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Télévision vs Internet : le match
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Médias

Quelles différences entre les sites web de partage vidéo et les chaînes de télévision ? Martin Rogard, Directeur France de Dailymotion, donne son avis, sans langue de bois.

En quoi le public de Dailymotion est-il différent de celui de la télévision ?

C’est un public un peu plus jeune. En France : 55 % masculin, 45% féminin. 25% de plus de 55 ans, 50 % de plus de 35 ans. Dès que vous devenez un gros site sur Internet, vous touchez à peu près tout le monde. Un peu plus masculin, un peu plus CSP+, un peu plus urbain que la moyenne certes, mais nous restons quand même très généralistes. L’amateur de golf trouvera des contenus de golf, celui qui cherche une vidéo de Katy Perry, la trouvera, etc. Nous sommes donc un média généraliste, de masse, avec une approche qui peut être segmentée.

C’est-à-dire ?

La télévision est un média de masse et dans un média de masse il fait sens de réunir le maximum de public au même moment. Il est donc logique de travailler le « dénominateur commun ». Cette expression n’est pas forcément péjorative, mais, disons qu’à 19h, il est normal de préférer une émission de divertissement plutôt qu’une émission littéraire.

Internet n’a pas cette contrainte puisque son mode de diffusion est capable de s’adapter à chacun de façon différenciée. Chez Dailymotion, ce qui nous intéresse c’est de trouver des contenus vidéo intéressants et de les proposer à nos utilisateurs le plus facilement possible. Le cœur de notre métier ne correspond donc pas à faire une proposition éditoriale : on en a une sur notre page d’accueil, mais il ne s’agit que d’une des facettes de notre métier.

La télévision raisonne beaucoup par rapport au contenu, alors que nous on raisonne surtout par rapport au service, l’ergonomie d’une page, comment accéder aux contenus, quels sont nos moteurs de recommandation. Nos premiers réflexes sont donc des réflexes de produits plus que de contenus, tout simplement parce que le contenu arrive tout seul, par nos partenariats ou par les utilisateurs.

Peut-on imaginer que dans le futur, Dailymotion produise du contenu comme peuvent le faire les chaînes de télévision ?

Non, ce n’est pas vraiment notre objectif. On a quelques participations minoritaires quand vraiment quelque chose nous intéresse et qui ne peut pas se monter sans nous, mais ce n’est pas notre vocation. Nous voulons plutôt organiser le contenu, en permettant à nos partenaires de rencontrer un public le plus large possible. Nous n’avons pas vocation à devenir concurrent de ces partenaires. Il est plus facile pour nous d’être dans la position d’un agrégateur de contenus où des milliers de producteurs se battent pour proposer le contenu le plus pertinent, plutôt que de dépêcher notre propre équipe, de monter les sujets, etc.

En gros, vous laissez aux producteurs le soin de prendre des risques ?

C’est le choix des producteurs. Certains vont le faire pour des questions de revenu, d’autres ont un intérêt promotionnel. Même s’il n’y a pas de visée économique immédiate, ils ont un intérêt à diffuser leur contenu parce que Dailymotion va leur offrir gratuitement l’encodage, le stockage et la diffusion de leur contenu. Ils se servent donc de nous comme une plateforme technique, de promotion, de découverte, etc. Les amateurs, eux, vont se servir de Dailymotion comme une sorte de CV en ligne, pour entrer dans le monde du travail, pour faire découvrir leurs court-métrages, leurs films de fin d’étude, etc. Nous n’avons donc pas besoin de produire nous-mêmes, parce qu’il y a en général, sur une même thématique, suffisamment d’intérêts pour les producteurs.

Et juridiquement, quelles sont vos obligations ? Quel est l’état de vos rapports avec les chaînes de télé sur cette question ?

Le cadre juridique qui s’impose à nous est celui de la loi de confiance de l’économie numérique qui est issue d’une directive européenne de 2001. Celle-ci indique que nous devenons responsables des contenus à partir du moment où ils nous sont signalés. Donc, à la base, nous sommes hébergeur de vidéos, mais pas responsables de celles-ci. A partir du moment où une vidéo nous est signalée, nous étudions si on la retire, ou si on la laisse en ligne. On a de plus en plus de partenaires/producteurs qui signent leurs contenus : c'est-à-dire qu’ils fabriquent une empreinte technique des contenus vidéo qu’ils ont produit et mettent ces contenus dans une base de données (en l’occurrence, pour nous, c’est l’INA qui protège un certain nombre de données). Donc, pour toute vidéo mise en ligne, on va regarder si elle correspond à l’empreinte technique de cette base de données pour régler la question des droits sur la vidéo.

En fait, cette question de droit correspond un peu à un débat de 2007/2008. Je vous avoue qu’aujourd’hui c’est plus vraiment la question : de plus en plus de chaînes de télévision mettent du contenu en ligne qu’eux-mêmes veulent diffuser. La bataille est donc dépassée. Aujourd’hui, notre actualité, c’est plutôt de trouver des partenaires qui produisent du contenu vidéo et qui veulent mettre ses contenus en ligne. Notre rôle consiste à trouver différentes méthodes pour que l’internaute navigue en permanence et puisse trouver de la façon la plus simple possible les contenus qui l’intéressent, soit par la recherche, soit par la recommandation.

A titre personnel, vous regardez encore la télévision ?

Moi je regarde la télévision de rattrapage de Canal +, du sport américain, donc du contenu de niche. Je regarde très peu les chaînes généralistes françaises. Cela ne correspond pas à mon rythme de consommation, et en fait les programmes à plus forte valeur ajoutée sont plutôt ceux de Canal, en terme de primauté de diffusion. En plus, les chaînes généralistes ne proposent pas les versions originales sous-titrées et moi je n’imagine pas regarder une série américaine avec une voix française. Le jour où il y aura ce service-là sur certaines chaînes généralistes peut-être que je les regarderais.

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