Crise de l'euro : malgré la déception des marchés, la balle reste dans le camp de la BCE<!-- --> | Atlantico.fr
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Les marchés seront dans l'incertitude la plus radicale pendant un mois. Le mois d'août n'ira pas dans la bonne direction.
Les marchés seront dans l'incertitude la plus radicale pendant un mois. Le mois d'août n'ira pas dans la bonne direction.
©Reuters

Alerte au feu

Mario Draghi a annoncé jeudi des mesures qui ont fortement déçu les investisseurs après les propos qu'il avait tenu une semaine plus tôt lorsqu'il déclarait qu'il fera "tout ce qu'il faut" pour sauver la zone euo. Une douche froide pour les marchés qui ont chuté. Quelles conséquences ? Quelles solutions restent t-ils pour la zone euro ?

Mathieu  Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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A lire sur ce même sujet : La BCE déçoit les marchés, les bourses s'enfoncent dans la zone rouge

Atlantico : Les mesures annoncées par Mario Draghi ont fait chuter les marchés jeudi. Quelles peuvent être les conséquences de la déception causée par ces annonces ?

Mathieu Mucherie : A très court terme, le mois d'août sera très mauvais pour les marchés. Il n'y aura aucune réunion de la BCE ou de la Fed. Les chiffres sur l'emploi américain sont attendus cet après midi. Mais il n'y aura plus de publication macroéconomique majeure pendant les trois semaines à venir.

Que va t-il se passer début septembre ? Le MES va t-il bien succéder au FESF (les deux fonds de sauvetage venant en aide aux pays en difficulté) ? Quelle sera la nouvelle position de la BCE ? La Fed, la banque centrale américaine va t-elle faire un geste avant les élections ? Les marchés seront dans l'incertitude la plus radicale pendant un mois. Le mois d'août n'ira pas dans la bonne direction.

Quelles solutions restent envisageables pour éviter un renforcement de la crise ?

Trois principaux scénarios dominent :

  • Une réactivation du programme SMP qui consiste à racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire, c'est à dire de la dette déjà émise par les Etats. Mais il s'agirait d'achat au compte goûte, sans que la BCE ne communique vraiment dessus. Cette possibilité n'a d'ailleurs pas été écartée par Draghi. Cela pourrait calmer les marchés et durer quelques mois. C'est la solution la plus probable.
  • Un scénario beaucoup plus musclé consisterait à un alignement de la BCE sur la Fed. Cela consisterait à s'engager à acheter des quantités importantes de dettes jusqu'à ce qu'il y ait un résultat sensible sur les taux auxquels s'endettent les pays. Le simple fait d'annoncer une telle mesure peut avoir des prophéties auto-réalisatrices.
  • Enfin, la banque centrale pourrait choisir d'annuler une partie de la dette qu'elle détient. La dette ne fait alors plus l'objet d'un versement de taux d'intérêt de la part des Etats. Mais jamais une telle mesure n'a été prise , ni par la BCE, ni par la Fed, ni par aucune banque centrale depuis le début de la crise. Il s'agit clairement de ce que l'on appelle « la planche à billet » au sens le plus strict.

Mario Draghi a t-il mis de nouveau les chefs d'Etats et de gouvernements face à leurs responsabilités ?

La balle est de nouveau dans le camp de la BCE. Cela fait deux ans et demi que la crise des pays du Sud de l'Europe dure. La Banque centrale européenne est clairement responsable puisque si nous prenons le cas des Etats-Unis, certains Etats, comme la Californie, sont eux aussi en difficulté. Pourtant, il n'y a pas eu de défaut de paiement.

Le discours de la BCE consiste à dire que la balle est dans le camp des gouvernements. Un discours légèrement modifié la semaine dernière puisque Draghi laissait entendre que son institution serait en première ligne. Pour la première fois, il avait fait le lien entre les canaux de transmission de sa politique monétaire (comme le crédit par exemple) et la crise périphérique de la zone euro.

Ce jeudi, il a fait volte-face en annonçant qu'il ne fallait pas s'attendre à des mesures de sa part avant qu'un pays, comme l'Espagne ou l'Italie, ne fasse préalablement une demande auprès du FESF (NDLR : Fonds européen de stabilité financière, le fonds venant en aide aux pays en difficulté sous certaines conditions,). Il a donc remis le FESF et le MES (le Mécanisme européen de stabilité, le fonds qui succédera au MES) et « budgétarise » de nouveau la crise alors qu'il avait envoyé des signaux de monétisation de la dette il y a une semaine. Mais pour les marchés, la balle est encore du côté de la BCE.

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