La mystérieuse mort de Louis XVII : le dauphin a-t-il été empoisonné ou enlevé ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
L'enfant mort dans la prison du Temple, le 8 juin 1795, était-il bien Louis XVII, héritier du trône et fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette ?
L'enfant mort dans la prison du Temple, le 8 juin 1795, était-il bien Louis XVII, héritier du trône et fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette ?
©DR

Cluedo

Le 8 juin 1795, le jeune Louis XVII meurt à la prison du Temple, à Paris. C'est du moins la version officielle. Augustin Cabanès explique pourquoi la mort du second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette a provoqué de nombreuses rumeurs et contestations. Extraits de "Les morts mystérieuses de l'Histoire" (1/2).

Augustin Cabanès

Augustin Cabanès

Référence scientifique et historique, le docteur Cabanès étudie avec passion et précision les événements et les personnages qui ont fait notre Histoire.

Voir la bio »

Retenons ce point : le Dauphin était bien portant, quand il passa des mains de Simon à celles des commissaires du Temple. Après le départ de Simon, la surveillance se relâche : chacun des commissaires ne doit reparaître qu’une fois tous les quarante jours.

Au début, ils furent assez exacts dans leur service ; à la longue, un grand nombre se récusèrent, et les remplacements des uns par les autres furent fréquents. De tous ces commissaires aucun n’a malheureusement laissé, touchant le prisonnier, de communication écrite ou verbale. De plus, le gouvernement de la Restauration a eu soin de faire disparaître les registres du Templese rapportant à cette période, et qui nous auraient peut-être donné la clef du mystère qui plane sur l’existence du prisonnier depuis le premier mois de 1794. Ce qui est certain, c’est qu’en mars de cette même année, on commençait à s’agiter ferme, et le Conseil général de la Commune s’en préoccupait vivement. Le Conseil général de la Commune craignait l’évasion : c’est donc qu’il la croyait possible.

[...]

Le 9 thermidor arrive et avec lui la chute du « tyran » (NDLR : Robespierre). Le triomphateur de la journée, Barras, se présente, dès le lendemain matin à six heures, à la prison du Temple. « Il voit le jeune prince… couché dans un misérable lit, qui n’était qu’une espèce de berceau… Ses genoux et ses chevilles étaient enflés ; sa chambre dans un état de saleté repoussant. » Barras fait son rapport au Comité de salut public, lequel décide que des médecins seront chargés d’examiner le détenu ; tandis qu’il confie la garde des prisonniers à une de ses créatures, le sieur Laurent, jeune créole que Joséphine lui a recommandé, comme un homme sûr et dévoué.

Cinq semaines après l’entrée en fonctions de Laurent, le 31 août (1794), la poudrière de Grenelle
faisait explosion : le bruit courut aussitôt dans Paris que les prisonniers du Temple s’étaient échappés à la faveur d’un complot royaliste.

Le gardien Laurent fut accusé de s’être relâché de sa surveillance. [...] Par décision du 18 brumaire an III (8 novembre 1794), le Comité de sûreté générale choisissait le citoyen Gomin, pour l’adjoindre à Laurent, en qualité de gardien du Temple. Gomin n’avait jamais vu le dauphin, il le déclara lui-même à celui qu’il allait désormais seconder. Mais le zèle du second gardien ne pouvait s’exercer qu’en pure perte ; il y avait, prétendait-on, beaux jours que le dauphin avait quitté la prison. D’après certains historiens, ce serait à la fin d’octobre que l’événement se serait produit. [...]  Si, comme nous allons essayer de l’établir, le fait de l’évasion n’est pas contestable, l’époque où elle s’est effectuée ne saurait être fixée d’une façon certaine.

De toutes ces attestations, la plus importante à coup sûr est celle de la veuve Simon. Sa déclaration, qui n’a jamais varié, est formelle : toute sa vie, en dépit des multiples pressions exercées sur elle pour l’amener à une contradiction, et de l’intérêt qu’elle avait à soutenir le contraire, elle a affirmé que le Dauphin avait été enlevé du Temple.

On dit que ses facultés mentales étaient altérées sur la fin de ses jours. Un certificat de médecin, cinq
attestations de personnes différentes, les réponses très lucides et nullement incohérentes qu’elle a faites aux questions qui lui furent posées, aux interrogatoires auxquels on la soumit établissent sans conteste qu’elle jouissait de toute sa raison. Malgré les menaces de la police, la veuve Simon a toujours dit à qui voulait l’entendre que le Dauphin n’était pas mort au Temple et cela en plein règne de Louis XVIII, à une époque où son intempérance de langue aurait pu lui causer de sérieux désagréments.

[...]

Nous sommes en novembre 1794, à l’époque où le gardien Gomin prend possession des fonctions dont l’a investi la confiance du Comité de salut public : Gomin, nous le rappelons, n’avait jamais vu le Dauphin. Il ne put donc manifester de surprise, quand on lui présenta l’enfant arrivé au dernier degré de la cachexie qu’il était désormais appelé à garder. Cet enfant ne pouvait plus ni marcher ni se mouvoir, par suite des tumeurs qu’il avait aux deux genoux. Il ne prononçait pas une parole ; son mutisme était complet : c’est ce que constateront les trois délégués du Comité de sûreté générale, chargés de renseigner leurs collègues sur la situation du « Dauphin ».

____________________________________________

Extrait de "Les morts mystérieuse de l'Histoire", les éditions de l'Opportun (février 2011)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !