où il vient. Une révélation qui doit se faire avec tact et amour pour ne pas causer de traumatisme. Extraits de "Les grandes personnes sont vraiment stupides" (1/2).

Daniel Rousseau

Daniel Rousseau

Le docteur Daniel Rousseau est pédopsychiatre depuis 25 ans. Il intervient au foyer de l'enfance du Maine-et-Loire depuis 20 ans. Il a été triple lauréat de la Fondation pour la recherche médicale, de la Fondation de France et de l'Observatoire national de l'enfance en danger pour ses travaux de recherche sur les enfants de l'Aide sociale à l'enfance.

Il est l'auteur du livre "Les grandes personnes sont vraiment stupides" aux éditions Max Milo.

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La Convention internationale relative aux droits de l’enfant précise qu’à sa naissance, l’enfant a droit à un nom. Le nom donné n’est pas un nom fantaisiste, mais un nom qui l’inscrit dans une filiation, avec des règles précises propres à chaque législation nationale. Il est parfois impossible de connaître la filiation de naissance de l’enfant : lorsqu’il a été abandonné, par exemple, et ensuite adopté. Cet enfant a néanmoins le droit de connaître les bribes de son histoire, ténues soient-elles. La construction imaginaire de son inscription dans sa filiation double dans ce cas, naturelle puis adoptive, se fera autour de quelques signifiants, de quelques images en quelque sorte, qu’il agglomérera en une seule histoire est inscrite à l’état civil et n’est donc pas un secret. Mieux vaut que ce soient ses parents qui la lui révèlent – le plus tôt sera le mieux -, qu’une découverte fortuite lors d’une démarche administrative à sa majorité par exemple, comme je l’ai vu une fois. Effet désastreux garanti sur la confiance de l’enfant envers ses parents et ravages psychiques assurés.

Révéler à un enfant sa véritable filiation avec tact bien sûr, c’est une déclaration d’amour. Nous t’avons désiré, tu es venu combler cette attente et nous sommes fiers de t’avoir pour enfant. C’est une déclaration qui n’attend rien en retour. De la part de ses parents, c’est lui confirmer qu’ils l’ont reconnu comme leur enfant. C’est lui et pas un autre, même s’il n’est pas né d’eux. Et que ce lien est irrévocable et inconditionnel. L’enfant ne peut grandir avec sérénité sans cette assurance tous risques, inestimable et gratuite.

Chez les enfants encore très jeunes, la rationalité et le souci du vraisemblable n’ont pas encore altéré la spontanéité de l’expression de leurs émotions. Ils ont encore cette capacité à rêver le monde et les inventions poétiques de leur venue parmi les hommes sont extraordinaires. C’est cette période, où leur esprit est encore ouvert à tout, qui est la plus propice à des annonces délicates.

Dans d’autres circonstances, en cas de don de gamètes par exemple, la filiation affichée à l’état civil ne révèle en rien l’histoire intime ou médicale de la procréation de l’enfant. Pourtant, un temps viendra où ses parents lui diront, par respect pour lui, qu’il a été le fruit de leur amour, mais une fructification aidée par un don. L’enfant a besoin d’avoir cette information, en cas de conseil génétique ultérieur, par exemple. Mais cette information peut être assez tardive, quand la fierté et le plaisir de vivre ensemble ont tricoté des liens solides. Ce peut être dès les premières demandes d’informations « techniques » sur la vie sexuelle ou la procréation, autour de l’âge de raison, mais bien avant le début de l’adolescence. Et nul besoin d’entrer dans des considérations de techniques médicales détaillées. L’enfant n’a pas à devoir s’identifier à une paillette de sperme ou à une éprouvette en verre, mais à se situer dans le désir que ses parents ont eu de l’accueillir.

Quand les liens tissés sont de qualité, que l’affection des parents est un amour qui laisse toute la liberté à l’enfant de penser et de s’exprimer, la réponse de l’enfant est souvent étonnante et merveilleuse. Mais elle vient plus tard, dans un impromptu émouvant, sous une forme imprévisible, qui laisse les parents sans voix.

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Extrait de "Les grandes personnes sont vraiment stupides" aux éditions Max Milo (2 février 2012)

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