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Loin des caméras, le Tadjikistan virerait-il à la guerre civile ?
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Morts camouflés

Les autorités du pays semblent se débarrasser des opposants les plus gênants dans la région du Pamir.

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon est juriste consultant auprès de la Banque africaine pour le développement, de la banque mondiale et de l'Union européenne.

Il est l'auteur de L'Afrique des nouvelles convoitises (Ellipses / septembre 2011).

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Le Tadjikistan va-t-il très prochainement connaître une guerre civile ? Cette question mérite assurément d’être posée à la suite des évènements tragiques intervenus récemment dans la région du Pamir. Le président Tadjik, Imomali Rakhmon avait en effet appelé à une offensive contre les forces de l'homme fort de l'opposition Tolib Ayombekov après les violents combats du 24 juillet dernier dans cette partie du pays.

Dans ce contexte, le gouvernement Rakhmon soutient fermement que les hommes de M. Ayombekov ont été impliqués dans l'agression mortelle du chef de la sécurité régionale du Pamir.

Il y aurait au moins 42 morts dont 12 soldats et 30 rebelles dans les combats dans les régions reculées de Gorno-Badakhshan ou du Pamir, a indiqué la télévision d'État. Mais certaines informations non confirmées parlent d'un niveau beaucoup plus élevé de victimes...

La capitale provinciale de Khorog, selon la BBC, ressemble maintenant à une ville assiégée. Les communications dans la province du Haut-Badakhchan ont désormais été coupées.

Les habitants de Khorog sont retranchés dans leurs maisons en raison des combats dans les rues, où des véhicules blindés ont été vus. Plusieurs dizaines de personnes auraient été déclarées blessés.

Ainsi, hôpital de la capitale Douchambé, situé à deux jours de voiture, ne désemplit pas. Et la BBC toujours évoquerait plutôt 200 morts qui auraient succombé ce 24 juillet dernier.

La décision d'interrompre l'offensive a été prise afin d'éviter de nouvelles effusions de sang, après que les commandants sur le terrain rebelle ont promis de faire des concessions, semble indiquer une source proche des autorités présidentielles, sans pour autant préciser quelles concessions avaient été promises.

Les forces de sécurité ont exigé le transfert de quatre rebelles, y compris de M. Ayombekov, pour leur rôle présumé dans l'assassinat du chef de la sécurité régionale Abdullo Nazarov.

Sherali Khairulloyev, le ministre de la Défense du Tadjikistan s'est rendu dans la région pour des entretiens avec les combattants rebelles et a offert une amnistie à l’ensemble des combattants

Dans cette perspective, le président, fait valoir aux habitants du Pamir que le cessez-le-feu serait indéterminé pour assurer notamment l'évacuation des blessés et des morts dont les corps sont en décomposition dans les rues

Pour mémoire on indiquera volontiers que les relations entre le gouvernement central à Douchambé et la région montagneuse du Badakhshan – plus connue sous le nom de Pamir - ont toujours été difficiles.

De fait, cette région isolée et pauvre a été très largement soutenue l'opposition islamistes pendant les cinq ans de guerre civile au Tadjikistan entre 1992 et 1997. Par ailleurs, on soulignera que la région limitrophe de l'Afghanistan, la province de Badakhshan est assurément une frontière poreuse où le trafic de drogue est un problème majeur. Ainsi, les responsables du gouvernement tadjik ont coutume d’affirmer que les commandants de l'ancienne opposition sont fortement impliqués dans la contrebande de stupéfiants.

Mais le trafic de drogue n'est pas seulement imputable à la seule région du Pamir. Il est répandu dans tout le pays et certains observateurs estiment que sans le soutien de hauts fonctionnaires, personne n'oserait s'impliquer dans cette activité.

Pour autant la dernière offensive menée contre l’opposant historique Tolib Ayombekov s’explique moins par le souhait d’éradiquer ce fameux trafic de drogue que par la volonté du Gouvernement de reprendre le contrôle total sur une région plus que troublée.

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