Syndrome Zahia : quand les mineurs deviennent des objets sexuels <!-- --> | Atlantico.fr
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Qui pouvait se douter que la superbe Zahia, aux formes infinies, était mineure au moment des faits ?
Qui pouvait se douter que la superbe Zahia, aux formes infinies, était mineure au moment des faits ?
©Reuters

Escort-kid

La prostitution touche tous les milieux mais aussi tous les âges. Bernard Rouverand explique que ni le prix, ni le risque, ne dissuadent certains clients de s'offrir la compagnie de très jeunes personnes. Extraits de "De la prostitution comme sport collectif" (1/2).

Bernard Rouverand

Bernard Rouverand

Bernard Rouverand a été régulièrement en contact avec une dizaine d'associations œuvrant dans le domaine de la prostitution. Il a tenu de nombreuses conférences d'information et de sensibilisation, travaillé sur le terrain et participé à des actions de lobbying auprès des organismes concernés.

Il est l'auteur de "De la prostitution comme sport collectif" aux éditions Max Milo.

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Zahia… Eh oui, l’un de mes dieux du stade, Ribery, se l’est offerte pour son anniversaire. Il s’est compromis avec une prostituée de haut vol, celles qu’on appelle les « call-girls ». Problème : elle était mineure.

Après avoir passé une chaude nuit avec Zahia, il a passé un quart d’heure refroidissant avec les policiers. Ribery n’était d’ailleurs pas seul, et les journaux ont rivalisé de détails exclusifs pour nous décrire le monde spécial qui gravite autour des stars du foot. Ils s’offrent de ces filles, mes héros, carrossées comme leurs Ferrari ! Hélas, mes moyens ne m’autorisent ni la call-girl ni la Ferrari. Je pourrais m’offrir une mineure si par hasard j’en avais envie, pas au même prix, certes, mais au même risque.

La mésaventure de Ribery a été montée en épingle pour rappeler que la pénalisation du client s’applique déjà en France lorsqu’on a recours à un ou une prostituée mineure. Selon l’article n° 225 du Code pénal, notre brave homme encourt jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Carton rouge, sortie du terrain, direction prison ! Cela m’a fait un coup au cœur, je l’ignorais. Je péchais sans savoir. Mais prévenu ou pas, cela ne change pas grand-chose, le texte a connu une application symbolique. Dix ans d’existence, et personne – en tout cas pas moi ni mes copains – n’en n’avait entendu parler, et les condamnations plafonnent à une dizaine par an, disons une par mois sur l’ensemble du pays. Le bon sens explique l’échec : qui pouvait se douter que la superbe Zahia, aux formes infinies, était mineure au moment des faits ?

Que la distinction mineure/majeure ne saute pas aux yeux, il suffit de s’asseoir à la terrasse d’un café et d’observer les jeunes passants pour s’en rendre compte. Mais elle est souvent parfaitement claire. Alec, adepte de chairs soyeuses et trop jeunes, n’hésite pas à les chercher à l’étranger. Loin, dans des pays exotiques, de manière à ne courir aucun risque. Des pays où l’on voyage pour s’abandonner à une multitude de corps tous plus désirables les uns que les autres et dont le nombre s’accroît d’année en année. À l’origine, la Thaïlande ou le Sénégal tenaient le haut du pavé. Puis ce fut toute l’Asie du Sud-Est, puis l’Afrique noire, puis l’Amérique du Sud. La liste des pays où la vente libre d’objets humains est poussée à son paroxysme s’allonge à l’infini. Du Cambodge au Brésil en passant par Cuba, du Maroc à la Thaïlande en passant par Madagascar, du Viêt-Nam à l’Afrique du Sud en passant par l’Ukraine ou la République tchèque, le vertige prend Alec, jamais il n’aura fini. Il mourra d’épuisement.

S’il existe une industrie lucrative et démocratisée, en voilà une ou je ne m’y connais pas. Les virtuoses du maniement forfaitaire des chiffres avancent que sur les 900 millions de touristes qui ont sillonné les terres et les flots en 2011, 10 % en profitent pour pratiquer le tourisme sexuel. Certains pays jouissent d’une organisation qui les honore, l’industrie du sexe peut y représenter plusieurs points de P.I.B.

D’autres pays s’y essaient selon des stratégies marketing novatrices, ciblant la clientèle pédophile, féminine… Grands ou petits, valeurs reconnues sur le marché ou débutants, ces pays attirent à coups de tarifs promotionnels. Ils ne se gênent pas pour faire prospérer le commerce. Je comprends que des amateurs cèdent sous le coup de la tentation multiforme qui les entoure quand ils débarquent dans ces pays.

Les adultes y vivent le plus souvent dans une atmosphère où sexualité et prostitution sont moins stigmatisées que chez nous. Ils n’en font pas toute une histoire, ils n’ont pas le sexe complexé par nos blocages judéo-chrétiens. Que les habitudes varient selon les pays, leur culture, leur religion, leur image de la femme, leur idée de la virginité, etc., qu’importe, la réalité finale demeure : ils attendent le client étranger et sont prêts à tout pour lui plaire. Je me rappelle un déplacement d’affaires à Manille. À peine sorti de l’hôtel, j’ai été assailli de cohortes d’êtres de tous sexes, de tous âges, de toutes tailles et accoutrements. J’avais été frappé par les gamins qui riaient de manière forcée. Ils tournaient autour, draguaient, abordaient avec une gentillesse encombrante. Si d’ailleurs ils ne l’avaient pas fait, ils auraient écopé d’une bonne raclée de la part de leur père ou du chef de bande.

Un garçon d’une douzaine d’années me tournait autour, il me disait qu’il pouvait faire le tube pour moi. Le tube. Je n’ai pas compris tout de suite. J’ai réalisé l’horreur quand je l’ai vu partir cinq minutes plus tard avec un grand américain baraqué… J’ai vu que ces enfants sont quasiment détruits. Ils sont petits, paumés, le grand touriste arrive avec son fric, il est supérieur. Le plus triste, c’est que ces enfants croient être dans leur tort. Ils craignent de ne pas être à la hauteur, ils ont honte de leur situation parce qu’ils ne sont pas sûrs de combler pleinement leurs clients. Ils ne comprennent pas forcément ce qui leur arrive, ils sont parfois maladroits, alors ils s’en veulent, ils en veulent à leur corps imparfait qui a mal satisfait l’étranger, et pour se punir, ils se scarifient, s’automutilent.

Entre nous, je trouve très juste que les clients de ces enfants soient pénalisés et que le coup du carton rouge aux clients de prostitués mineurs fonctionne à l’étranger grâce au miracle biscornu de l’extra-territorialité.

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Extraits de "De la prostitution comme sport collectif" aux éditions Max Milo

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