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JO : de l'euphorie après le choix de Londres, aux doutes des Britanniques sur l'intérêt d'organiser les Jeux
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Gueule de bois ?

21 juillet 2005 : la capitale britannique est officiellement désignée par le CIO pour organiser les Jeux Olympiques de 2012. Mais une fois cette annonce passée, Londres a été rapidement rattrapée par le principe de réalité.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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L'année 2012 restera une année exceptionnelle pour le Royaume-Uni qui a célébré les soixante ans de règne d'Elizabeth II du 2 au 5 juin, et qui va accueillir entre le 27 juillet et le 10 septembre, les Jeux olympiques et paralympiques.

C’est la troisième fois de son histoire que Londres accueille les JO. Deux ans après l’éruption du Vésuve en 1906, les organisateurs avaient été contraints de transférer les Jeux de Rome à Londres. La capitale britannique a donc eu l’honneur d’accueillir les athlètes olympiques en 1908. En 1948, les Jeux Olympiques se sont à nouveau déroulés à Londres, en période de grande austérité : le Royaume-Uni était alors frappé par des restrictions d’essence et de nourriture, et le pays était bloqué par des grèves.

Un demi-siècle plus tard, en juillet 2005, Londres a appris qu’elle avait été sélectionnée pour la troisième fois comme capitale olympique. Une nouvelle dont s'était fortement réjoui le Premier ministre David Cameron.

La crise économique et financière qui allait toucher le monde entier en octobre 2008 était encore loin. Depuis six ans, la capitale britannique se prépare activement à recevoir les athlètes du monde entier. La construction du parc olympique a permis de développer le quartier de Stratford, dans l’est de Londres, et de construire des infrastructures réutilisées ultérieurement. Des architectes du monde entier ont contribué à la construction du parc olympique agrémenté de magnifiques jardins.

Comme l’a déclaré David Cameron, « les Jeux olympiques sont la meilleure publicité pour notre pays ». Les Britanniques peuvent se réjouir que le budget des JO de 2012 ne s’élève qu’à 9,3 milliards de livres, dont 2 milliards de livres pour l’événement à court terme et 7 milliards de livres d’infrastructures à long terme. Les Jeux ont aussi été subventionnés par un certain nombre de grandes multinationales déjà connues du grand public : Coca Cola, Adidas, Visa, Panasonic, McDonald’s, Samsung, Omega et Procter and Gamble, British Petroleum, British Airways et British Telecom, ainsi qu’EDF. L’homme d’affaires indien Lakshmi Mittal a même offert l’orbite d’Arcellor Mittal conçue par Anish Kapoor.

La flamme olympique a traversé le Royaume-Uni en dix semaines et 13 millions de personnes ont pu l’admirer avant qu’elle n’arrive à Londres où elle a été accueillie par le Prince de Galles et la Duchesse de Cornouaille. Cette odyssée de la flamme olympique a permis à tous les Britanniques de sentir le lien qui les unissaient et de célébrer la beauté du paysage britannique. La veille du début des Jeux, le jeudi 26 juillet, 80 000 spectateurs ont assisté à un concert en l’honneur de la Flamme olympique dans Hyde Park.

Les Jeux olympiques sont aussi une vitrine pour le Royaume-Uni. Ils constituent un atout pour le commerce, pour l’économie et pour le tourisme britannique. Selon David Cameron, ces Jeux devraient générer 13 milliards de livres dans les années à venir. Ils ont déjà créé des emplois à Londres et le chômage est en baisse au Royaume-Uni au mois de juillet où le nombre de demandeurs d’emploi est tombé à 8,1%. Ils ont permis d’améliorer les transports et les logements dans l’est de Londres. A l’issue des Jeux, le parc olympique sera transformé en un nouveau quartier qui permettra de créer 10 000 nouveaux logements, de développer des écoles, des bibliothèques, des boutiques, des cafés, un hôtel, des restaurants, une gare et des espaces verts. Les Britanniques peuvent se réjouir d’assister à la régénération d’un quartier démuni de la capitale.

