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JO de Londres : Twitter, nouvelle course à l'audience pour les Jeux Olympiques
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Editorial

Pour les organisateurs des JO et les sponsors, la course à l'audience s'est déplacée de la télé aux réseaux sociaux : 150 millions de messages ont été publiés sur le réseau social en 16 jours, soit près d’un million de tweets par jour.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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A peine les Jeux olympiques terminés, s’ouvre un autre compteur, celui du nombre de tweets (décidemment, Twitter gagne ses JO face à Facebook). Nous apprenons alors que les Jeux ont généré 150 millions de messages en 16 jours, soit près d’un million de messages par jour. Et au classement des médailles de ces Twitter Games nous apprenons que les Spice Girls pour leur seule apparition (un retour éphémère en l'occurrence) lors de la cérémonie de clôture remportent la médaille d’or avec 116 000 messages par minute. Heureusement, parmi les sportifs, la logique est respectée, avec un Usain Bolt encore vainqueur comme athlète le plus cité (plus d’un million de tweets sur la période des Jeux, avec un pic à 80 000 messages à la minute lors de la finale du 200m).

Nous sommes bien rentrés dans les Jeux de l’ère des réseaux sociaux. Twitter est devenu la 28ème discipline des Jeux olympiques de Londres. La première discipline hors programme officiel qui s’invite toute seule sans passer par le très encadré protocole soviético-financier du CIO, qui a bien tenté d’en censurer l’usage, auprès des athlètes notamment, pour protéger le droit à l’image chèrement acquis par les partenaires économiques.

Et si la tradition veut que la dernière médaille, celle du marathon, soit décernée lors de la cérémonie de clôture, le véritable dernier podium, révélateur de notre époque, a bien été celui décerné par Twitter. Une nouvelle discipline flatteuse d’orgueil à laquelle les organisateurs se sont finalement eux aussi pris au jeu, vantant dés le lancement que la seule cérémonie d’ouverture avait généré davantage de tweets (9,66 millions) que l’ensemble des Jeux de Pékin. Yes !

La course sur la piste olympique était déjà bien sur une course à l’audience, pour les organisateurs et les sponsors, elle l’est devenue sur le terrain des réseaux sociaux, et pour les athlètes eux-mêmes, en compétition dans ce Twitterthon comme dans une sorte de super-épreuve toutes disciplines confondues.

Alors bien sûr, le premier moteur de cette audience, c’est la performance sportive. Mais c’est aussi l’Histoire, la légende pour certains, et le show, de plus en plus étudié, recherché, à l’instar des sprinters. Usain Bolt est bien sûr un grand champion. Bien sûr il est unique, et seul capable de réaliser ces performances époustouflantes. Mais Usain Bolt est aussi le champion d’une génération, une génération mondialisée, médiatisée, nombrilisée, où chacun rêve de devenir « the only one ». Avant, on voulait simplement devenir une star, maintenant on veut devenir une légende, on progresse. Et une légende « vivante » si possible, histoire d’en profiter, quand même.

Alors dans cette course au record qui est aussi une course à l’image, la présentation des athlètes sur la ligne de départ est devenue un spectacle, un show où chacun cherche comment innover, comment surenchérir, comment trouver sa marque avant de prendre ses marques. Tout est réfléchi, calculé, mis en scène pour pousser son « aka » face à la caméra du monde. Si le faux départ est interdit à l’athlète, le téléspectateur non plus ne doit pas le rater. Le spectacle sportif est bien sur la piste, mais le spectacle tout court est aujourd’hui autant avant qu'après la course.

A ce jeu là on perd parfois un peu l’esprit, le sens, et peut-être même un peu d’âme. Parfois, trop de show tue l’émotion. Un sourire sincère, un regard, une joie spontanée ou des larmes incontrôlables en font bien plus que n’importe quelle simagrée. Il y a en outre comme un paradoxe à vouloir à la fois être hypermédiatisé et devenir une légende, qui par ailleurs ne s’autoproclame pas. L’humilité ne doit pas devenir aussi rare que les performances sont exceptionnelles. La modestie sert l’exception.

Des performances à la fois sportives et médiatiques donc, dans un classement au Twitterthon visiblement misogyne qui ne laisse apparaître aucune femme dans le top alors que pour la première fois elles étaient présentes dans l’ensemble des délégations nationales et qu’elles ont largement brillé dans ces Jeux. Ceci à l’exemple de la France : 15 médailles féminines (individuelles ou en équipe) sur 34 en 2012 versus 7 sur 41 en 2008.

Le Rio Twitterthon 2016 devra donc faire mieux, en valeur absolue et pour honorer les femmes. Pour 2012, heureusement que les Spice Girls étaient là !

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