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Espagne : entre plan de sauvetage et solidarité européenne, l'heure de vérité approche...
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L'été sera chaud !

L'Espagne a annoncé vendredi des prévisions économiques très sombres. Poursuite et amplification de la récession en 2013, accroissement du chômage... Sans oublier la panique des marchés et une grogne sociale sans précédent. Mais que fait l'Europe ?

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez est professeur à l’Université de Lyon 2. Elle est spécialiste en économie de l’Espagne.

Elies Furio Blasco est professeur à l’Université de Lyon 3 et anime le projet Dimension économique de l’Espagnol, dont l’objectif est l’analyse stratégique des entreprises espagnoles internationalisées.

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La solvabilité économique d’une famille s’évalue en fonction de ses revenus et de ses dépenses. C’est à peu près pareil pour les États. Le rapport dette / PIB mesure la solvabilité d’un État.

Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, mais également celui de son prédecesseur Rodríguez Zapatero, a pris des mesures d’ajustement pour réduire les dépenses et pour augmenter les recettes. Ces mesures auraient dû permettre de réduire le déficit public et ensuite la dette, autrement dit, réduire le numérateur pour améliorer le rapport dette / PIB. Pour le dénominateur, le gouvernement espagnol a misé sur les réformes économiques sans s’apercevoir des effets dévastateurs sur la croissance.

Mais les politiques d’ajustement n’ont pas réussi à diminuer les besoins de financement de l’Etat espagnol. Au contraire, les marchés se montrent toujours affolés. Ni le plan de sauvetage des banques, ni les mesures d’austérité des régions n’ont produit des résultats. Pour les banques, l’Espagne a fait appel à l’aide européenne et pour les régions, Madrid a créé le Fonds régional de liquidité (FLA).

Les politiques d'austérité comme celle menée en Espagne mettent en péril la reprise économique. L’austérité s’avérait nécessaire après les 15 années folles de croissance et de dépenses. Mais telle qu’elle a été exécutée, elle a étranglé les possibilités de croissance économique. La hausse de la TVA déprime une consommation déjà en berne en même temps qu’elle provoque des faillites. Les commerces ont commencé sérieusement à fermer leurs portes et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Actuellement, l’économie espagnole marche sur un terrain miné. Le ratio dette / PIB en Espagne est tout sauf rassurant. Tandis que la dette augmente, le PIB diminue… sombres perspectives pour la croissance. Trois régions ont frappée à la porte du FLA. La Catalogne, région la plus riche d'Espagne (18,7% du PIB national), emboîte le pas à la région de Valence (9,7% du PIB) et Murcie (2,6%). Le taux d'emprunt à dix ans ne cesse de battre des records. Le 25 juillet en début de séance, il s’affichait à 7,6 %. Un niveau dangereux qui se rapproche des 8 % à partir duquel la Grèce et le Portugal ont dû appeler au secours le FMI, la BCE et la Commission européenne.

La dette publique négociable se compose d'instruments dont la maturité varie fortement, de 3 mois pour certains types (Letras del Tesoro), jusqu'à 30 ans (Obligations). Entre 2005 et 2012, on observe une augmentation des émissions à 3 et 5 ans et une réduction de celle supérieure à 10 ans. En 2012 et 2013 l’État espagnol devra faire face à de très lourdes échéances. Elles devront être accompagnées de nouvelles émissions...

Dette de l'Espagne. Echéances (mai 2012- 2040)

(Cliquez sur le graphique pour l'agrandir)

Le 24 et 25 juillet, le ministre de l'Economie De Guindos a rendu visite à ses homologues à Francfort et à Paris, la zone euro a manifesté sa volonté de venir en aide de l’Espagne et Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a plaidé en faveur de l'octroi d'une licence bancaire au Mécanisme européen de stabilité (MES) pour soutenir les États en difficulté sans avoir à solliciter les États les plus solides. Reste à savoir si l'effet de cette intense activité qui a servi pour relâcher légèrement la pression sera momentané ou si tout le monde, y compris Rajoy, est préparé au pire. Tous les scénarios sont possibles. Il faudra également considérer lesquels sont plus les avantageux pour l’Allemagne et la France, principaux créanciers de l’Espagne et de l’Italie.

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