Info - Intox ? La chute de l’action Facebook aurait été écrite... sur Twitter<!-- --> | Atlantico.fr
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Lors de l'introduction en Bourse de Facebook, à chaque fois que le volume des tweets négatifs augmentait sensiblement, l’action chutait 20 minutes plus tard... assure un responsable marketing de Twitter.
Lors de l'introduction en Bourse de Facebook, à chaque fois que le volume des tweets négatifs augmentait sensiblement, l’action chutait 20 minutes plus tard... assure un responsable marketing de Twitter.
©DR

Boule de cristal

C'est ce qu'affirment plusieurs sociétés qui ont fait de Twitter un outil prédictif. A tort ?

David Pellecuer

David Pellecuer

David Pellecuer est le fondateur du site internet www.Trendsetter.fr, un site d'information et de conseils boursiers.

Il a travaillé pendant plus de 10 ans pour le Journal des Finances, puis pour le Figaro.fr. Aujourd’hui, il exerce son activité en tant qu’expert financier du Figaro.fr et intervient auprès des salles de marchés.

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Le fiasco de l’introduction en bourse de Facebook était prévisible sur Twitter. C’est en tout cas ce que DataSift, une société américaine d’analyse de données sur les réseaux sociaux, voudrait nous faire croire. 

Rappelons que l’action Facebook a été introduite au cours de 38 dollars le 18 mai sur le Nasdaq. Quatre jours plus tard, elle avait chuté de 15%, et peu après, les cours ont chuté à 19 dollars, soit une décote de 50%. Or, en suivant les discussions sur le site de microblogging, l’échec de cette l’introduction en Bourse de Facebook aurait été prévisible. Selon DataSift, les sentiments des tweets, c’est-à-dire le nombre de messages positifs ou négatifs, ont systématiquement, le 18 mai, permis de savoir comment le cours de l’action Facebook allait se comporter vingt minutes plus tard. “À chaque fois que le volume des tweets négatifs augmentait sensiblement, l’action chutait 20 minutes plus tard”, assure Tim Barker, responsable marketing pour la société.

(Cliquez pour agrandir l'image)

Twitter, un outil prédictif ? Déjà lors le 22 janvier 2012, lors de la démission des deux dirigeants de Research In Motion, le constructeur canadien des BlackBerry, la même société avait détecté une corrélation positive entre le sentiment positif des « tweetos » (utilisateurs de twitter) sur cette démission et le rebond de l’action RIM.

Il semble que l'entreprise américaine ne soit pas la seule à croire en les vertus prédictives de Twitter. La société d’investissement britannique Derwent Capital Markets (DCM) a introduit, en juin 2011, un "hedge fund" (fonds d’investissement spéculatif) basé sur le principe de l’investissement en fonction de l’humeur sur Twitter. Convaincue que Twitter est le nouvel oracle des marchés, elle envisage même de commercialiser d’ici la fin de l’été, un outil clé en main d’analyse “du sentiment sur Twitter”. On pourra ainsi à n’importe quelle moment, connaître le sentiment des "twittos" sur n’importe quelle action. “Il suffira d’être client chez nous pour pouvoir en bénéficier” a indiqué Paul Hawtin.

Pourquoi je n'y crois pas ? Cela fait plusieurs années, que j’entends parler de Twitter ou de Google comme un outil prédictif. Mais, autant, je peux concevoir, qu’on puisse anticiper l’évolution de la grippe, du marché immobilier ou encore des sorties au box office par l’analyse sémantique des mots clés associés à des expressions de sentiments positif ou négatifs, autant je suis très dubitatif sur l’évolution des cours de bourse. Il y a un proverbe anglais qui dit : « l’art de la prédiction est un exercice très délicat, surtout quand il s’agit de prévoir le futur ». Je trouve que cela résume bien la situation.

J'ai d’abord quelques réticences pratiques. Elles viennent de l’auteur de l’étude en personne. Johan Bollen, ingénieur américain en informatique et co-auteur de “L’humeur sur Twitter peut prédire l’évolution en Bourse”, parue en octobre 2010, explique en effet qu’il faut prendre en compte un grand nombre de variables, ce qui nécessite des ordinateurs très puissants et une sérieuse analyse des résultats. « Les campagnes de dénigrement ou de promotion, les lenteurs du réseau social et un grand nombre d’autres critères doivent être pris en compte ». En pratique, cela rend son utilisation très difficile, voire impossible.

Il y a ensuite des résultats qui laissent à désirer. En appliquant cette méthode, le fonds Derwent Capital Markets, lancé en mai 2011, aurait ainsi obtenu un gain de 1.85% en un mois lorsque le S&P500 reculait de -2.2%. La suite est moins reluisante. Le Fonds a progressé de 5.22% durant les deux premiers mois de 2012, là où le S&P500 a gagné 8.42%. Selon Derwent Capital, la méthode aurait une précision de 86.7% contre 73.3% de véracité en n’utilisant que les données du marché. Cela reste à prouver.

Une initiative intéressante a été menée le jour de l’introduction de Facebook, le 18 mai dernier. Elle consistait à demander aux utilisateurs de Twitter de participer à une prédiction. La question était la suivante : quelle sera le cours de Facebook à la clôture ?. Les résultats, publiés sur un site dédié à cet effet, sont édifiants. L’action a clôturé à 38,2 dollars sur le Nasdaq.  Sur les 2260 participants à la prédiction seulement 26 personnes avaient vu juste. Le cours moyen de clôture pour l’ensemble des prédictions est ressorti à 54 dollars. Les twittos ont juste surestimé le cours de clôture de 42%.

J’ai enfin des réticences sur le fond. Pratiquant depuis plus de 12 ans l’analyse technique, je suis convaincu que la variable psychologique occupe une part très importante dans le processus décisionnel. Nos sentiments, nos émotions (peurs, paniques, europhorie, etc…) interviennent dans l’acte d’achat. Mais il y a une différence fondamentale entre dire que l’on fait quelque chose et le faire vraiment. Pour moi, le meilleur indicateur du sentiment ce sont les cours. D’ailleurs ne dit-on pas en bourse : « Get long, then get loud » Achète d’abord, et clame le ensuite.

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