Snoop Dogg et Lil Wayne, nouveaux retraités du rap : le hip-hop est-il désormais ringard ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le rappeur Snoop Dogg a décidé de laisser le rap de côté pour se lancer dans le reggae.
Le rappeur Snoop Dogg a décidé de laisser le rap de côté pour se lancer dans le reggae.
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Has been

C'est après une révélation spirituelle en Jamaïque que le célèbre rappeur américain Snoop Dogg, a annoncé rompre avec le gansta rap pour se tourner vers le reggae. Au même moment, le rappeur Lil Wayne a décidé lui aussi de raccrocher les micros pour se consacrer... au skateboard !

Olivier Cachin

Olivier Cachin

Olivier Cachin est journaliste, écrivain et animateur de télé (RapLine,…) dans la mouvance Hip-Hop. Il a publié une quinzaine d’ouvrages sur le rap et le hip hop et la soul.

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Atlantico : Le rappeur Snoop Dogg a décidé de laisser le rap de côté pour se lancer dans le reggae, Lil Wayne, autre rappeur américain, a décidé lui aussi d’arrêter de chanter pour se consacrer exclusivement au skate. Le rap serait-il passé de mode ?

Olivier Cachin : Dans les deux cas, il ne s’agit pas d’un départ. D’abord, pour Snoop Dogg, il s’agit d’un nouveau coup de marketing malin. Dès la sortie de son premier album, il faisait déjà des connexions entre le reggae et le "dance all" qui sont des styles très proches du rap. Dans le cas de Lil Wayne, je pense que c’est plutôt une mise en parenthèse qu’un départ du rap.

Dans les deux cas, ces deux artistes ont compris que pour durer dans le métier, il faut maintenir le buzz, faire parler de soi. On peut donc imaginer d’ici quelques mois le retour de ces deux chanteurs avec une grosse campagne publicitaire derrière. Cela fera un nouveau buzz, avec de nouveaux articles dans les journaux du style « il revient », « le retour de l’original »… Tout cela est donc juste du marketing bien orchestré.

Vous parlez de campagne marketing, qu'est-ce qui vous permet d'être si affirmatif ?

Il existe plein d’artistes qui ont annoncé un départ et qui sont revenus ensuite. En France, par exemple, on a l’exemple d’Oxmo Puccino qui avait plus ou moins arrêté et qui est revenu avec le single « Avoir des potes ». Disiz la peste aussi avait fait un album, "Disiz the end" qui disait qu’il en avait marre du rap. Un an plus tard, il a sorti un nouvel album « Dans le ventre du crocodile »…

Les rappeurs comme tous les autres artistes passent par des périodes de doutes. Certains vont se tourner vers la religion, d’autres vers de nouveaux défis artistiques comme se lancer dans un nouveau style de musique ou dans le cinéma. De toute façon, je pense que quand on est un artiste, on le reste et on retourne à ce qu’on aime faire.

Le rap est aussi une musique où c’est beaucoup plus facile d’être démodé. Il faut donc faire plus de choses pour innover. Si on regarde le rap français, beaucoup d’artistes ont disparu, peu ont réussi à s’inscrire dans la durée et à s’inventer de nouveaux personnages.

Vous dites qu’il est facile pour un artiste d’être démodé : est-il si difficile d’innover dans le rap ?

Oui et non. On ne peut plus innover dans le sens où on connait les fondamentaux mais au fond, on pourrait dire la même chose des autres styles de musique. Ne peut-on pas dire que c’est démodé de dire « je t’aime » dans une chanson ? Oui et non. Il y aura toujours de belles chansons d’amour avec les mêmes thèmes rabattus, tout est une façon de le faire. Cela équivaut à poser la question : peut-on encore faire du jazz quand il y a « Kind of blue » de Miles Davis ?

Peut-on s’attendre à de nouveaux mélanges de styles dans le rap ?

Oui, on est en plein dedans. La musique est maintenant globale. Quand on parle de rap, on parle aussi de R n' B, d’électronique, de rock. Les musiques sont maintenant mélangées, on est dans une grande partouze des genres.

Cette tendance américaine peut-elle atteindre la France ?

C’est toujours possible, mais le rap est tellement vécu en France comme une passion dévorante que cela paraît difficile. Le cas Joey Starr est très représentatif. Beaucoup de journalistes le présente comme un acteur mais lui reste un rappeur avant tout. C’est un rappeur qui fait du cinéma. Je pense que seuls les Américains sont capables de cette digression.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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