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Lutte contre le terrorisme : comment les Etats-Unis déploient leurs forces spéciales en Afrique
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Obama vs. Al-Qaïda

Face à Al-Qaïda au Maghreb islamique ou d'autres mouvements, les Américains déploient leurs services de renseignement sur le continent Africain. Une stratégie clé de la lutte antiterroriste menée par l'administration Obama pour assurer la sécurité des Etats-Unis.

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon est juriste consultant auprès de la Banque africaine pour le développement, de la banque mondiale et de l'Union européenne.

Il est l'auteur de L'Afrique des nouvelles convoitises (Ellipses / septembre 2011).

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Afin de lutter contre des mouvements en Afrique tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Boko Haram au Nigeria, les Al shebab en Somalie, l'Armée de résistance du seigneur de guerre Joseph Kony en Ouganda et autres organisations fondamentalistes, les Américains n’hésitent plus à déployer leurs services de renseignement à travers l’ensemble du Continent pour lutter contre le terrorisme.

De fait, selon le Washington Post, l'armée de l’Oncle Sam utilise une douzaine de bases militaires d'où décollent des avions de surveillance « privés », équipés de détecteurs à infrarouge, de caméras...

Cette activité souligne de facto l'engagement en Afrique des forces spéciales américaines qui, sous l'administration Obama, jouent un rôle clef dans la stratégie de sécurité nationale américaine.

Quid des opérations de commandos ? Elles vont ainsi de la détection et de la surveillance jusqu'aux assassinats ciblés de personnes suspectées de se livrer à des activités terroristes et à des enlèvements. Ces opérations dont la principale base de départ est située à Ouagadougou (Burkina Faso) se sont intensifiées depuis le coup d'Etat au Mali, qui a permis l'instauration au nord d'une entité séparatiste sous contrôle d'Aqmi.

Dans ce contexte, conscients de la virulence de la menace terroriste et des risques d’une contagion rapide à tout le Sahel, les pays voisins du Mali penchent pour une prompte intervention contre les groupes jihadistes et l’envoi d’une force de 3.300 hommes sous l’égide de la CEDEAO, pour libérer le nord malien des mains d’Aqmi.

Pour les dirigeants de la CEDAO, il s’agit d’organiser une action pour enrayer la menace d’Ansar Dine, du MUJAO et des autres groupes terroristes. Si la France a assuré la CEDEAO de son soutien, les Etats-Unis, par contre, sont plus réticents à une intervention directe contre les groupes armés islamistes dans le nord du Mali.

De fait, Washington, estime pour sa part que les islamistes disposent d’importants armements repris à l’armée régulière malienne lors de leur offensive de mars 2012. De plus, les armes sophistiquées rapportées des arsenaux de Kadhafi lors de la guerre libyenne, font des groupes d’Ansar Dine et d’Aqmi de redoutables adversaires.

Dans ces conditions, souligne Washington, il serait hasardeux pour les 3 300 hommes de la CEDEAO de s’attaquer de front à des groupes aussi bien retranchés. Johnnie Carson, le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé des questions africaines avait du reste plaidé pour que la force africaine de la CEDEAO n’ait pas un rôle offensif, mais plus tôt défensif.

Pour les Etats-Unis il s’agit bien de parvenir à la stabilisation de la partie Sud du Mali en aidant les autorités de Bamako à s’organiser contre une éventuelle offensive d’Aqmi et des autres groupes armés. Mais en attendant que la communauté internationale parvienne à un accord, le nord du Mali continue de s’enfoncer dans le chaos et le risque constant de somalisation. Les Etats-Unis n’en demandent pas plus pour envoyer leurs forces spéciales.

Somalie : espoir de paix ?

Vingt et un ans après la chute de Siad Barre, la capitale de la Somalie semble sortir des années noires. C’est en tout cas le sentiment d’Alexander Rondos, le représentant spécial de l’Union européenne dans la Corne de l’Afrique. Il en a témoigné récemment devant la presse à Bruxelles et, surtout, devant la Chambre des Lords à Londres, le 21 juin 2012. « La Somalie est un lieu très étrange, avec une économie sans Etat », assure-t-il.

Mais aujourd’hui « Mogasdiscio est animé. Pour quiconque connait la Somalie et l’Afrique de l’est, je peux dire que les couleurs sont de retour, les marchés sont ouverts. C’est magnifique. » Et le représentant spécial poursuit : « Le test intéressant a été pour moi quand les businessman somaliens ont décidé de remettre des vitres devant leur boutiques à Mogadiscio. Alors je me suis dis : soit ces gars sont complètement fous, soit ils connaissent quelque chose que nous ne connaissons pas. »

C’est un fait établi aujourd’hui. Les Somaliens font revenir leur argent. Les avions sont pleins. Ils reviennent. Ils apportent de l’argent qu’ils essaient d’investir.Selon Dahabshiil, la plus importante firme de transfert d'argent de Somalie, les flux financiers ont augmenté de 20 % depuis le début de l'année. Les loyers sont en forte hausse et les courtiers en or, surtout des femmes, sont revenus sur le marché de Hamar Weyne.

Mais il y a plus, l'aéroport de Mogadiscio, reconstruit grâce à l'aide de la Turquie, accueille désormais 3 vols internationaux par jour, au lieu de 2 par semaine il y a dix mois. Les maisons sont en train d’être reconstruites. On manque même de travailleurs à Garowe et au Puntland. Car ils sont tous venus à Mogasdiscio à cause de la demande pour le travail, les maisons

Seul hic pour les occidentaux : « Nous devons toujours nous déplacer avec un gilet pare-balles dans un véhicule personnel blindé. J’espère que, bien, tôt, je pourrais faire comme tout le monde », précise Alexander Rondos, d’un ton presque badin.

Ce succès n'aurait pas été tout à fait possible sans le rôle, discret mais certain, joué par les conseillers militaires des sociétés américaines telles que PEA Lockheed Martins, Northrop ou Bancroft Global Development. Soit, plus de 150 professionnels qui entraînent et encadrent le contingent de l'Union africaine. Souvent issus des corps d'élite (Légion étrangère, commandos marines, forces spéciales), ils viennent des quatre coins du monde: Afrique du Sud, Europe de l'Ouest comme de l'Est, du Japon et bien sûr de la France.

Quid de leur mission ? Former l'Amisom (African union Mission in Somalia) au combat en localité et à la lutte contre les IED (engins explosifs improvisés). Ces derniers ont été très largement expérimentés en Irak et en Afghanistan, ces machines infernales, commandées à distance, peu coûteuses et très létales, capables de perforer les blindages, ont déjà causé de lourdes pertes à l'Amisom.

Pour autant, « il ne s’agit en aucun cas de former des terroristes, mais plutôt de suivre scrupuleusement les prescriptions des Nations Unies en la matière » confie un ex militaire.

Pour l’heure, la Somalie tente de construire des institutions politiques, ce qui passe notamment par l’adoption d’une nouvelle Constitution et bien sûr par la fin de la période de transition annoncée pour le 20 août 2012. La situation est toujours fragile mais la mobilisation internationale semble jouer en sa faveur.

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