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Après le succès de l'émission Capital sur M6, de nouveaux magazines économiques devraient être lancés à la rentrée. La crise aurait-elle rapproché les Français de l'économie ?
Après le succès de l'émission Capital sur M6, de nouveaux magazines économiques devraient être lancés à la rentrée. La crise aurait-elle rapproché les Français de l'économie ?
©Flickr / Herbert Art Gallery & Museum, Coventry

L'éco pour les (très) nuls

Après le succès de l'émission Capital sur M6, de nouveaux magazines économiques devraient être lancés à la rentrée. De quoi rattraper le manque d’intérêt des Français pour l’économie ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Atlantico : Après le succès de l'émission Capital sur M6, de nouveaux magazines économiques devraient être lancés à la rentrée (Julian Bugier en seconde partie de soirée sur France 2, Guy Lagache sur Direct 8...). La crise aurait-elle rapproché les Français de l'économie ?

Jean-Marc Sylvestre : Il y a un marché considérable pour l'information économique d'autant plus que celle-ci est restée en jachère jusqu’à aujourd'hui. La conjoncture, la crise et les difficultés éprouvées par de nombreux Français rendent les téléspectateurs probablement plus attachés à ce type d'émissions. Il y avait un tel blocage politique et culturel à l'encontre de l'économie que nous n'étions pas parvenus à les réaliser plus tôt, ce qui est regrettable. Il aura fallu attendre d'être en pleine crise pour que les dirigeants des médias et les hommes politiques comprennent tout l'enjeuqu'il y a à expliquer ces sujets au grand public.

Jusqu'à présent, les magazines économiques étaient volontairement sous-évalués par les dirigeants des médias. Ces derniers étaient imbibés de culture exclusivement politicienne et obsédés par les jeux de pouvoirs. Ils n'étaient pas conscients que des réalités économiques et sociales se cachaient derrières et qu'il était important de les traiter.

Les dirigeants politiques, de droite comme de gauche, ont toujours considéré que l'économie était un sujet trop compliqué pour être compris par l'opinion publique. Il a fallu attendre Nicolas Sarkozy en septembre 2008 pour que l'on commence à aborder sérieusement la question.Mais dès que la campagne présidentielle de 2012 a commencé, il est revenu à des clichés ou à une caricature. Maintenant que la gauche est au pouvoir, il y a un retour au principe de réalité, un retour mal accepté par de nombreux électeurs à qui la vérité n'a pas forcément été racontée.

Je pense toutefois que l'opinion publique est désormais plus mature en matière économique qu'on ne le dit. Les livres d'explications et de pédagogie économique se vendent bien.

La France manque t-elle malgré tout encore de "culture économique" par rapport aux autres pays ?

La France fait face à un déficit de culture économique considérable. Ce phénomène peut s'expliquer par la religion majoritaire, la religion catholique, qui n'a jamais eu de penchant particulier pour la chose matérielle mais également par notre système d'éducation nationale qui n'a pas fait son travail.

Les professeurs abordent l'économie en termes de redistribution des richesses et non de production de richesse. Pourtant, avant de vouloir les redistribuer, encore faut-il les produire. Ceux qui osent aborder la création de richesses sont pointés du doigt et stigmatisés.

Autre facteur, la France est un pays très centralisé dans lequel l’État à toujours eu la responsabilité première de la chose économique. N'oublions pas que la moitié du revenu national français est un revenu de redistribution (par le biais des retraites, des revenus d'assistance, des subventions...) et non de production. Mais il ne contribue pas à créer de la richesse.

La France a toujours été très sensible à la logique keynésienne emprunt de cette notion de redistribution. John Maynard Keynes a toujours été le héros des sociaux-démocrates. Mais la crise que nous connaissons aujourd'hui a rendu désuète sa théorie. Il va falloir réhabiliter Joseph Schumpeter qui est l'économiste de la production et de l'innovation, seul facteur de progrès.

L'économie est-elle victime par ailleurs d'un certain nombre d'idées reçues ?

La première idée reçue tient à la capacité de l'Etat à pouvoir tout gérer. De même, si l'on souhaite créer des richesses, il faut que l'on ait intérêt à le faire, c'est à dire qu'il faut que l'intérêt individuel prime sur l'intérêt collectif.

Les chefs d'entreprises sont trop souvent considérés comme des exploitants alors qu'ils sont des créateurs et répartiteurs de richesses. Enfin, une idée très répandue est celle qui voudrait que les plans sociaux fassent augmenter les cours de bourse alors qu'ils sont synonymes d'échecs et de difficultés.

Est-ce pour cela que des termes comme « libéralisme » ou « économie de marché » sont mal perçus ?

Du fait de notre histoire et de notre culture, l'opinion publique française a trois principales inquiétudes :

  • La concurrence et l'économie de marché : une majorité de parents souhaitent que leurs enfants soient fonctionnaires. Pourtant, ils sont des facteurs de progrès.

  • La mondialisation : il y a une peur de la globalisation, ce qui explique en partie le succès des thèses protectionnistes lors de la campagne présidentielle de 2012, à droite comme à gauche. En réalité, la mondialisation est un énorme facteur de progrès. C'est grâce à elle que la Chine et l'Inde sortent de la pauvreté, et que l'Afrique sortira elle aussi de la pauvreté dans les dix prochaines années.

  • L’innovation : nous avons encore trop peur du progrès technique. Cette crainte se manifeste par l'instauration du principe de précaution dans la Constitution. Une aberration lorsque l'on sait que l'humanité a toujours avancé sur les progrès de la science et l'innovation. Si ce principe avait existé, jamais Christophe Colomb n'aurait découvert l'Amérique.

    Propos recueillis par Olivier Harmant

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