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Shell, Fonds norvégien... La fuite des investisseurs va t-elle faire plier la zone euro ?
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Au secours !

Alors que Shell a décidé de retirer 15 milliards de dollars des banques européennes, le fonds souverain norvégien souhaite se désengager de ses pétrodollars en zone euro en faveur des pays émergents. Faut-il craindre une fuite des investisseurs de la zone euro ?

Badr El Moutawakil

Badr El Moutawakil

Badr El Moutawakil est stratégiste crédit (au sein de la Recherche crédit) chez Natixis depuis 2008.

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Atlantico : Le groupe pétrolier Shell a pris la décision de retirer 15 milliards de dollars des banques européennes pour les rapatrier chez leurs homologues américaines, afin de se prémunir des risques en zone euro. Dans cette même optique, le fonds souverain norvégien souhaite se désengager de ses pétrodollars en zone euro en faveur des pays émergents jugés plus sûrs. Que traduisent ces fuites ?

Badr El Moutawakil : Ces fuites traduisent clairement le manque de visibilité concernant la solvabilité à moyen et long terme de la zone euro. Ces investisseurs, entreprises ou fonds souverains, jugent que la viabilité même de la zone euro est remise en question.

Ce phénomène s'était déjà manifesté l’an dernier. Les fonds étrangers, en particulier américains, avaient retiré leurs liquidités des banques européennes, provoquant ainsi un accroissement des coûts de financement pour celles-ci, aussi bien sur le marché primaire qu’interbancaire.

Aujourd'hui, la situation des banques européennes est différente puisque les deux opérations de LTRO (NDLR : programme de financement à destinations des institutions financières) mises en place par la BCE ont permis de réduire, du moins pour 2012, le risque d’une crise de liquidité bancaire.

Ce phénomène peut-il s'amplifier ?

Ce phénomène dépend, de façon immédiate, de l’évolution de la situation de la zone euro. Sur ce sujet, le mois de septembre risque de se révéler décisif. En effet, si la Cour allemande de Karlsruhe (NDLR : qui doit se prononcer sur la validité constitutionnelle du Mécanisme européen de stabilité, le second fonds de sauvetage européen) ne ratifie pas le MES, un scénario catastrophe n'est plus à exclure.

En effet, l’activation du SMP 2.0  (NDLR : Securities Market Program, le programme controversé de rachat de dettes publiques) par la BCE nécessite, au préalable, la demande de renflouement d’un pays souverain à l’échelle européenne, dans le but d’éviter la répétition du même phénomène que celui observé l’an dernier, quand Jean-Claude Trichet avait réactivé le SMP, conduisant de fait Silvio Berlusconi a renoncé à certaines mesures d’austérité qu’il avait promises.

Or, en l’absence du MES, la FESF (NDLR : Fonds européen de stabilité financière, le premier fonds de sauvetage européen) ne dispose pas, à l’inverse du MES, des ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de financement de l’Espagne et de l’Italie. Un scénario similaire à celui observé durant le mois de novembre dernier n’est donc pas à exclure.

Pourtant, si Karlsruhe constitue la véritable source d’inquiétude pour les investisseurs, d’autres facteurs nous laissent plus optimistes. Ainsi, la réunion des membres de la BCE le 6 septembre prochain pourrait être l’occasion pour Draghi d’annoncer les mesures non-conventionnelles (NDLR : comme l'achat direct de dettes publiques) qu’il a promises.

D’autre part, le projet d’union bancaire, dont les détails devront être révéler le 11 septembre prochain, pourrait constituer un tournant concernant la vision du risque bancaire à l’échelle mondiale, puisqu’un fonds de garantie des dépôts à l’échelle européenne serait sans doute essentiel pour inverser la tendance aux retraits des dépôts observée en Espagne et en Grèce. Une tendance claire devrait se dégager à la fin du mois de septembre.

Quelles conséquences pour la zone euro ?

Ces retraits de fonds et de liquidités sont néfastes pour la stabilité de la zone euro, en raison du caractère moutonnier des investisseurs. De ce fait, avec des sources de liquidité en moins, l’Italie et l’Espagne risquent fort de voir leur futures adjudications souffrir… à moins que la BCE ne viennent, à nouveau, réinjecter massivement de la liquidité sur le marché.

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