Le champion olympique Lord Coe a joué un rôle essentiel dans la préparation des Jeux en tant que directeur de Locog. Un grand épisode de l’histoire britannique s’est ouvert le 27 juillet avec une cérémonie d’ouverture spectaculaire et une réception au Palais de Buckingham pour les chefs d’Etat de la planète venus représenter leur pays et encourager leurs athlètes. La cérémonie d’ouverture des XXVIIème Jeux olympiques, préparée par le metteur en scène Danny Boyle, est une célébration de l’identité britannique et de l’histoire de la Grande-Bretagne. La Reine a présidé la cérémonie en présence de la Première dame des Etats-Unis, Michelle Obama et du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Le Royaume-Uni peut-être fier d’un tel spectacle émouvant et saisissant qui marquera des générations de Britanniques.

L’annonce de la victoire de Londres en 2005 a été un moment historique mais en six ans, l’euphorie des Britanniques a faibli et le taux d’approbation des Britanniques a également baissé face à la crise économique et au ralentissement de la croissance. La récession a suscité des doutes chez les Britanniques qui ont connu une baisse de leur pouvoir d’achat. Les JO ont parfois conduit à un désastre financier, comme à Montréal en 1976 ou plus récemment à Athènes en 2004. Les Jeux olympiques de Londres seront-elle la manne qu’annonce le Premier ministre David Cameron ?

Les contribuables britanniques devront payer pour assurer la sécurité durant toute la période des Jeux. Environ 40 000 hommes dont 18 000 militaires assureront le bon ordre et la protection des personnalités. Les Londoniens devront également subir les embouteillages dans les rues et les queues dans le métro et faire face à l’arrivée de 17 000 athlètes, de 110 chefs d’Etat, de 40 000 journalistes et de plus d’un million de touristes venus du monde entier pour assister à cet événement sportif exceptionnel.

Par ailleurs, certains Britanniques craignent qu’un attentat terroriste ne vienne perturber ces Jeux comme l’attentat mémorable du 7 juillet 2005 au lendemain de l’annonce de la victoire de Londres. Depuis le 11 septembre 2001, le Royaume-Uni mène une politique active de lutte contre le terrorisme et vit dans la hantise d’une attaque terroriste.

En outre, le nombre de touristes n’est pas aussi important que prévu et les Jeux ont peut-être eu un effet dissuasif sur certains touristes qui ont coutume de se rendre à Londres pendant l’été.

Comment se souviendra-t-on de ces Jeux olympiques de 2012 ? Il est encore trop tôt pour le dire. Ces Jeux vont inspirer les jeunes Britanniques et les inciter à faire du sport. Ils vont aussi permettre de réformer l’enseignement du sport à l’école.

David Cameron tente d’utiliser les Jeux  pour sortir le Royaume-Uni de la récession économique en organisant un grand colloque sur l’investissement à Lancaster House pendant toute la durée des Jeux, du jeudi 26 juillet au 10 septembre. La directrice générale du FMI Christine Lagarde a assisté à l’ouverture de ce grand sommet du monde des affaires jeudi 26 juillet, en présence du Premier Ministre britannique, de son Ministre des Finances George Osborne et du Maire de Londres Boris Johnson. David Cameron veut inciter les 200 chefs d’entreprise venus assister à ce grand événement sportif à investir à Londres. Le PDG de Google, Eric Schmidt, le PDG de Glaxo SmithKline, Andrew Witty, et le Président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, assisteront à ce séminaire gouvernemental visant à développer la croissance économique.

Enfin, le Premier ministre a insisté sur la mission diplomatique de ces Jeux. En effet, une centaine de présidents, de princes, rois et reines se rendront à Londres à un moment ou à un autre des Jeux. David Cameron espère ainsi améliorer les relations bilatérales et donner une image spectaculaire et séduisante de Londres.

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